Aujourd’hui, certaines personnes doivent porter des prothèses auditives dès 45 ans ! Le bruit, bien sûr, est en cause, mais pas seulement. Explications et solutions.
Tout le monde a un grand-parent un peu sourd. « C’est normal, c’est l’âge », plaidons-nous avec indulgence. Comme la presbytie pour la vision, la presbyacousie est un signe de vieillissement de notre système auditif.
Seulement, en dix ans, l’âge moyen des personnes presbyacousiques aurait baissé, passant de 72 ans à 67 ans.
Des facteurs aggravants à mieux connaitre
Un chiffre qui préoccupe les professionnels de l’audition. « Certes, la prise de conscience du problème se fait plus tôt. Les gens sont mieux informés. Mais il y a aussi les séquelles de traumatismes sonores, ponctuels ou répétés: walkmans, concerts de rock, environnements de travail bruyants... favorisent les pertes auditives précoces », explique Anne-Marie Exposito, audioprothésiste, présidente d’Audition Santé (* Groupement professionnel indépendant d’audioprothésistes).
Chez les personnes qui ont un terrain génétique fragile, la presbyacousie peut se déclarer plus tôt encore, dès 45 ans. « Il y a des familles à risque, des personnes qui sont plus sensibles aux bruits que les autres, explique le Dr Anne Auboys, médecin O.R.L. et chercheur à l’Inserm. Et quand l’oreille reçoit un choc sonore, la perte auditive évolue aussi plus rapidement. »
Cette dernière commence généralement par une atteinte des Sons les plus aigus (ceux situés sur les fréquences des 3 000, 4 000 et 6 000 hertz) : on perd les Sons j, s, t, f, ch... Ainsi, le tic-tac d’une montre, le clignotant de la voiture ou le bip des micro-ondes ne sont plus audibles.
Puis sont touchés les sons situés sur les fréquences moyennes (les 500, 1 000 et 2 000 hertz), ceux qui correspondent en fait à la conversation.
Chez des personnes actives socialement et professionnellement, cette atteinte peut devenir gênante, voire handicapante. « On peut très bien s’en accommoder pendant un certain temps. Mais à partir d’un certain seuil de perte auditive (30 à 35 décibels), il faut commencer à penser aux prothèses auditives », convient le Dr Auboys.
Des systèmes auditifs plus performants
Depuis l’arrivée du numérique, ces produits très techniques ont réellement fait d’énormes progrès : les sons amplifiés sont plus doux et permettent une adaptation plus facile, surtout lors du premier appareillage. Même s’il existe toujours des difficultés à détacher la voix parlée de son environnement bruyant.
N’attendez pas dix ans pour consulter, comme c’est trop souvent le cas. Parlez- en avec votre médecin O.R.L. et l’audio prothésiste : ne choisissez pas forcément le système le plus performant mais celui adapté à vos besoins, préférez deux prothèses moins bonnes qu’une seule haut de gamme.
Pour préserver son audition, il faut être conscient des risques et se protéger : en portant des bouchons d’oreilles lors des concerts, en baissant le volume de sa chaîne... Par ailleurs, il est indispensable de surveiller sa santé, rappelle le Dr Auboy :
« Le diabète, l’hypertension, un taux anormalement élevé de cholestérol fragilisent les vaisseaux de l’oreille et peuvent conduire également à une perte auditive précoce. »