Éviter les risques d’une médecine trop spécialisée

L'hyper-spécialisation de la médecine de l'an 2020 n'est autre que le corollaire obligatoire et incontournable des progrès réalisés depuis 50 ans. Nous sommes insuffisamment conscients de ces progrès car ils ont été continus, réguliers, progressifs, permanents, quasi quotidiennement.

Personnel médical ayant séance du matin en salle de conférence
© istock

Il s'agit de la découverte de médicaments sophistiqués issus de la biologie moléculaire ou du génie génétique. De la mise au point d'outils diagnostiques d'avant garde, avec en particulier le scanner, l'imagerie magnétique...

De la pratique d'interventions chirurgicales, en regard desquelles l'appendicectomie de notre enfance parait issue du Moyen Âge. Tous ces progrès vont de pair avec une spécialisation galopante des acteurs, des opérateurs, et des équipes de soignants. Aujourd'hui, si vous devez être opéré d'une affection osseuse ou articulaire, vous consultez un chirurgien orthopédiste. Mieux encore un chirurgien de la main ou du genou !

Même état des lieux en médecine, où existent des spécialistes de la thyroïde, du diabète, du foie ou encore du tube digestif. Ce recours aux experts" est en outre favorisé en France, contrairement à des pays comme la Grande-Bretagne, par la croissance considérable du nombre des spécialistes.

Un autre encouragement, plus récent, vient des études s'intéressant à la qualité des actes chirurgicaux dans les centres très spécialisés.

C'est dans les services où se pratiquent le plus souvent un soin donné, surtout s'il est très complexe, que la qualité du résultat est la meilleure.

Mais alors ! Le risque n'est-il pas de se diriger vers une sorte d'éclatement, de fragmentation du système de soins où une nuée d'hyper-spécialistes prendront en charge, pendant quelques jours, votre cœur, votre prostate ou votre pied droit. Le tout dans une ambiance un peu kafkaïenne de déshumanisation totale !

Certes, le risque existe... Mais nous ne pensons pas que le recours, quand il est nécessaire, au spécialiste le plus qualifié soit incompatible avec le renforcement de la médecine de soins primaires, que l'on peut encore qualifier de "médecine générale".

Ce n'est pas parce que vous aurez recours aux soins d'un spécialiste du genou, ou à un diabétologue, que vous n'aurez pas besoin, à proximité de votre domicile, d'un praticien attentif à vos besoins qui vous écoute et qui vous soit proche.

En effet ce médecin de famille connait vos problèmes de sang, collecte les observations des spécialistes qui vous ont examiné, est capable de vous conseiller. Les deux médecines restent vraiment complémentaires.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. - * Champs obligatoires

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.