Tout savoir sur la chimiothérapie

Préconisé dans beaucoup de cancers, ce traitement est aujourd’hui bien connu tout en étant très redouté. Comment se vit-il en réalité et qu’en espérer ?

Qu'est ce que la chimiothérapie ?

C ‘est l’utilisation de produits chimiques pour traiter un certain nombre de pathologies.

Dans les années 70, elle était plutôt adjuvante et pratiquée après un acte chirurgical. Par la suite, on observa que le cancer n’est pas, dans la plupart des cas, une maladie locale. Des micro métastases (invisibles lors du diagnostic) peuvent en effet migrer vers d’autres organes.

Seul un traitement général peut s’attaquer à ces métastases et, de fait prévenir l’extension du mal ou ses récidives. La chimiothérapie répond à un tel objectif.

De plus, quand elle est mise en œuvre avant une intervention, elle tend à réduire l’importance d’une tumeur et permet ainsi des chirurgies moins mutilantes.

Au cours de ce demi-siècle, la chimiothérapie a fait des progrès majeurs en termes d’efficacité et de tolérance.

Quel est l’intérêt de la chimiothérapie?

Celui d’opposer à une maladie générale, ou à haut risque de le devenir, un traitement général et non pas seulement locorégional.

Comment cela se passe-t-il ?

Dans la majorité des cas, la chimiothérapie s’administre par perfusions intraveineuses de plusieurs produits associés. La chimiothérapie “totale” par voie orale est encore en évaluation.

Elle devrait être accessible dans les dix prochaines années en traitement complémentaire.

Comment se fait le choix des produits injectés ?

Ce choix résulte d’une longue démarche des médecins soignants. Il est fonction de l’âge du malade, de ses antécédents, des caractéristiques de la tumeur, de l’existence ou non de ganglions.. Pour chacun des produits il faut ensuite déterminer:

  • Quelle dose va permettre d’obtenir un effet thérapeutique avec une toxicité tolérable ?
  • Quel est le champ d’efficacité de ces produits, leur complémentarité ?
  • Le traitement est-il immuable pour un même malade?

Il n’y a pas de traitement type. Il peut en permanence être remanié. D’où l’utilité d’un bilan complet après la première chimiothérapie (état général, retentissement sur les grandes fonctions, nécessité ou non de mise en place d’un cathéter...).

Quels sont les produits les plus utilisés?

Outre les produits anciens toujours utilisés (thiotépa, vinorelbine...), de nouvelles molécules ont désormais leur place dans les protocoles de chimiothérapie.

  • Les « taxanes » : médicaments dérivés de l’if, aux effets prometteurs, sont efficaces dans certaines localisations tumorales (ovaires, sein) avec une toxicité acceptable.
  • Les « dérivés de la camptotécine » (provenant de l’arbre chinois dit “arbre de joie) : tels l’irinotécan et le topotécan souvent prescrits en association avec les taxanes, notamment pour des métastases au niveau du côlon ou du rectum.

Pendant combien de temps ?

Un cycle de chimiothérapie peut durer de 15 minutes à 5 ou 6 jours. Lui succède une phase de surveillance des globules (numération globulaire 1 à 2 fois par semaine).

Le traitement, en fonction des cas, dure de six mois (6 à 12 séances) à plusieurs années.

Et la chimiothérapie intensive?

Après avoir maîtrisé bon nombre d’effets secondaires, on a démontré que l’intensité de la thérapeutique était un facteur déterminant de l’efficacité.

La chimiothérapie intensive (doses de produit très fortes) augmente les chances de guérison dans un certain nombre de cancers. Mais cette technique détruit les cellules sanguines de la moelle osseuse.

Pour éviter de faire courir un risque mortel au patient, on fait (après un cycle normal de traitement) un prélèvement sanguin de cellules souches.

Ces cellules (permettant à la moelle de se reconstituer rapidement), sont ensuite congelées. Elles seront réinjectées au malade, aussitôt après la chimiothérapie intensive.

Où fait-on sa chimiothérapie?

  • A l’hôpital, en cas de traitement lourd ou si l’état général est déficient.
  • En hôpital de jour (traitement ambulatoire), quand le malade est autonome, qu’il n’est pas trop éloigné de l’hôpital et peut facilement rentrer chez lui.
  • A domicile : Pour un traitement d’intensité et de complexité moyennes, en cas de symptômes multiples et perte d’autonomie. Une équipe d’infirmières spécialisées et le médecin traitant prennent alors en charge l’administration et la surveillance du traitement.
Il est aujourd’hui possible d’avoir une chimiothérapie à domicile. L’appareil qui va réguler l’administration de médicaments est d’abord réglé au laboratoire. L’ajustement de cet appareil peut se faire au lit du malade. Le malade peut sortir de l’hôpital relié à l’appareil (en bandoulière) qui lui délivre le traitement adapté. D’autres alternatives à l’hôpital peuvent être proposées aux patients.

Quels sont les effets secondaires ?

Peut-on les maîtriser? Quel qu’il soit, un médicament est toujours un poison auquel l’organisme réagit en essayant de le rejeter. C’est ce qui induit des effets secondaires tels que :

Les nausées et vomissements. On sait aujourd’hui les prévenir et les traiter avec des substances associées (setrons-corticoïdes). Ajoutées dans la perfusion, elles sont efficaces dans 95 % des cas et sont sans effet néfaste.

Altérations et ulcérations des veines superficielles sont maintenant évitées par la pose d’un cathéter dans les veines centrales. La circulation du sang y est rapide, ce qui réduit la durée de contact entre les produits et la paroi veineuse.

La constipation fréquente doit être traitée par des laxatifs avec des vinca-alcalotdes.

Les syndromes dépressifs doivent, quand ils existent, être pris en charge par un spécialiste. Toutefois, l’entourage doit comprendre les inquiétudes du malade et l’aider en créant un climat de confiance et de dialogue.

Contre le dessèchement de la peau, prévoir des produits d’hydratation de qualité.

La chute des cheveux (alopécie), qui peut apparaître vers le vingtième jour, est prévenue (quand la chimiothérapie n’est pas très agressive), par une réfrigération du cuir chevelu. Un casque glacé mis sur la tête pendant la perfusion diminue la quantité de sang circulant à la base des cheveux et donc la quantité de médicament qui s’y trouve.

Ce n’est pas très confortable, mais pas douloureux.

Les complications infectieuses, dépistées par des prises de sang régulières, sont traitées par antibiotiques.

Que peut-on attendre du corps médical dans ce domaine ?

Une humanisation plus importante des Services de cancérologie. L’équipe médicale ne doit pas oublier que derrière la maladie il y a un malade. Cela implique une écoute attentive et une prise en charge globale qui va au-delà de la gestion d’un organe malade.

Peut-on vivre normalement sous chimiothérapie ?

Globalement, la chimiothérapie est de plus en plus compatible avec une vie normale.

En début de traitement, le cancérologue remet au patient un petit carnet (avec des numéros, de téléphone d’urgence). Une page d’auto-évaluation lui permet de noter ses impressions et réactions.

Les situations à éviter : Aller au cinéma, dans les grands magasins.., tous endroits où il y a un risque de contamination infectieuse (bactérienne ou virale).

Les médicaments : Attention à l’aspirine ! C’est un anticoagulant qui pourrait avoir de fâcheuses répercussions. Il faut savoir que la chimiothérapie fait baisser les plaquettes du sang (éléments intervenant dans les phénomènes de coagulation).

Et le sport ? Si le maintien d’une activité physique adaptée est nécessaire, mieux vaut éviter les sports violents ; la notion d’effort important n’est pas compatible avec le traitement.

Peut-on encore travailler ? La poursuite d’une activité professionnelle est souvent salutaire. Elle est néanmoins conditionnée aux possibilités physiques, intellectuelles et morales du patient. Dans tous les cas, pour se soustraire à l’univers de la maladie, il faut garder ou renouer des contacts avec l’extérieur.

2 réactions à Tout savoir sur la chimiothérapie

  • suite a une baisse de globules qui annule une seance de chimio est que la maladie progresse ou stagne
    merci pour votre reponse

  • Bonjour,

    La chimiothérapie vieillit donc le visage ? Est il possible de passer à une apparence de jeune à plus âgée ? (environ 10 ans de plus).

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