Mal à l’estomac : est-ce un ulcère ou pas ?

Votre estomac vous envoie des signes de détresse. Le résultat d'erreurs alimentaires, d'un excès de stress… Et si c'était un ulcère ? Chaque année, six millions de Français consultent pour des douleurs gastriques. Avec, à l'origine, des causes très diverses...

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Chaque année, six millions de personnes souffrent de l'estomac, au point de consulter, crainte d 'un ulcère, voire un cancer.

En réalité, le responsable de ces maux pénibles n'est pas toujours un ulcère de l'estomac. De plus, il y a ulcère et ulcère ! L'un touche l'estomac, l'autre le duodénum, un organe situé sous le pylore séparant l'estomac de l'intestin.

Des douleurs différentes

Faire le diagnostic d'un ulcère est important car on dispose aujourd'hui de traitements capables de guérir définitivement le malade dans la majorité des cas.

Si les symptômes (crampes, brûlures, remontées acides, lourdeurs d'estomac, ballonnements) évoquent tous un problème digestif, aucun ne "signe" à coup sûr un ulcère. Toutefois, il y a un indice relativement fiable si vos douleurs apparaissent 2 Ou 3 heures après un repas, c'est bien l'estomac le responsable, contrairement aux douleurs provoquées par la vésicule biliaire qui, elles, ne sont pas rythmées aussi clairement par les repas.

Autre indice si vous ressentez des crampes au niveau de l'estomac qui ressemblent une faim douloureuse, pouvant aussi survenir la nuit, et qui sont calmées par le fait de manger, ne serait-ce qu'un biscuit ou une biscotte, il y a un grand risque que vous ayez un ulcère.

En revanche, si vous ressentez une brûlure au niveau de l'estomac, avec sensation de remontées acides, notamment lorsque vous vous penchez en avant ou que vous vous couchez, ce sont plutôt les signes d'un reflux de liquide gastrique dans votre œsophage.

Mais on peut aussi avoir les deux. Si ces douleurs deviennent fréquentes, n'hésitez pas à consulter un médecin. Lui dire "j'ai mal à l'estomac" ne suffit pas. Décrivez précisément vos symptômes.

On croit souvent qu'un ulcère de l'estomac ou du duodénum peut se manifester par des saignements, ce qui fait "vomir du sang". C'est vrai, mais le saignement est une des complications de l'ulcère qui ne survient que dans 10 à 20 % des cas lorsqu'il est négligé. Cependant, une hémorragie ou une perforation peuvent révéler l'ulcère dans certains cas

Bon à savoir : lorsqu'un ulcère siège au niveau du duodénum, il ne risque pas de dégénérer en cancer, Ce qui n'est pas le cas d'un ulcère gastrique mal soigné.

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Dans 70 % des cas, c'est une bactérie

S'il suspecte un ulcère, le médecin prescrira une endoscopie ou fibroscopie, seul moyen de "voir" l'ulcère et de savoir où il se situe. En cas de localisation à l'estomac, cet examen permet aussi de pratiquer une biopsie (prélèvement), très utile pour le choix du traitement.

La fibroscopie peut aussi parfois révéler la présence de polypes ou d'un Cancer de l'estomac, beaucoup plus rares qu'un ulcère.

Précisons que ce n'est pas un examen douloureux, mais inconfortable. Lorsque les manœuvres sont bien expliquées au patient, il est bien supporté, même sans anesthésie. Mais une prémédication est proposée aux plus anxieux.

L'anesthésie générale reste exceptionnelle, compte tenu du risque, même minime, qu'elle entraine Quand l'ulcère a été mis en évidence, il faut ensuite en rechercher la cause. Il en existe deux catégories :

  • Les plus fréquents sont liés à une infection par une bactérie, hélicobacter priori, dont la découverte, en 1983, a permis, cinq ans plus tard, de révolutionner le traitement de l'ulcère de l'estomac, grâce à des antibiotiques. On sait aujourd'hui que cette bactérie est responsable de l'apparition de 70 % des ulcères gastriques et de 90 % de ceux du duodénum.
  • D'autres ulcères sont provoqués par l'absorption de certains médicaments, et notamment des anti-inflammatoires, très agressifs pour la paroi de l'estomac, quelle que soit la durée du traitement. Aujourd'hui, les ulcères les plus fréquents sont donc traités avec des antibiotiques. Mais l'éradication de cette bactérie n'est pas simple car celle-ci occupe une "niche" écologique elle se cache la surface de la muqueuse gastrique et dans les couches profondes du mucus.

Un seul antibiotique ne suffit pas

Les agents antibactériens doivent aller la "dénicher" là où elle se développe. Et comme les autres bactéries, hélicobacfer pylori leur résiste !

Résultat : un seul antibiotique ne suffit plus. Le traitement recommandé consiste aujourd'hui en une trithérapie, associant un médicament antisécrétoire et deux antibiotiques : l’amoxicilline (Amoxil®), la clarithromycine (Biaxin®).

Les antisecrétoires (inhibiteurs de la pompe protons - IPP - ou Ranitidine) sont prescrits à forte dose pour élever le pH de l'estomac, ce qui augmente l'efficacité des antibiotiques.

Comme pour toute antibiothérapie, il est absolument essentiel de respecter les doses prescrites et la durée du traitement Cette trithérapie doit Obligatoirement être suivie pendant sept jours, Il suffit de prendre ensuite un antisecrétoire, à la dose normale, pendant 3 semaines pour terminer la cicatrisation de l'ulcère,

À signaler : certains effets secondaires mineurs (goût métallique dans la bouche, diarrhée) qui ne doivent pas décourager le malade.

S'il arrête son traitement en cours, c'est comme s'il n'avait rien fait, bactérie va se développer et l'ulcère récidiver.

Toutefois, même lorsque le traitement est suivi, il ne réussit pas à éradiquer la bactérie à 100%. En France, le taux de réussite s'élève de 65-75%. C'est beaucoup moins que les 85 à 90 % annoncés par les premières études. Est-ce parce que la bactérie fait de la résistance ? Faut-il trouver de nouveaux antibiotiques… ? Les spécialistes s'interrogent encore en 2020 !

Ce qui est certain, c'est que la trithérapie, même si elle n'est pas parfaite, rend la chirurgie de plus en plus rare. Elle est devenue exceptionnelle, et ne s'impose qu'en cas d'hémorragie, de perforations ou de récidives après traitement.

Pour limiter les récidives

  • Attention à la prise d'anti-inflammatoires, occasionnelle.
  • Évitez de boire des jus de fruits à jeun.
  • Prenez le temps de manger et de mâcher.
  • Mangez plus léger et plus souvent.
  • Évitez les aliments gras, plus longs à digérer, les épices (poivre, moutarde, cornichons), remplacez le vinaigre par quelques gouttes de citron.
  • Limitez le chocolat, trop riche en matière grasse et en théobromine,
  • Évitez de fumer.
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