Arthrose : Idées fausses et vraies réponses

Beaucoup d'idées reçues circulent sur cette affection rhumatologique très complexe qui touche, en France, près de 10 millions de personnes ! On vous aide à distinguer le vrai du faux sur l'arthrose.

Portrait d’un homme âgé âgé ayant mal à la main
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L’arthrose, qu’est ce que c’est ?

Douleur lancinante - et omniprésente - à la hanche, raideur du corps au réveil, déformation des doigts, mal au cou, à l'épaule ou aux genoux ? Vous souffrez peut- être d'arthrose, une maladie qui porte atteinte au bon fonctionnement des articulations. En fait, cette affection est tellement fréquente (un Français sur six est concerné) qu'elle figure en deuxième position parmi les causes d'invalidité, juste après les maladies cardiovasculaires. Un véritable problème de santé publique.

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C'est une question d'âge

VRAI et FAUX. On a longtemps pensé que l'arthrose était une maladie du grand âge. Or, il n'en est rien. En effet, on sait aujourd'hui qu'arthrose et vieillissement ne sont pas forcément synonymes : l'arthrose touche également des jeunes et des adultes en pleine force de l'âge.

L'âge n'est qu'un des facteurs concourant au déclenchement et à l'évolution de la maladie qui s'installe souvent subrepticement vers 40 ans.

Une malformation congénitale, un problème articulaire dans l'enfance (une épiphysite de croissance, par exemple), des microtraumatismes répétés dans la pratique d'un sport ou au travail (les agriculteurs et ceux qui manient le marteau piqueur le savent bien), un choc traumatique au niveau articulaire, un excès de poids, un trouble de la statique mais aussi des antécédents familiaux plusieurs gènes ont d'ores et déjà été identifiés) sont, au même titre que le vieillissement, des facteurs propices à développer une arthrose.

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C'est une maladie des articulations

VRAI. Une articulation réunit deux extrémités osseuses recouvertes d'un cartilage qui facilite le glissement et amortit les chocs. Ce cartilage est un tissu vivant qui se régénère très lentement mais en permanence. L'arthrose est une usure biochimique anormale du cartilage qui se détruit plus vite qu'il ne se reconstruit. Cette dégradation réduit la mobilité de l'articulation et peut entraîner un développement anarchique du tissu osseux sous-jacent (becs-de-perroquet).

C'est un rhumatisme

VRAI. Sous le terme de rhumatismes, sont regroupées toutes les maladies des articulations. Là encore, contrairement à ce que l'on pense trop souvent, rhumatismes et vieillesse ne sont pas forcément liés. En effet, les rhumatismes peuvent frapper à tout âge. L'arthrose est un rhumatisme dégénératif non inflammatoire, extrêmement fréquent.

Ça fait souffrir

VRAI et FAUX. La douleur d'origine arthrosique est calmée par le repos et augmentée par l'effort, le repos étant souvent suivi d une période de mise en route.

Les multiples mécanismes de déclenchement et d'aggravation de cette maladie insidieuse font qu'il n'y a pas une mais plusieurs arthroses. Curieusement, certaines ne font jamais souffrir, même à un stade avancé, d'autres évoluent très longtemps en silence avant de se manifester. Parfois, elles évoluent par crises douloureuses suivies de périodes d'accalmie pendant des années.

Elles peuvent également (c'est heureusement plus rare) devenir rapidement chroniques et handicapantes (certaines arthroses de la hanche détruisent totalement l'articulation en quelques mois seulement).

La douleur vient de l'usure du cartilage

FAUX. Le cartilage est un tissu organique qui ne contient pas de récepteurs de la douleur (vaisseaux ou nerfs). Ce qui fait mal, c'est l'os qui est en dessous, les muscles, les tendons, les ligaments (car ils sont vascularisés et innervés) et l'inflammation de la synoviale.

Les femmes sont plus touchées

FAUX. L'arthrose frappe sans discernement les femmes, les hommes (elle commence d'ailleurs à faire parler d'elle un peu plus tôt chez les hommes) et même les animaux.

Ça se voit à la radio

Douleurs articulaires, arthrite et problèmes de tendon. un homme touchant nee au point de douleur
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VRAI et FAUX. La radiographie de l'articulation douloureuse permet en effet de constater une diminution de l'espace articulaire qui traduit l'usure du cartilage. La présence de becs-de-perroquet signe la réaction de l'os à l'absence de cartilage. Mais il n'y a souvent pas de parallélisme entre ce que l'on voit à la radio et la douleur. Ainsi, une petite arthrose quasiment invisible peut être très douloureuse et une énorme arthrose radiologique, parfaitement indolore.

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Impossible de "prévenir" la douleur

FAUX. L'arthrose n'est plus une fatalité. Aujourd'hui, on connaît mieux les mécanismes de la maladie. Même si elle évolue de façon différente d'une personne à l'autre, la prévention est le tout premier traitement de la douleur.

Elle consiste à supprimer les facteurs de risque et à réduire les contraintes subies par les articulations arthrosiques tout en maintenant la fonction

  • Pour les articulations cervicales lombaires ou de la hanche des séances de rééducation douce chez un kinésithérapeute vont, par exemple, renforcer les muscles qui soutiennent l'articulation et dont l'atrophie est la cause d'instabilité et source de douleurs. Ensuite, 5 à 10 minutes d'exercices simples chaque jour permettront de maintenir une bonne position articulaire. La pratique régulière de la natation sur le dos, la bicyclette sur terrain plat ou le vélo d'appartement améliorent la tonicité musculaire et concourent à lutter contre la raideur articulaire.
  • Pour le genou (en dehors des épisodes douloureux), une marche douce avec de bonnes chaussures (éventuellement avec une canne à la main du côté opposé), une demi-heure par jour, trois fois par semaine, constitue un moyen efficace de prévention.

Ainsi, lorsque vous avez une prédisposition familiale ou des facteurs de risque (surpoids, traumatisme, troubles de la statique, activité à risque, etc.), parlez-en à votre médecin ou au rhumatologue. Il veillera à corriger, si possible, ce ou ces facteurs déclenchants (mesures orthopédiques, perte de poids, activité physique adaptée...).

Le sport est déconseillé

FAUX. A arthrose égale, une personne en bonne condition physique, qui marche régulièrement et s'entretient, souffre moins que celle qui reste assise toute la journée dans son fauteuil.

Le choix d'un sport est toutefois à évaluer avec le médecin ou le rhumatologue. Il doit en effet être adapté en fonction de l'âge, de la ou des articulations atteintes et de la gravité de l'arthrose.

Certains médicaments font repousser le cartilage

FAUX. Actuellement, aucun médicament n'a encore fait la preuve, "chez l'être humain", qu'il était capable de faire repousser le cartilage. Les effets théoriques constatés en laboratoire sont extrêmement difficiles à prouver en clinique.

Seuls les médicaments agissent sur la douleur

FAUX. Pour éviter de prendre trop d'anti-inflammatoires dont on connaît bien les effets secondaires (estomac, rein...), il existe des traitements d'appoint pour lutter contre la douleur.

Un traitement orthopédique (port de semelles, lombostat, genouillère, orthèse de contention adaptée, etc.), des séances chez le kinésithérapeute (bien sûr en dehors des poussées), des anti-inflammatoires par voie percutanée (application locale de compresses bio-adhésives) ont une action bénéfique non négligeable sur la douleur.

La crénothérapie (cure thermale) aux vertus antalgiques et myorelaxantes et la physiothérapie (champs magnétiques pulsés, ondes courtes, ultrasons) permettent également de moins souffrir sans se "bourrer" de médicaments. Il existe plus de cinquante stations spécialisées dans la prise en charge des rhumatismes.

On peut remplacer l'articulation

VRAI. La chirurgie a transformé l'évolution de l'arthrose de la hanche et du genou. Différentes interventions peuvent être proposées. Dans ce domaine, la chirurgie orthopédique a fait également d'énormes progrès.

Quelquefois, la pose d'une prothèse ne s'impose pas d'emblée. Ainsi, une intervention permet de réaxer les os de façon à ce que l'articulation malade souffre moins à chaque mouvement. Cette technique est surtout pratiquée en cas d'arthrose du genou.

Mais lorsque le handicap est trop sévère, la mise en place d'une prothèse est indispensable. Il s'agit alors de remplacer l'articulation malade par une articulation artificielle.

La chirurgie est donc uniquement réservée aux arthroses sévères qui restent invalidantes malgré un traitement médical bien conduit. Si aujourd'hui l'arthrose ne se guérit pas encore, les traitements médicaux ainsi que la chirurgie permettent déjà de soulager efficacement et durablement les personnes qui en souffrent.

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On ne peut rien faire contre la douleur

FAUX. Après un diagnostic précis qui prend en compte les facteurs déclenchants ou aggravants, la mise en route "précoce" d'un traitement personnalisé permet de mener une vie normale.

Lors d'une poussée d'arthrose, l'articulation douloureuse doit être mise au repos.

Pour calmer la douleur :

  • Les antalgiques (type aspirine ou paracétamol) sont utilisés en première intention. Ils sont habituellement bien tolérés, même pris à long terme. Certains de ces antalgiques sont associés à de la codéine. Ce qui augmente l'effet contre la douleur (médicaments délivrés sur ordonnance).
  • Quand ceux-ci sont insuffisamment efficaces ou lors d'une poussée, des anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être prescrits (sauf contre-indication). Pour éviter ou limiter leurs effets secondaires, chez des personnes ayant des antécédents digestifs, des protecteurs gastriques sont souvent associés.
  • Lors d'une poussée, quand l'articulation est facile à atteindre (genou, épaule...), les infiltrations de corticoïdes calment la douleur et réduisent la congestion synoviale. Utilisées raisonnablement (pas plus de 3 injections avec un délai de 2 à 4 semaines entre chaque injection), elles doivent être effectuées dans des conditions d'hygiène rigoureuse et par un médecin bien entraîné. Leur mécanisme d'action repose sur l'inhibition des enzymes responsables de l'inflammation de la synoviale.
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