Chirurgie ambulatoire : La France en retard

Pour une cataracte ou des varices, on peut être opéré le matin et rentrer chez soi le soir. Pourquoi cette solution si confortable n'est-elle pas plus répandue ?

Docteur dans l’uniforme professionnel examinant le patient à l’hôpital
© istock

Simone a été admise à 8 h à l'hôpital Cochin (Paris). A midi, elle rentrait chez elle accompagnée par son fils. L’opération de la cataracte avait parfaitement réussi. Le médecin lui demandait simplement de repasser le lendemain pour un contrôle. La chirurgie ambulatoire, qui désigne les interventions ne nécessitant pas l’hospitalisation du malade, se développe incontestablement en France, mais à un rythme très lent.

Aujourd'hui, 20 % seulement des opérations de la cataracte sont réalisées en ambulatoire, alors qu'aux États-Unis la proportion atteint 90 %.

Lenteur des hôpitaux publics

La loi du 31 juillet 1991 a défini le cadre autorisant la création d'unités de chirurgie ambulatoire. Le secteur privé détient à l'heure actuelle 76 % des autorisations. Les hôpitaux publics, en revanche, ont été beaucoup plus lents à réagir. Résultat, la France affiche un retard considérable et se classe dixième sur les treize pays de l'OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique). Le taux de chirurgie ambulatoire sur des opérations courantes (cataracte, varices, canal carpien, amygdales, phimosis, hernies...*) est nettement inférieur à celui des USA, du Canada, du Danemark ou des Pays-Bas.

Pourquoi un tel retard ? Le 12 juin, les sages de l'Académie de médecine ont longuement débattu cette question. Les réticences les plus fortes semblent venir des hôpitaux publics. Pour ouvrir une unité de chirurgie ambulatoire, ils doivent sacrifier un certain nombre de lits d'hospitalisation.

La dotation budgétaire globale qui leur est attribuée chaque année est diminuée d'autant. Un arrêté du 31 mai 2019 tente de corriger ce défaut.

Les patients se posent aussi des questions et se font souvent une idée fausse de la "chirurgie d'un jour". La population cible n'est pas celle des gens pressés, la mère de famille débordée ou le jeune cadre dynamique.

« Ceux-là, il faut les empêcher de travailler, donc les hospitaliser, explique le Dr Gérard Parmentier, vice-président de l'Association française de chirurgie ambulatoire. En revanche, la chirurgie ambulatoire concerne les personnes que l'hospitalisation perturbe, c'est-à-dire les enfants et les personnes âgées. »

Il faut le dire aussi, certains patients s'inquiètent d’être renvoyés dans leur foyer quelques heures après l'intervention. Une certaine appréhension », persiste, selon le Pr Louis Hollender, membre de l'Académie de médecine, qui ajoute : « Cette appréhension est compréhensible aussi long- temps que le concept de la chirurgie ambulatoire, avec toutes les garanties qui l'entourent, ainsi que son suivi à domicile, n’a jamais été expliqué au patient ou du moins n'est pas entré dans les esprits.

Pourtant moins de 5 % des patients opérés en ambulatoire demanderaient à être hospitalisés, si c'était à refaire ! »

Les précautions à prendre

Toute l'organisation d'un service de chirurgie ambulatoire tourne autour du patient, de son confort et de sa sécurité.

On n'opère pas en ambulatoire une personne qui vit seule, trop loin de l’hôpital et qui ne peut être raccompagnée chez elle.

Il faut qu'elle soit surveillée par ses proches et qu'elle puisse être hospitalisée rapidement en cas de problème. En principe, aucun patient ne rentre chez lui sans que le chirurgien liait averti des précautions à prendre (le malade demeure sous sa responsabilité pendant 21 jours).

Il lui indique un numéro de téléphone à appeler en cas d'urgence et fixe les rendez-vous pour les consultations de contrôle. Le médecin traitant doit être averti et assurer le suivi.

La chirurgie ambulatoire n'est pas dangereuse. Un nombre infime de personnes (1 %) est réopéré le même jour ou dans les 48 h. Seulement 1,5 % des malades doivent être transférés en hospitalisation.

Les complications post-opératoires sont particulièrement faibles. Les infections sont moins fréquentes (0,5 % contre 2,2 % pour les malades hospitalisés), de même que les hémorragies (1,7 % contre 4 à 8 %).

D'une manière générale, les personnes opérées en ambulatoire se remettent sur pied plus rapidement. Les congés de maladie sont plus courts.

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