Bien vivre avec une personne cardiaque

Médicaments, changement des habitudes, suivi médical, les contraintes sont parfois difficiles à accepter, pour la personne malade mais aussi pour son entourage. Sport, alimentation, vie sexuelle, voyage.., tous les conseils pour se sentir bien.

L’annonce d’une affection cardiaque augure de moments difficiles. Au travers des prismes de la maladie, la vie n’a plus les mêmes couleurs. Tout vire au gris, et la personnalité change avec d’autant plus d’intensité qu’il s’agit du cœur. Un organe essentiel dont les battements sont perceptibles à chaque instant. Un symbole. Le moteur de la vie...

En résultent mélancolie, agressivité, ou dépression... Toute une série de sentiments mêlés auxquels ne peut échapper la famille, déjà éprouvée par le diagnostic. Il va falloir trouver un nouvel équilibre avec les siens. Recette pour vivre ensemble avec la maladie... sans jamais la laisser mener le jeu.

Consulter ensemble

Comment se comporter en couple “idéal” ? Comment éviter l’inflation du stress et les désaccords sur la conception de la maladie ? Comment ne pas dramatiser la situation sans pour autant négliger les règles de prudence nécessaires ?

Une consultation en famille peut aider à retrouver plus facilement un nouvel équilibre. Consulter à deux permet de verbaliser l’anxiété de chacun. C’est aussi le moment de se faire expliquer clairement les spécificités et les conséquences de la maladie...

D’avoir des informations claires sur les médicaments, les examens à pratiquer, le rythme des consultations... Et surtout de faire le point sur les nouvelles habitudes de vie à prendre pour éviter les rechutes... On gère mieux la situation si la famille en connaît toutes les clés.

Ce type d’entretien évite les malentendus entre les proches. Par exemple, certaines épouses ne se mêlent pas des examens ou des médicaments de leur mari, de peur que celui-ci ait l’impression d’être traité comme un bébé. Mais lui souffre de ce qu’il ressent comme une indifférence.

Pour autant, ces consultations “conviviales” ne sont pas du goût de tous.

Certaines personnes considèrent leur maladie un peu comme leur jardin secret. D’autres, en particulier les hommes divorcés et remariés avec une femme plus jeune, n’aiment pas faire état de leurs problèmes de santé. A chacun son idée sauf si le médecin pressent que son malade souffre d’une incohérence familiale ou commet des imprudences. Le cardiologue demande souvent à rencontrer les épouses lorsque qu'il constate que le cholestérol, à la hausse, trahit une alimentation très déséquilibrée.

Que peut-on faire?

La prudence impose de nouvelles habitudes. Lutter contre les facteurs de risque — poids, cholestérol, tabac... — est le plus sûr moyen de contrôler la situation. Et là, le cardiaque va avoir besoin de l’aide des siens.

L’alimentation

Avec un premier coup de pouce à table et à la cuisine. Exit les petits plats trop riches et l’abus des graisses.

Désormais, l’accent sera mis sur les poissons, les fruits et les légumes.

Attention : le système des deux menus, l’un pour le patient, l’autre pour la famille, est à proscrire. Le cardiaque ne peut que se sentir exclu devant ce double régime... Sans parler de la tentation qui lui est offerte de piocher dans l’assiette de son voisin, plus appétissante. En revanche, servir les parts à l’avance dans les assiettes évite que l’on se resserve dans le plat.

L’idéal est de faire varier les menus familiaux en mettant en exergue les bienfaits de cette évolution sur la santé de toute la famille. Moins de calories, plus de vitamines et de fibres, c’est un atout pour la ligne et un élément de lutte contre le cancer.

Le tabac

Avec le tabac, pas de diktat. Les interdits trop stricts et répétitifs risquent d’aller à l’encontre de l’objectif poursuivi. Pas non plus d’indifférence.

Ni laxisme, ni sadisme ! Il faut encourager le cardiaque au moindre progrès et, surtout, donner soi-même l’exemple pour éviter la tentation. Dur, dur de fumer sous le nez d’un cardiaque à qui l’on répète à l’envi que la cigarette est un facteur de risque important.

L’oubli des médicaments

Enfin, sans infantiliser le malade, un petit coup de pouce peut être donné pour éviter d’oublier les médicaments.

Les prendre ensemble au petit déjeuner. Offrir des piluliers sympas. Prévoir une réserve dans son sac en cas de distraction... Mais ne pas jouer au maître d’école. Les prises de médicaments ne sont pas des devoirs à faire le soir.

Voyage, sport et sexualité

Voyage, sport, sexualité, tout suscite l’angoisse lorsqu’on découvre une atteinte du cœur et des artères. Avec, en toile de fond, la hantise d’une rechute ou d’un arrêt cardiaque. Il est toujours possible de trouver le bon rythme et de mener une vie normale au prix de quelques ajustements.

Côté sport

Il faut choisir des disciplines où le patient mène le bal. La marche, le vélo, la natation, le golf figurent sur l’ordonnance, de même qu’une réadaptation à l’effort pour le coronarien. Et la famille doit donner l’impulsion. Ces sports ont plus de saveur à plusieurs. Mais finies les parties de tennis, caractérisées par des accélérations brusques et l’envie de gagner, ou les joggings trop rapides.

Côté voyages

Ils sont souvent l’objet de nombreuses questions. La voiture ne pose pas de problèmes, si on accompagne son conjoint (ou parent) malade pour les longues distances. Il faut pouvoir relayer le conducteur fatigué et changer une roue, un exercice fatigant en cas de crevaison. Le train est idéal, si on est aidé pour les bagages lourds.

Le bateau ne pose aucun problème, mais attention aux escales trop fatigantes. Enfin, il ne faut pas redouter l’avion, sauf en cas d’atteinte importante du muscle cardiaque chez les coronariens. La pressurisation abaisse la pression à un équivalent de 1 200 à 1 800 mètres, et si les coronaires se dilatent en altitude, une bouffée de spray ou un comprimé de trinitrine suffit à pallier le resserrement des artères coronaires à la descente. A prévoir donc dans le sac.

En cas de séjour à l’étranger, il est conseillé de disposer d’un carnet indicatif du traitement, des électrocardiogrammes récents — véritable passeport international du cardiaque — et d’emporter avec soi suffisamment de médicaments.

Côté volupté

La reprise de l’activité sexuelle est souvent source d’inquiétude pour le couple. Le sujet doit donc être abordé franchement avec le cardiologue. C’est en effet plus souvent par manque d’information que par impératif médical que le couple se prive de relations sexuelles. Un rapport sexuel augmente la fréquente cardiaque de la même façon qu’une activité physique d’intensité moyenne.

Ainsi, un test d’effort pratiqué par le cardiologue permet de déterminer les niveaux d’effort autorisés sans risque pour le cœur. Et dans la majorité des cas, un cardiaque peut avoir une activité sexuelle tout à fait normale.

Attendre pour en parler

Le besoin de parler d’un problème de santé se fait souvent sentir, surtout chez un malade du cœur.

Défoulement, envie de se faire plaindre ou recherche d’information, tout à fait légitimes, doivent céder le pas à la discrétion, du moins au début. On dit encore que dans le milieu professionnel, mieux vaut ne pas ébruiter la nouvelle qui risque, par la suite, de se retourner contre le patient sur le plan professionnel. Il sera bien temps «évoquer les problèmes de santé quand la forme sera revenue. Mais dans un premier temps, le conjoint, et un cercle d’intimes mis dans la confidence peuvent être de solides appuis pour entourer la personne cardiaque.

Quel couple formez-vous ?

Les relations du cardiaque avec ses proches ne sont pas toujours idylliques.  Plusieurs cas de figure peuvent se rencontrer, notamment dans le cas des maladies coronaires.

Le couple “rebelle”

Le cardiaque, un homme, nie sa maladie. Blessé dans son amour propre, il refuse d’être diminué et oublie l’angoisse et la souffrance dès que la crise aiguë est passée.

Résultat : il fait l’autruche avec une insouciance largement relayée par celle de son épouse qui s’obstine, souvent par ignorance, à préparer des plats trop riches et à vivre au même rythme endiablé. Sans jamais tenter de le faire revenir à la raison...

Un peu de réalisme est nécessaire.

Le couple conflictuel

Là encore, l’homme nie sa maladie, mais son épouse, inquiète, tente de s’interposer à tout moment pour le soigner et corriger ses erreurs. Heurts, scènes et reproches incessants à la clé. Cette opposition permanente gangrène l’atmosphère familiale et renforce le refus du patient, qui commet des imprudences par simple esprit de contradiction. La diplomatie est recommandée.

Une femme trop protectrice

Dans ce scénario, très difficile à vivre, le cardiaque et sa femme plongent ensemble dans l’obsession de la maladie. Le patient se replie sur lui-même et sa femme le surprotège et le materne à l’excès... Un peu d’air est nécessaire dans cette atmosphère où l’angoisse règne en maître.

Le malade incompris

L’homme se confine cette fois-ci dans la maladie et fait vivre toute sa famille à l’heure de ses obligations thérapeutiques et de son anxiété. En s’opposant obstinément aux tentatives familiales de trouver l’équilibre.., entre le cœur et la raison. Là encore, des conflits peuvent naître car la famille se lasse et le malade se fâche contre ce qu’il croit être des preuves d’indifférence... Il faut dédramatiser et communiquer.

Un conjoint égocentrique

Autre modèle : la femme cardiaque qui doit concilier vie de femme et de mère, et se partager entre ses obligations professionnelles et les impératifs de la maladie. Un pari qui peut se révéler difficile quand la famille n’y met pas un peu du sien. Faire les lits, les vitres ou les courses seule, c’est fatigant... Il va falloir déléguer.

Le couple “idéal”

Enfin, dans ce dernier scénario, l’homme et la femme ont intégré la maladie sans jamais en faire le pivot de la vie familiale. Ils parviennent à faire face à la situation. Dans la sérénité et sans exclusion.

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