Spécial Boomers, seniors, aînés, immobilier : d’immenses besoins diversifiés par âge, revenus, situation…

Au même âge, un senior peut être un grand-père, sans autre charge, le père dans une famille recomposée. Il est lui-même le fils d'un ou d'une octogénaire en perte d'autonomie pour lequel il devra agir. Les 24 millions de 50+ sont les principaux acteurs du marché de l'immobilier.

Couples aînés planifiant leurs investissements
© istock

Les seniors sont les principaux acteurs du marché de l'immobilier

« Tu te rends compte, Jacqueline veut faire effectuer des travaux chez sa mère, sans en référer à ses frères et sœurs. Elle dit que, comme ça, elle aura l’impression de payer un vrai loyer. Je ne sais pas dans quoi elle met les pieds. Moi, je luis avais proposé que nous achetions un bien en société civile immobilière qui permette d’être ensemble lorsqu’on le souhaitait. Là je crains qu’elle ne mette de l’argent à fond perdu. Sans protocole juridique, son investissement pourra difficilement être rapporté à la succession.»

Bertrand, 62 ans, est un ancien journaliste. Après son divorce, il y a une douzaine d’années, il a acheté un appartement de centre ville dans une grande métropole de l’ouest. Aujourd’hui, il est en retraite. Il a allégé son agenda mais continue à donner des cours de communication. Ses enfants, adultes, vivent de leur côté. Jacqueline, sa compagne, une commerciale de 48 ans, a encore deux enfants, mineurs, qui vivent avec leur père. Elle a travaillé avec lui pendant plus de quinze ans mais elle peine aujourd’hui à créer son activité et partage donc la maison de sa mère.

12 millions de boomers, 12 millions de seniors

Le père de Bertrand, 88 ans, veuf depuis un ans, vit seul mais perd la vue et tombe parfois. La mère de Jacqueline, veuve, 75 ans, habite le premier étage, sans ascenseur, de sa maison. La sagesse suggérerait qu’elle échange avec Jacqueline qui habite le rez-de-chaussée où ses enfants passent le week end avec elle. Mais sa mère devra organiser sa succession entre ses quatre enfants adultes afin que l’équité puisse prévaloir.

Les 12 millions de boomers, les 12 millions de seniors et d’aînés, présentent une multitude de profils différenciés. Le nombre de personnes vivant seules, ou à temps partiel avec une compagne ou un compagnon, ne cesse de croître. Après cinquante ans, ce sont surtout des femmes. Après cinquante ans, de nombreux couples ayant élevé leurs enfants dans une grande maison rentrent en ville, comme Bertrand.

Vivre à proximité des services

Ils choisissent de vivre dans des appartements confortables et surtout situés à proximité des services, des cinémas, des transports…La quasi-cécité du père de Bertrand représente une indication majeure pour une admission en maison de retraite.

Les octogénaires actuels sont issus de générations creuses. En 2030, les vieillards seront les boomers. Ils seront presque deux fois plus nombreux. L’offre de lits en maison de retraite doit donc augmenter. La mère de Jacqueline, vendant sa maison qui est inadaptée à ses besoins, trouverait un véritable attrait à une résidence-services sans avoir même à changer de quartier.

Le bridge et la bourse en résidence-services

C’est la solution pour laquelle a opté Françoise. A 83 ans, elle a toujours bon pied, bon œil, mais ne supporte plus sa grande maison de Montpellier.
« L’ennui aussi, c’est que je ne trouvais plus de partenaires de bridge à hauteur de mon appétit pour le jeu. Certaines avaient du mal à se déplacer.» Problème résolu !

Françoise a donc opté pour un trois pièces dans une résidence-services au Grau-du-Roi, face à la mer. Elle qui « adore jouer avec l’argent ». Elle a même créé un club boursier qu’elle anime avec ferveur.
Sur place, elle peut à la fois bénéficier de services hôteliers et recevoir ses petits-enfants. Dans ce domaine, la demande pourrait rapidement excéder l’offre.

La multi-résidences senior

Judith, 69 ans, était gynécologue, son mari, Paul, 68 ans, professeur de lettres et auteur de manuels. Il poursuit une petite activité d’édition pédagogique. Ils bénéficient donc de revenus confortables. L’un de leurs fils est marié, l’autre, un historien déjà quadragénaire, n’a pas encore daigné convoler. Quoiqu’il en soit, Judith et Paul pendulent entre leur appartement de Vannes-Conleau, leur duplex du XV° arrondissement et leur maison des Landes, une ancienne exploitation forestière.

Ils l’ont entièrement réaménagée pour accueillir enfants et petits-enfants, auxquels ils prêtent leur petit pied à terre de bord de mer. Ils passent une partie de l’hiver dans les Landes, et remontent à Paris à l’approche des fêtes avant de revenir dans les Landes puis de gagner la Bretagne dès les premiers jours chauds. Leur patrimoine résulte d’ une combinaison d’achats et d’héritages.
En effet, les boomers héritent de leurs parents autour de 55 ans.

Cet héritage offre souvent l’opportunité d’un achat ou de l’adaptation de l’existant. Sachant que 93% des 75+ habitent à leur domicile et que leur nombre dépassera 8 millions dès 2030, l’actualisation des logements avec le remplacement des baignoires par des douches, la pose de rampes, le renouvellement des éclairages, l’installation d’ascenseurs représente lui aussi un énorme marché.

Aux États-Unis, les 50+ sont à l’origine de plus de 60 % des transactions immobilières privées. Les Français les égalent.

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