Ces micro-arrêts respiratoires - appelés "apnée du sommeil" - peuvent engendrer des troubles graves. Mais pas facile de savoir si l'on en souffre ! Certains signes doivent alerter, et vous devez consulter au plus vite votre médecin. Est-ce dangereux ? Qu'existe-t-il comme traitement et comment le diagnostiquer ? On vous explique.
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Le syndrome d'apnée obstructif du sommeil : des malades qui s'ignorent très souvent
Environ 1,5 million de Français, des hommes surtout, souffrent d'un syndrome d'apnée obstructif du sommeil (Saos). Souvent à leur insu. Tout au plus se savent-ils ronfleurs alors que leur respiration se bloque durant une trentaine de secondes, plusieurs centaines de fois par nuit.
Ces apnées sont provoquées par un rétrécissement, pendant le sommeil, des voies respiratoires. Quand on s'endort, les muscles de la gorge se relâchent et les voies aériennes, normalement ouvertes par des muscles, s'aplatissent. Parfois à tel point que l'air ne peut plus circuler. Au bout de quelques dizaines de secondes, l'effort respiratoire devient tel que le système nerveux finit par intervenir pour réveiller l'organisme : la respiration reprend jusqu'au prochain arrêt.
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Apnée du sommeil : quelles sont les causes ?
Il y a plusieurs causes à ce rétrécissement du pharynx.
D'abord des raisons anatomiques telles que des parois trop épaisses dans la gorge, un voile du palais (qui sépare la bouche des fosses nasales) trop gros, ou bien une mâchoire inférieure trop petite ou mal positionnée... Du coup, la langue du dormeur se place trop en arrière et réduit ainsi l'ouverture du pharynx.
Ensuite, le surpoids : il entraînerait des dépôts de graisse sur les parois du pharynx. Mais cela ne doit pas être le seul mécanisme en jeu. Si beaucoup de ronfleurs et d'apnéiques voient leur trouble diminuer avec la perte de poids, il faut savoir aussi que 30 % des apnéiques ne sont pas gros...
Enfin, la consommation d'alcool ou de tranquillisants entre en jeu : d'un côté, elle accentue le relâchement des muscles et de l'autre, l'effet sédatif de ces substances retarde le réveil et donc la reprise d'une respiration normale.
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La qualité du sommeil diminue
Répétées trop souvent, ces apnées nocturnes finissent par fragmenter le sommeil. La quantité de sommeil lent profond diminue de façon considérable. Résultat : le dormeur apnéique est fatigué au lever, avec parfois des maux de tête, et il est somnolent toute la journée. Outre l'incidence sur la vie professionnelle et sociale, cette somnolence multiplie par sept le risque d'avoir un accident de la route. A cela s'ajoutent des troubles de la mémoire et de l'attention, ainsi qu'une baisse de la libido.
A long terme, les apnées du sommeil peuvent avoir des conséquences redoutables. Selon de nombreuses études, elles augmentent le risque d'accidents vasculaires cérébraux et cardiaques, sans que les spécialistes sachent encore vraiment pourquoi. Peut-être à cause de l'hypertension artérielle, un facteur de risque d'accident vasculaire que l'on trouve chez plus de la moitié des patients.
Hypertendu, un apnéique l'est pour au moins deux raisons : d'abord, les réveils nocturnes provoquent à chaque fois une libération d'adrénaline, une hormone qui stimule les organes.
Car oui, cinq cents apnées dans la nuit, cela signifie donc cinq cents "électrochocs" pour le corps, surtout au niveau du système vasculaire. Ce qui peut avoir des conséquences comme l'hypertension. Ensuite, les efforts fournis par le système respiratoire pour tenter de débloquer le pharynx mettent le cœur à rude épreuve. Avec, à la longue, la survenue d'une insuffisance cardiaque.
Quand consulter ?
Il faut impérativement consulter quand on ronfle toutes les nuits de façon anormalement bruyante et irrégulière (le conjoint est un excellent informateur ! ) et que l'on somnole une bonne partie de la journée. A fortiori si ces deux signes s'accompagnent d'une tendance à l'embonpoint, d'une tension artérielle anormalement haute (supérieure à 14/9), de changements de l'humeur et d'une baisse du désir sexuel.
Le diagnostic est complexe et souvent long. Le médecin généraliste ou O.R.L. commence par un interrogatoire clinique, un test de Epworth (voir ci-dessus) pour quantifier la somnolence diurne, un examen clinique pour rechercher une hypertension artérielle, ainsi que des signes d'insuffisance cardiaque.
Des enregistrements du sommeil permettront ensuite de déceler et de mesurer précisément tous les événements respiratoires survenant au cours du sommeil.
Problème : l'examen le plus complet (polysomnographie) nécessite de passer une nuit d'hospitalisation dans un laboratoire spécialisé. A moins que le médecin n'en prescrive un moins complet mais réalisable chez soi, grâce à un appareil portatif installé le soir par des techniciens.
Ainsi, les personnes que l'on pense souffrir d'apnées du sommeil sont de plus en plus nombreuses à se présenter dans les laboratoires du sommeil.
Quelles sont les personnes souffrant le plus d'apnées du sommeil ?
Pour la plupart, des hommes d'une cinquantaine d'années. Les femmes, elles, sont très peu nombreuses : une pour dix hommes. Un chiffre étonnamment bas, surtout au vu des études épidémiologiques qui ne montrent pas un tel écart entre les deux sexes face à ce trouble du sommeil... Pourquoi les femmes consultent-elles plus rarement ? Peut-être parce qu'elles pensent moins à cette pathologie ou qu'elles supportent mieux la somnolence durant la journée.
Trois types de traitements pour l’apnée du sommeil
Perte de poids, suppression des sédatifs et de l'alcool sont impératives, mais généralement insuffisantes.
Restent trois alternatives :
- une intervention chirurgicale ;
- une ventilation nocturne;
- ou un appareil dentaire.
La première peut consister à enlever certains tissus en excès au fond de la gorge, mais sans résultat garanti (seulement 30 à 40 % de résultats pour les apnées peu sévères). Sinon, c'est la chirurgie bimaxillaire. Il s'agit d'avancer les deux mâchoires de quelques centimètres pour dégager le pharynx. Impressionnante, cette opération est aujourd'hui bien maîtrisée et souvent proposée aux personnes jeunes, ayant des problèmes modérés d'apnée du sommeil et refusant toute idée de ventilation mécanique.
Ce dernier traitement reste pourtant le plus répandu. Il consiste à poiler durant la nuit un masque sur le nez, relié à un petit compresseur, qui envoie dans le pharynx de l'air comprimé pour le maintenir ouvert. Contraignant, certes, mais très efficace et dénué d'effet secondaire.
Pour les plus récalcitrants, il existe encore « l’orthèse d'avancement mandibulaire ». Composé de deux parties, une spécifique pour chaque mâchoire, cet appareil permet d'avancer la mâchoire inférieure pendant le sommeil. D'après les dernières études, il serait aussi efficace, pour les apnées peu sévères, mais mieux supporté que la ventilation mécanique...
A chacun de choisir avec le médecin le traitement en fonction de la sévérité du trouble et de ses dispositions.
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