Alzheimer : Gagner du temps sur la maladie

On ne sait toujours pas guérir la maladie d’Alzheimer, mais des médicaments améliorent la vie quotidienne des patients. Pour eux, c’est un soulagement.

Pendant longtemps, on a cru être impuissant face à la maladie d’Alzheimer. Or, depuis 1994, il existe des médicaments relativement utiles. Certes, ils ne guérissent pas la maladie, mais ils permettent au moins d’en ralentir l’évolution. Pour les patients, c’est une lueur d’espoir.

Témoignages

Claude Couturier, 57 ans, en témoigne : « Je suis sous traitement depuis sept ans, et mon état reste assez stable. Avant, je n’avais plus envie de rien. Peu à peu, j’ai retrouvé le goût de faire de la peinture, du modelage… ».

Christiane, 64 ans, suit également un traitement depuis six ans, à son grand soulagement : « Sans ce médicament, je ne sais pas où j’en serai aujourd’hui. J’ai ressenti les effets au bout de deux ou trois mois, surtout au niveau de la mémoire immédiate. Je me souviens mieux de ce que je viens de faire à l’instant », raconte-t-elle.

De l’avis des neurologues, l’amélioration apportée par ces traitements n’est pas spectaculaire, mais suffisamment importante pour retarder la perte d’autonomie.

Les progrès portent sur la mémoire, le langage et l’attention, des fonctions “cognitives” particulièrement altérées dans la maladie d’Alzheimer. Ils agissent également sur le psychisme et les troubles du comportement, en diminuant l’agressivité et l’agitation. « Grâce à ces médicaments et à une bonne prise en charge globale, les patients sont plus présents, plus actifs.

On estime que leur entrée en institution est reculée de quelques années.

Traiter selon le stade de La maladie

Deux sortes de molécules sont actuellement utilisées.

> Dès le diagnostic

Les médicaments cholinergiques peuvent être prescrits au stade « léger à modéré » de la maladie, donc au début.

Plus le traitement est précoce, plus il sera efficace. Ces molécules permettent de corriger, dans une certaine mesure, le déficit en acétylcholine, un “neurotransmetteur”, dont la baisse dans le cerveau est caractéristique de la maladie d’Alzheimer.

Quatre médicaments de ce type sont disponibles sur le marché. La tacrine fut le premier à sortir en 1994 mais, à cause de sa toxicité sur le foie, on lui préfère aujourd’hui le donépézil, la rivastigmine ou la galantamine.

> À un stade plus évolué

La mémantine est indiquée au stade “sévère” de la maladie, lorsque le patient perd son autonomie. Cette molécule abaisse le taux de glutamate, une substance présente en trop grande quantité dans le cerveau des personnes souffrant d’Alzheimer et qui accélère la dégénérescence des cellules.

Deux médicaments c’est mieux mais c’est plus cher

De récentes études ont montré qu’une « bithérapie », associant la mémantine à un médicament cholinergique, est plus efficace qu’un seul produit à la fois. Mais, les autorisations de mise sur le marché (AMM) sont très restrictives : les cholinergiques doivent être réservés au stade “léger à modéré”, la mémantine au stade sévère. Conséquence, la bithérapie n’est prescrite que dans les cas les plus difficiles, à des patients pris en charge dans un centre-expert.

En 2003, dans son rapport consacré à la Sécurité sociale, la Cour des comptes mettait froidement en balance d’un côté le coût élevé de médicaments qui — rappelons-le — ne guérissent pas la maladie d’Alzheimer, de l’autre le nombre croissant de personnes à soigner.

Le traitement est d’autant plus efficace que le patient baigne dans un environnement favorable et stimulant. Toutes les activités qui mobilisent l’attention, la mémoire et le langage font du bien aux malades.  Les résultats que nous obtenons dans les ateliers de musicothérapie et d’art-thérapie sont très intéressants. Les patients sont moins dépressifs, plus calmes, plus sereins.

La première communique beaucoup par Internet avec d’autres patients dans la même situation. Le second participe à un atelier de fabrication d’un journal, lit, écrit, remplit des grilles de mots fléchés, et tout ça avec le soutien actif de son mari.

Par sa présence affectueuse et rassurante, la famille a, elle aussi, un effet positif… à condition qu’on lui facilite la tâche en l’aidant sur le plan social et financier.

En s’appuyant à la fois sur les médicaments, la famille et un cadre de vie stimulant, on arrive à aplanir les problèmes. Et la vie des patients est plus douce.

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