Risque de dépression des seniors : comment les éviter ?

Maladie universelle, la dépression concerne tous les âges de la vie. Personne n'est à l'abri, pas plus les nourrissons, les adolescents ou les quadras stressés que les seniors et les grands vieillards. Le cap des 50 ans s'accompagne parfois d'un bilan personnel d'une crise qui fragilise et peut faire soudain basculer dans un état dépressif.

Femme Agee Triste Couchee

Une maladie très ancienne

On connaît des exemples de réactions dépressives à travers toute l'histoire de l'humanité. Les Grecs étudiaient la mélancolie, qu'ils représentaient de façon imagée par la bile noire. Shakespeare en donne une vision à travers le personnage d'Hamlet, qui doutait du sens de sa vie et de Dieu. Au XIXe siècle, celui du spleen baudelairien, les premiers psychiatres essaient de comprendre et de décrire la maladie. Ils distinguent les raisons intérieures (endogènes) et les raisons extérieures (exogènes), dues aux traumatismes de la vie.

Avec Freud, les explications s'affinent : le deuil devient une dépression naturelle et passagère, et la mélancolie est décrite comme son versant pathologique.

Ce n'est qu'avec l'arrivée des premiers médicaments antidépresseurs, dans les années 1 960, que des explications neurobiologiques vont compléter les hypothèses psychologiques.

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Des causes multiples

On imagine toujours qu'il y a une origine claire, une cause unique à la maladie dépressive. Ce n'est pas le cas. Il s'agit plutôt d'un faisceau de raisons, qui mélange des traumatismes récents et d'autres très anciens auxquels s'ajoute un dérèglement neurobiologique.

L'avancée en âge, des ennuis de santé, la fin de la vie active... peuvent favoriser un terrain dépressif. En outre, certains malades souffrent de dépressions chroniques sans qu'un événement particulier ait enclenché les troubles.

Les symptômes

Les symptômes de la dépression sont multiples. On observe

  • une tristesse généralisée ;
  • une fatigue physique et psychique ;
  • une absence d'énergie, un refus d'agir ;
  • des idées noires, des envies morbides ;
  • une perte de désirs ;
  • des troubles du sommeil, de l'alimentation, de la sexualité ;
  • un manque d'appétit pour la vie ;
  • un repli sur soi, une tendance à se réfugier dans sa chambre, dans le noir une culpabilité et un sentiment d'inutilité.

La présence de plusieurs de ces symptômes est assez alarmante et nécessite une prise en charge médicale urgente. Cependant, le dépressif refuse souvent la main qu’on lui tend et il faut parfois l'obliger à faire le premier pas vers un soin.

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La dépression des seniors

Chez les seniors, habitués à surmonter les épreuves de la vie sans aide extérieure, la dépression est moins évidente. Les symptômes sont plus discrets et souvent masqués par une alerte physique : problèmes dermatologiques, migraines, mal de dos...

Après une investigation médicale du corps, on constate qu'il n'y a pas de véritable maladie physiologique. Il reste à explorer l'environnement général de l'individu, à s'interroger sur le contexte dans lequel sont apparues les douleurs. Se révèlent alors des stress plus ou moins flagrants, mais surtout des pertes douloureuses, un divorce, un déménagement... Le médecin de famille, qui connaît l'histoire de ses patients, peut faire le diagnostic.

Une résistance aux traitements. Cependant, bien que la dépression soit diagnostiquée, les seniors refusent souvent tout traitement. Certains prétendent qu'ils craignent de s'habituer aux drogues.

Un refus d'accepter une défaillance. En fait, durant toute leur vie, ils ont inconsciemment construit un équilibre, veillé à colmater les failles, et ils ne supportent pas que leur maîtrise intérieure soit menacée.

Un facteur déclenchant parfois banals. Malgré cette solidité affichée, un jour, ils craquent. C'est ainsi que, après une perte qui pourrait paraître banale (la mort d'un animal de compagnie), certains seniors s'effondrent. Ils sont convaincus qu’ils ne valent plus rien, ils se sentent fragiles et coupables. Leur estime de soi s'est brisée. Ils réfléchissent à toutes les erreurs du passé, se reprochent ce qu'ils n'ont pas fait à temps et ressassent les pertes qui les ont touchés. Ils sont perdus et n'osent pas l'avouer.

La toile de fond du vieillissement. La dépression s'inscrit alors dans l'idée dépréciative du vieillissement. L'optimisme a disparu, il ne reste que les aspects morbides, les catastrophes. Des signes évidents apparaissent quand les malades pleurent à la moindre émotion ou s'énervent sans raison. Pour les proches, la vie devient pénible.

Les remèdes

Le traitement médicamenteux est utile et rapide. Souvent, un essai thérapeutique avec un antidépresseur suffit à modifier l'humeur. Comme tous les psychotropes, les antidépresseurs sont nombreux et varient selon le type de dépression et la sévérité des troubles. Au niveau cérébral, ils agissent tous sur la régulation d'enzymes et de neurotransmetteurs. La maladie dépressive dérègle les circuits, les antidépresseurs rétablissent l'équilibre. Cependant, ils doivent être adaptés car chaque malade réagit à sa façon.

Il ne faut pas s'affoler s'il n'y a pas d'amélioration dès les premiers jours de traitement. Il faut 3 semaines pour que l'efficacité se fasse sentir. Et ce n'est pas encore le moment d'arrêter le traitement : au moins 6 mois sont nécessaires pour en apprécier tous les effets. Contrairement à une idée reçue, le sevrage (progressif) sera plus aisé que pour certains médicaments contre les troubles du sommeil.

L'entourage

Rappelons que personne n'est coupable ! La maladie dépressive fait circuler des flots de culpabilité, renvoyant en écho des reproches mutuels qui donnent un tour dramatique à la situation. Les proches du dépressif, conjoint ou enfants, ont un rôle essentiel sans lequel le malade ne pourrait guérir facilement.

  • Veiller sur le malade. Ils surveillent les effets du traitement et son observance. Ils peuvent alerter le médecin. Ils ne doivent pas bousculer le malade et doivent
  • Faire preuve de patience. Accepter les symptômes, qui ne sont que les effets de la maladie.
  • Exploiter le moindre signe de désir. Ils connaissent bien le malade et peuvent déceler les sursauts de désir dans son comportement. Ils savent ainsi exploiter ce qui est encore vif en lui.
  • Faire preuve d'optimisme. Ils croient en la guérison et le répètent avec conviction au malade désabusé.

La dépression n'est pas une maladie contagieuse. Toutefois, vivre avec un malade peut enfermer l'entourage dans une spirale morbide. C'est pour cette raison qu'il est absolument nécessaire de se faire aider, de souffler soi-même, de ne pas tout assumer.

La psychothérapie

Au-delà de l'aide médicamenteuse et du soutien de l'entourage, le malade a besoin de connaître les causes profondes de son état. Quatre conditions doivent être réunies si l'on veut soigner une dépression :

  • une bonne prescription de psychotrope ,
  • un entourage attentif et positif
  • un travail en profondeur du malade sur lui-même en psychothérapie ;
  • et enfin son adhésion.

Les médicaments ont un effet rapide, mais le psychothérapeute accompagne le malade dans la recherche des origines enfouies de la maladie, Ce travail prend du temps, la guérison n'est pas immédiate.

Mettre au jour les racines du mal. Les entretiens de soutien psychothérapique constituent un des maillons essentiels du soin. Le dépressif a besoin d'explorer son histoire pour y découvrir des liens cachés avec son état. Habituellement, un ou deux événements causals sont évoqués, mais les motifs sont souvent beaucoup plus complexes. Une perte ou un traumatisme (deuil, licenciement, déménagement etc…) en réveillent toujours d'autres. En creusant, on finit par lever le voile sur des souffrances qui datent de la petite enfance.

Le thérapeute aide le malade à parler de son histoire et le conduit sur le chemin de la compréhension en veillant à ne pas trop le heurter, car il est extrêmement fragilisé. Celui-ci peut ensuite surmonter son désespoir et dépasser sa colère, il peut accepter ses erreurs et celles de son entourage. Pacifié, il respire à nouveau, retrouve son estime de soi et sa confiance en l'avenir. Il peut alors envisager de nouveaux projets.

Une guérison progressive. Cette évolution est rarement fulgurante. Le parcours est émaillé de changements modestes et de quelques rechutes. Avec le temps, tout s'arrange. Le soutien psychothérapique s'espace et la personne s'épanouit à nouveau.

Après une dépression bien soignée, la vie semble différente et les projets reprennent des couleurs. La psychothérapie donne cet éclairage qui permet de se connaître en profondeur et de pouvoir écarter les comportements qui mettent en danger. Après la guérison, c'est une force supplémentaire.

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