Fibrome : Une alternative à la chirurgie ?

Il existe une nouvelle voie par "embolisation" pour détruire un fibrome utérin - mais non dénuée de risque.

Peut-on échapper à la chirurgie lorsqu'on souffre d'un fibrome hémorragique ou volumineux ? C'est ce que laisse penser une technique, l'embolisation, expérimentée depuis une quinzaine d'années.

Son principe : obstruer les vaisseaux du fibrome pour en venir à bout tout en préservant l'utérus. Si cette intervention semble prometteuse, les experts réunis par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) pensent qu'elle est encore insuffisamment évaluée et ne doit pas être réalisée en dehors d'essais contrôlés.

On court-circuite le réseau vasculaire

C'est un traitement définitif qui interrompt la circulation du fibrome - comme un coupe-circuit - enrayant ainsi l'apport en oxygène.

Cela provoque, à terme, la destruction du fibrome, altéré de la même façon que le myocarde (muscle cardiaque) après obstruction d'une artère coronaire. On provoque en fait un infarctus du fibrome.

L'embolisation est réalisée par un radiologue. Celui-ci introduit un cathéter, tuyau souple et fin, dans l'artère fémorale, en piquant en haut de la cuisse, et le glisse jusqu'à l'artère utérine. Un produit opaque est injecté dans le cathéter pour dresser une carte des lieux et voir sur un écran où se situe le réseau vasculaire du ou des fibromes. Puis il injecte des particules fines qui vont progressivement boucher les vaisseaux. Cette phase dure une demi-heure à une heure et demie.

L'injection s'arrête quand le réseau vasculaire du fibrome disparaît sur l'écran. Cela signifie que les particules ont fait leur œuvre et que l'occlusion est totale. Le cathéter peut être retiré.

L'intervention est terminée. Elle ne nécessite pas d'anesthésie générale. En moyenne 48 heures d'hospitalisation sont nécessaires pour traiter la douleur. L'embolisation déclenche une ischémie (arrêt de la circulation locale) pouvant être très douloureuse.

Pendant 12 à 18 heures, le traitement antalgique égale en intensité celui que l'on prescrit après une intervention chirurgicale.

Des complications à ne pas nier

Les choses rentrent dans l'ordre, après en moyenne 8 à 10 jours. Le volume du fibrome régresse plus lentement. Il lui faut 3 à 6 mois pour diminuer, sans jamais disparaître totalement. Il y a des complications, rares certes, mais parfois sérieuses. Dans 3 à 5 % des cas, on a observé des complications. La plus fréquente vient de ce que les particules vont là où il ne fallait pas, jusqu'à l'ovaire, provoquant une ménopause induite.

L'embolisation peut, sur les fibromes multiples et volumineux, outrepasser les limites du fibrome. L'utérus risque la nécrose et devra être enlevé, avec les risques opératoires et les conséquences psychologiques que cela implique chez des femmes qui ont un désir de maternité. Alors qu'elles ont eu recours à l'embolisation justement pour éviter l'hystérectomie et préserver leur fertilité.

Enfin, quand le fibrome est trop externe, comme posé sur l'utérus, le risque d'infection intestinale existe et fait contre-indiquer l'embolisation. Au total, l'embolisation guérit les fibromes dans 85 % des cas. Mais on manque cependant de recul. Et il reste à en préciser les indications.

Cela semble une bonne technique pour les fibromes situés au cœur de la paroi utérine et ceux placés dans la partie externe du muscle utérin... à condition qu'ils ne soient pas trop volumineux.

Interne ou externe à l'utérus, c'est la taille et la localisation du fibrome qui déterminent le type de traitement.

Mieux cibler le traitement

Il faut proscrire l'usage de la progestérone pour faire diminuer le volume des fibromes. Contrairement à ce que l'on a dit pendant des décennies, on sait maintenant qu'elle fait grossir les fibromes.

Raison pour laquelle ce traitement n'est justifié que dans certains cas comme des saignements constatent les experts du CNGOF.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. - * Champs obligatoires

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.