Ces couples qui durent : leurs secrets !

Des couples heureux après 25 ans, et plus, de vie commune, oui, il en existe ! Mais comment font-ils pour entretenir la flamme et éviter les écueils de la routine ? Confidences... et recettes du bonheur à deux.

Tout le monde rêve de rencontrer le partenaire idéal. Amoureux, compréhensif, attentionné, fidèle... Dans une société où deux couples sur trois divorcent, on finit par se demander si trouver une telle perle rare reste toujours du domaine du possible. Que l’on se rassure ! Même en l’an 2018, l’amour peut rimer avec toujours. A condition d’y mettre du sien... comme l’expliquent les quatre couples au long cours que nous avons rencontrés.

En amour, rien n'est jamais acquis...

Tous sont d’accord sur un point : on a beau être très amoureux au début de la rencontre, rien n’est jamais acquis.

Et la relation, l’attachement, la sensualité s’entretiennent au fil des jours avec des mots, des attentions et beaucoup de compréhension. De leur côté, les psychologues expliquent que les couples qui durent sont ceux ayant su dépasser la phase idyllique des premiers temps. En effet, au début de la rencontre amoureuse, chacun idéalise l’autre. Puis, la réalité prend le dessus et des failles commencent à apparaître. Bref, chacun prend conscience, plus ou moins vite, que l’être aimé n’est pas parfait. Et c’est à ce moment-là que tout se joue.

L’homme et la femme doivent alors évoluer vers ce que certains psychanalystes appellent “le couple véritable”. Chacun va devoir accepter l’autre tel qu’il est et ne plus ‘projeter” sur lui ses rêves, ses fantasmes.

Pour les spécialistes du couple, la réussite est basée sur la complicité et l’échange. Il faut aller vers l’autre, oser aborder les sujets difficiles de façon à éviter les non-dits et les frustrations qui, à la longue, minent la vie à deux.

Mieux vaut crever l’abcès, en laissant l’autre exprimer ses arguments, son mal-être, plutôt que de laisser pourrir une situation qui, tôt ou tard, risque de devenir explosive. S’il faut être à l’écoute des besoins et désirs de l’autre, il ne faut pas chercher à lui plaire à tout prix, c’est-à-dire à lui renvoyer l’image copie conforme qu’il attend, mais être soi-même. Par peur de ne pas être à la hauteur, ou d’en faire trop ou pas assez... on a tendance à ne pas exprimer ce que l’on ressent.

D’où des malentendus qui s’accumulent parfois.... jusqu’à devenir insupportables.

Cela étant, il n’existe pas de recette universelle. Paul et Hanna, Joëlle et Jean-Pierre, Caroline et Jacques, Constance et Eric... les couples qui se sont confiés et ont su trouver, chacun à leur manière, les moyens de “cultiver” leur amour, de réinventer le quotidien quand celui-ci devenait trop pesant, et sans doute aussi de continuer à faire rêver l’autre.

Témoignages de 4 couples : pour que l'amour dure..

Hanna et Paul, 30 ans de mariage : Leur amour avant les enfants

Tous deux avaient rêvé du grand amour. Quand ils l’ont trouvé, ils l’ont su tout de suite. « Il m’a demandée en mariage au bout de huit jours, on s’est marié six mois après. » Trente ans plus tard, chacun parle de l’autre avec enthousiasme et chaleur.

Mais leur amour n’a pas été un long fleuve tranquille ; il a vraiment fallu y mettre du sien, jour après jour.

« Elle n’aimait pas sa belle-famille et leurs opinions étaient souvent divergentes. Jusque dans les moindres détails. Ce qui lui paraissait important était secondaire à ses yeux. Et inversement. Des pellicules sur le costume? Pas grave ! Mais pourquoi ce mot-ci alors que c’est celui-là qui convient ? Tragique ! Ces dissensions leur ont valu des “régulations” parfois très orageuses.

Mais j’ai accepté les exigences et les critiques d’Hanna, car elles étaient justes, et j’ai toujours besoin d’être en phase avec elle. » « Mon mari est très intelligent, c’est grâce à cela que nous avons pu tant parler. »

Ils étaient d’accord au moins sur une chose: les liens de leur mariage étant indissolubles, ils se devaient donc de trouver des solutions, au fur et à mesure.

« Mon plus mauvais souvenir c’est notre première année de mariage, dit Hanna. Il y avait beaucoup de choses à mettre au point. »

Aujourd’hui encore, ils ont des explications très fréquentes, « seul moyen d’éviter les incompréhensions installées. »

Comme sur l’éducation de leurs trois filles :

«Nous avions des vues totalement opposées, se rappelle Paul. C’est le seul point où j’ai bien vu qu’on n’arriverait pas à aplanir nos différences, et que ce conflit risquait d’être trop grave. Pour calmer le jeu, j’ai préféré renoncer. »

Comme il avait choisi sa femme contre l’avis de sa mère, il a privilégié sa relation avec elle plutôt qu’avec les enfants. Paul et Hanna ont toujours eu de grands moments de bonheur simple, sans avoir à accomplir quelque chose d’exceptionnel. Ils sont bien ensemble, à tout point de vue. «Mais aujourd’hui encore, il ne faut jamais croire que c’est gagné », déclare-t-il, crainte d’Hanna : « Que mon mari ait une grand-mère dans son lit ! Je l’admire d’être amoureux de moi. »

Joëlle et Jean-Pierre, 27 ans de mariage : Humour et concessions

« Ce qui fait qu’un couple dure ? Je voudrais bien le savoir ! » En homme pudique, Jean-Pierre commence par une boutade. Lui et Joëlle sont heureux d’être mariés depuis 27 ans. Ils se sont choisis, et c’était pour la vie. Une évidence.

Lui : « On n’a jamais même imaginé que la qualité pourrait se dégrader. On avait 28 ans, à cet âge-là, on ne fait pas n’importe quoi. Mieux, on fait tout pour que ça marche. Évidemment, si l’un des deux avait aimé plus que l’autre, cet équilibre aurait été impossible à construire, on l’a trouvé, cet équilibre, et on l’entretient constamment. »

« Ce qui fait qu’un couple dure ? Je voudrais bien le savoir ! »

Ce qui frappe très vite chez ces deux-là, c’est l’admiration réciproque qu’ils se portent. Jamais une critique blessante. L’humour, en revanche, n’est jamais loin, « C’est l’arme absolue contre les conflits et les soucis, explique Jean-Pierre, savoir reconnaître les choses qui ne méritent pas de s’y attarder !

On sait qu’on s’aime et que nos dissensions sont mineures. On ne va pas les prendre au sérieux et encore moins les laisser nous envahir !»

Joëlle confirme : « Je me refuse à être négative. Si quelque chose ne va pas, je le prends du bon côté. » « Le fonctionnement d’un couple relève de l’art de la guerre !» atteste Jean-Pierre.

On ne va jamais très loin si l’on attaque de front. On arrive beau coup mieux à ses fins en acceptant les souhaits de l’autre, et en les amenant vers soi. »

Une vraie théorie de la communication... Parfois, cela demande de redéfinir ses priorités. Ainsi, au début de leur mariage, Jean-Pierre adorait les opéras de Wagner et Joëlle pas du tout. «Je me suis dit qu’il n’allait pas m’emmener écouter la Walkyrie tous les étés. Mais comme il avait très envie de partager ce moment avec moi, je me suis raisonnée en prenant la chose du bon côté... et en relativisant mes réticences vis-à-vis de Wagner ! »

Pour compenser ces indispensables compromis, récurrents au quotidien, ils ont accordé une place prépondérante à ce qu’ils aimaient faire ensemble.

Voyager, par exemple.

Alors, tous les ans, et même deux fois par an quand c’est possible, ils partent tous les deux, sans enfant à l’étranger, loin. «Nous avons toujours refusé de faire passer nos enfants avant notre couple », déclare Jean-Pierre. « Ils le supportent d’ailleurs plus ou moins bien », ajoute Joëlle doucement.

Caroline et Jacques, 28 ans de mariage : Une admiration réciproque

J‘avais 18 ans quand je l’ai vu pour la première fois.

Il en avait 21. Il revenait des États-Unis, il était bronzé, sportif, magnifique. IL me paraissait inaccessible. » Le coup de foudre ne fut effectivement pas réciproque mais, cinq ans après, Jacques a ouvert les yeux: «Je me suis rendu compte qu’elle me plaisait profondément », mais il ne s’est jamais dit que c’était pour la vie. Ce serait trop romantique. D’ailleurs, tout n’a pas toujours été rose, et selon son expression, « il y eut des creux et des bosses. »

« Notre chemin a été parsemé de crises, confirme Caroline, mais le temps et le travail sur soi (ndlr: elle a fait une psychanalyse) apportent une meilleure compréhension de L’autre, au fur et à mesure que l’on avance. En fait j’ai réalisé que je plaçais en lui des attentes auxquelles il ne pouvait absolument pas répondre !» De son côté, Jacques se reconnait des erreurs : « Quand les enfants sont arrivés, j’ai été très égoïste. J’ai laissé Caroline s’occuper de tout. Je me consacrais à mon travail et au sport. »

Mais le temps a joué en leur faveur. Pour elle, la reprise d’études dans un domaine où elle s’épanouit désormais professionnellement. Pour lui, quelques prises de conscience: « J’ai compris que la tolérance et la patience n’étaient pas des vertus qui viendraient avec l’âge et que je pouvais y travailler dès maintenant... »

Jacques parle beaucoup de hasard et de chance, car Caroline, dit-il, est son îlot de stabilité et de simplicité. « Nous avons une base d’amour profond, mais aujourd’hui, je la trouve encore plus formidable car, en plus de toutes ses qualités, je vois ma compagne qui progresse dans sa vie. Elle a une quête profonde, une curiosité réelle. Elle est sur une voie ascendante. Un vrai ciment pour moi.»

Constance et Eric, 25 ans de vie commune : construire au jour le jour

Pas facile pour un gestionnaire de parler de ses sentiments. Un peu d’ironie pour commencer: « On reste ensemble quand on sait qu’on ne trouvera pas mieux ailleurs !» Puis Eric fixe les règles de base : « L’essentiel, dès le départ, c’est de ne pas sacrifier sa personnalité au couple. On est un individu, pas une partie du couple. » Celui-ci est d’ailleurs assez atypique. Ils se sont rencontrés quand elle avait 18 ans et lui 21, en pleine ère hippie.

Ils ont commencé par vivre en communauté, et cette expérience de partage et de liberté a coloré toute leur vie. Sur l’entente physique, l’accord est resté parfait. « Même s’il n’y a pas que ça, dit Constance, pour notre génération, impossible de faire l’impasse. » Ils se marient en 1974, après trois ans de vie commune, et décident de continuer à se laisser une frange de liberté.

« Je savais qu’il était sérieux sur le plan affectif, et j’avais confiance en lui. On n’a jamais eu de rapport de force, même si on s’efforçait de se rendre la pareille à chaque aventure... » Et puis un jour: « A l’arrivée du troisième enfant, on a tous les deux senti que, désormais, on formait vraiment une famille ».  C’est à ce moment-là qu’ils se sont juré fidélité.

« Pour le reste, poursuit Eric, on a vécu au jour le jour, sans le moindre projet qu’il s’agisse des enfants — ils en ont quatre! — de nos carrières (elle est professeur de lettres), de l’achat d’une maison... ». A cause du chômage, ils ont vécu en mobilité permanente, ce qui a entraîné des séparations temporaires, le temps pour l’autre de se faire muter ou de trouver un nouveau travail. Mais il y a eu aussi d’autres séparations... A la naissance de sa première fille, Eric n’a pas supporté de voir sa relation privilégiée avec Constance passer au second plan.

Il est parti pendant quelques semaines. Pareil pour la deuxième. Et quand la troisième est née, c’était pour un déplacement professionnel... Constance, toujours positive: «La séparation et le retour obligent à se redéfinir individuellement par rapport au couple. A chaque fois, j’ai été obligée de retrouver mes pensées et mes désirs propres. »

Eric confirme: « Nous avions une passion très forte au départ. Avec le temps, nous sommes devenus complices. J’adore vivre avec Constance». Leur credo: «Ce qui amène de la qualité dans les relations vient de l’exigence que chacun a par rapport à sa vie. Il ne faut jamais s’endormir. »

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