Décès : quels lieux pour le corps ?

Si la veillée et l'adieu au visage sont des étapes incontournables pour le bon déroulement des obsèques, le cadre dans lequel elles s'inscrivent peut être très varié. En effet, au moment du décès se pose la question du lieu où le corps reposera en attendant la cérémonie funéraire.

Cercueil Chambre Funeraire

Jusqu'au milieu du XXe siècle, les décès intervenaient presque toujours au domicile. C'est là que se vivaient les veillées, durant lesquelles le voisinage défilait dans la chambre du défunt. Le développement de la médecine moderne et des grands centres hospitaliers urbains ont déplacé les lieux de décès vers le milieu médical, sous toutes ses formes. Il en résulte plus de sécurité pour la personne malade mais, à sa mort, un sentiment plus grand d'anonymat pour ceux qui l'entouraient.

Les lieux de décès et leurs implications

Globalement, ce sont plus de 70 % des décès qui surviennent en milieu médicalisé. Les familles doivent alors décider du cadre le plus adapté à ce qu'elles vivent pour la première étape des obsèques.

En cas de décès à l'hôpital, ce dernier est équipé de ce que l'on appelle une chambre mortuaire. Le personnel qui y travaille habille les corps et en assure la conservation dans des cases réfrigérées. Lorsque la famille et les proches du défunt se présentent, le corps est exposé dans une pièce où l'on peut se recueillir. C'est là qu'a lieu, le jour des obsèques, le temps de l'adieu au visage, avant la fermeture du cercueil.

On constate depuis quelques années un véritable effort d'accueil et de service de la part de ces chambres mortuaires hospitalières. L'un des enjeux pour elle est de parvenir à mieux s'intégrer dans un univers hospitalier, dont la vocation est de prolonger toujours davantage la durée de la vie et non d'accueillir la mort.

Les chambres mortuaires hospitalières : caractéristiques et enjeux

Le grand mérite des services mortuaires hospitaliers, outre le dévouement du personnel qui y travaille, réside dans leur gratuité totale.

Dans le cas d'un établissement de soins ne disposant pas d'un équipement de conservation des corps(1), les familles doivent, dans un délai de moins de 10 heures après le décès, prendre une décision quant à son lieu de dépôt.

(1)Un établissement de soins n est tenu de disposer d'une chambre mortuaire que s'il enregistre en moyenne plus de 200 décès par an. Il en résulte qu'un grand nombre d'établissements, n'étant pas tenus à cette obligation, n'ont d'autres dispositifs que de mettre une forte pression sur les familles pour qu’elles fassent rapidement transférer le corps du défunt, qui plus est à leurs frais.

Les alternatives aux chambres mortuaires : domicile et chambres funéraires privées

Cette décision, vécue dans l'urgence, n'est pas chose facile. Deux lieux sont alors envisageables : le retour au domicile ou le transfert dans une chambre funéraire privée.

Le domicile est donc bien toujours un lieu possible de conservation du corps d'un défunt avant ses obsèques. On a tellement peu recours à cette solution qu'on en vient parfois à ignorer qu'elle existe. À partir d'un établissement de soins, on dispose de vingt-quatre heures après le décès pour procéder à ce transfert. Ce délai est porté à 48 heures si l'on procède des soins de conservation (voir page 41). En cas de fin de vie à la maison, ce qui se développe avec l'hospitalisation à domicile, le corps peut y rester sans difficulté, à condition de prendre les mesures d'hygiène qui s'imposent.

La chambre funéraire privée est sans doute, avec la multiplication des crématoriums, l'une des principales innovations de ces quarante dernières années. Le concept d'un lieu privé pour conserver les corps des défunts est d'inspiration nord-américaine. Il correspond au modèle du funeral home, sorte de maison des morts gérée par une famille d'entrepreneurs de pompes funèbres qui, la plupart du temps, habitent au-dessus des salons funéraires. Aux États-Unis, ces établissements sont le lieu exclusif des obsèques. Tout s'y déroule, dans une atmosphère feutrée et souvent luxueuse.

La version française du funeral home américain est assez différente, car de facture plus modeste et d'implantation moins centrale. Aux États-Unis, il s'agit souvent d'une des plus belles maisons dans un quartier résidentiel, tandis que la maison funéraire ou athanée à la française est généralement un établissement modeste, situé à la périphérie des communes.

Les spécificités des chambres funéraires privées

Disposant généralement de plusieurs salons où les familles peuvent revoir leur défunt, les maisons funéraires proposent les mêmes services que les chambres mortuaires des hôpitaux, mais à titre onéreux. Ces établissements se sont fortement développés au cours des dernières années en France au point qu'on en dénombre actuellement près de 2 000 répartis sur l'ensemble du territoire.

Les funérariums français et leur impact sur la perception de la mort

Peut-on dire que ces établissements contribuent à ramener la mort au cœur de la vie sociale ? Pour la plupart d'entre eux, la réponse est négative. Prenons l'exemple de Paris dont le funérarium des Batignolles est une grande réussite tant humaine qu'architecturale. Lors de sa construction, il y a plus de dix ans, le seul terrain proposé par la ville fut une parcelle située à l'aplomb du périphérique. Ainsi, à longueur de temps, des milliers d'automobilistes roulent sans le savoir au-dessus des défunts.

Ailleurs, il n'est pas rare de trouver de tels établissements dans des zones dites d'activités, au milieu des grandes surfaces et autres entrepôts. On assiste donc plutôt, avec les funérariums français, à l'accentuation du phénomène de concentration des réalités de la mort en marge de la vie sociale.

À lire aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. - * Champs obligatoires

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.