Anévrismes : faut-il toujours opérer ?

Des techniques moins lourdes qu'auparavant permettent de traiter les anévrismes intracrâniens. En dehors des cas d'urgence, on peut proposer une simple surveillance.

Le cerveau de MRA ou l'angiographie de résonance magnétique de l'artère cérébrale
© istock

Beaucoup de personnes vivent avec un anévrisme dans la tête, sans le savoir. Ces petites hernies se développent sur une artère, silencieusement, sans donner de signes particuliers. La plupart du temps, les anévrismes n'évoluent pas et ne présentent pas de danger.

Mais il arrive, parfois, que la paroi de l'artère se fragilise. L'anévrisme peut alors se rompre et provoquer un saignement intracrânien. Une véritable urgence médicale. Soigné à temps, le patient a 70 % de chances de s'en sortir. Ce qui signifie que, malheureusement, une personne sur trois décède ou garde de lourdes séquelles (paralysie totale ou partielle, difficulté à parler ou à écrire...).

Le plus souvent, les anévrismes sont découverts par hasard, par exemple lors d'un scanner. L'annonce d'une telle nouvelle est, évidemment très angoissante. Dans ce cas, faut-il intervenir ou instaurer une simple surveillance ?

Ne pas laisser l'angoisse s'installer

« Dans cette situation, nous organisons une consultation rapidement, pour ne pas laisser l'angoisse s'installer », explique le Pr Claude Mercier, chef du service de neurochirurgie.

Ensuite, la décision va dépendre de l'âge du patient et de la taille de l'anévrisme. Il est souvent plus prudent de ne rien faire si la personne est âgée, ou si l'anévrisme est petit. « S'il fait moins de 5 mm de diamètre, le risque d'hémorragie est faible, il faut dédramatiser la situation » explique le Pr. On va donc le surveiller en effectuant des examens tous les deux ans et recommander au patient d'éviter les sports extrêmes comme la plongée sous-marine. Si, lors d'un contrôle, on s'aperçoit que l'anévrisme grossit, on interviendra calmement. »

Une intervention moins lourde

Aujourd'hui, 70 % des patients sont soignés par 'neuroradiologie interventionnelle". Une véritable révolution : il n'y a plus besoin d'ouvrir la boîte crânienne !

Ce type d'intervention est adapté aux anévrismes dont le diamètre est inférieur à 1,5 cm ou 2 cm, soit la majorité des cas. Sous anesthésie générale, on va colmater la poche qui déforme l'artère à l'aide de petites spirales en platine. Ces « coïls » sont introduits dans l'artère fémorale, au pli de l'aine, puis remontés par un cathéter jusqu'à la partie malade. Là, on ferme le collet (l'ouverture de l'anévrisme) en bouchant avec autant de coïls que nécessaire. Le sang ne peut plus pénétrer. L'anévrisme est consolidé.

S'il est plus gros, l'intervention d'un neurochirurgien devient indispensable. Celui-ci va ouvrir le crâne et fermer la base de la "hernie" avec une sorte de clip. « Le choix de l'une ou l'autre technique se fait en équipe. Depuis quatre ans, des réseaux permettent de transférer les patients dans les services compétents, en fonction de leurs besoins », explique le Pr Mercier.

Après l'intervention (neuroradiologie ou neurochirurgie), le patient est systématiquement placé sous surveillance pendant plusieurs années. Des contrôles sont régulièrement effectués. Une bonne façon de le rassurer.

Des causes mal identifiées

La plupart des anévrismes n’ont pas de cause précise. Il s’agit le plus souvent d’un défaut congénital de l'artère, qui est aggravé par le tabagisme et l'hypertension artérielle. Il existe de rares "familles à anévrismes" pour des raisons encore inexpliquées.

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