Vieillissement de la rétine : de sérieux progrès

Avec l'âge, une zone de la rétine, la macula, se dégrade. Le point sur les perspectives thérapeutiques.

homme âgé effectuant un examen de la retine
© Istock

En France, la dégénérescence de la macula liée à l'âge (ou DMLA) touche près d'un million et demi de personnes et, avec le vieillissement de la population, ce nombre pourrait doubler d'ici vingt ans. Bien qu'il existe certaines formes juvéniles, c'est vers 50 ans qu'elle apparaît. Elle touche 8 % des plus de soixante ans.

La macula est une région de la rétine, au fond de l'œil, juste en face de la pupille (macula en latin signifie tache). Cette partie de la rétine est la plus importante car elle assure la vision centrale. Elle est riche en cônes : des cellules rétiniennes grâce auxquelles nous pouvons voir les couleurs et les fins détails, reconnaître les visages ou regarder la télé.

On ne connaît pas la cause précise de la maladie. Les facteurs génétiques jouent un rôle important mais ils sont probablement associés à des facteurs environnementaux.

Des images déformées

Un des premiers symptômes est le besoin d'avoir plus de lumière pour la lecture. Méfiance cependant car il n'est pas spécifique de la DMLA. Et c'est surtout une déformation des images qui doit alerter.

Exemple : le poteau télégraphique qui se courbe ou les lignes des mots croisés qui ondulent. Il est alors important de se rendre chez un ophtalmologiste. Dans certains cas, un traitement est possible.

Pour maintenir ses performances, la rétine traite nombre de substances nutritives. Et la DMLA semble bien liée, au départ, à un défaut d'élimination des "déchets". On observe, en effet, au début de la maladie, des taches jaunâtres de dépôts gras à la surface de la macula. Ces déchets, appelés « drusens » vont, en s'accumulant, déclencher des réactions tissulaires anormales qui provoquent l'altération de la rétine.

Dans 85 % des cas, on a affaire à une forme dite "sèche" ou "atrophique" au cours de laquelle les cellules de la macula meurent progressivement. Les autres cas représentent la forme la plus agressive dite « humide » ou « néovasculaire » qu'on peut comparer à des varices au niveau de la rétine. La capacité à la lecture diminue rapidement. Cette forme peut parfois être jugulée à condition d'avoir été diagnostiquée assez tôt. C'est pourquoi l'ophtalmologiste demande une angiographie, examen permettant de voir la rétine dans ses moindres détails.

Il est facile de comprendre que les cellules visuelles de la macula dégénérant, c'est la vision centrale qui peu à peu s'estompe et disparaît. Reste un trou noir en plein milieu du champ de vision. A terme, le sujet ne peut plus lire ni écrire.

Cependant il ne devient pas vraiment aveugle puisque la dégénérescence maculaire n'affecte pas la vision périphérique ou "de côté". Une rééducation permet d'apprendre à utiliser au mieux cette vision résiduelle pour conserver un maximum d'autonomie.

Et la greffe de cellules ?

La thérapie génique pour les formes héréditaires ou la greffe de cellules rétiniennes, déjà tentées chez le rat, restent des espoirs mais à plus ou moins long terme. Pour la forme "atrophique", on ne dispose aujourd'hui d'aucun traitement efficace.

Pour la forme "néovasculaire", on peut parfois arrêter la progression de la maladie en stoppant la prolifération des vaisseaux, notamment par photo-coagulation au laser ou ablation chirurgicale, mais il est impératif d'entreprendre le traitement tôt. D'où l'importance d'un diagnostic précoce.

Selon certains ophtalmologistes américains, des suppléments en minéraux, particulièrement le zinc, qui se trouve en quantité dans l'œil, et le sélénium, ainsi que des vitamines antioxydantes, bêtacarotène, vitamines C et E, permettraient de stabiliser la forme "atrophique". Ce n'est pas prouvé scientifiquement mais une étude est en cours au National Eye Institut. D'autres travaux semblent montrer que les traitements hormonaux substitutifs de la ménopause joueraient chez les femmes un rôle protecteur contre des formes sévères de DMLA. A suivre...

Un médicament à l'étude

Le Diltiazem, de la famille des inhibiteurs calciques, utilisé pour traiter l'angine de poitrine, pourrait retarder grandement certaines dégénérescences héréditaires de la rétine, comme la forme "humide" de la DMLA Les essais cliniques devront confirmer ce qui a été démontré sur la souris Le Pr José Sahel et le Dr Serge Picaud, chercheurs à l'université Louis Pasteur à Strasbourg, ont en effet réussi, avec le Diltiazem, à ralentir l'évolution d'une dégénérescence de la rétine chez des souris dans des proportions qui correspondraient à plusieurs années pour l'homme. Il ne s'agit que d'une piste mais les recherches actives en pharmacologie permettent aujourd'hui de sérieux espoirs.

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