Êtes-vous diabétique sans le savoir ?

Désormais, les contrôles sanguins sont plus sévères. L'objectif : diminuer les risques cardiovasculaires et oculaires liés à la maladie est un événement ! Et de taille... puisque la définition du diabète vient d'être corrigée. Il y a quelques semaines, un groupe d'experts français a établi de nouvelles normes pour cette maladie. Hier, une personne était considérée comme diabétique si son taux de sucre dans le sang était supérieur à 1,4 g/l (à jeun). Aujourd'hui, les spécialistes ont décidé d'être plus « sévères » dorénavant, est diabétique un sujet dont la glycémie dépasse 1,26 g/l.

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Un diagnostic simplifié

En pratique, on a simplifié le diagnostic du diabète. Auparavant, si les patients avaient un peu moins de 1 4 g/l, la théorie voulait qu'on leur propose un autre examen qui - dans les faits - n'était presque jamais effectué. Résultat : un grand nombre de sujets n'ont pas été diagnostiqués. On a donc décidé d'abaisser le seuil de glycémie.

A vrai dire, les experts ont suivi les recommandations faites il y a plusieurs mois, par l'OMS et l'American Diabetologic Association. Cette nouvelle définition a pour objectif de diminuer les complications provoquées par le diabète, en particulier les maladies cardiaques et vasculaires et les problèmes oculaires (de la rétine). Selon "l'ancienne" norme, ces effets néfastes se déclaraient trop souvent chez les diabétiques. En abaissant le seuil de glycémie, la marge de sécurité est plus grande vis-à-vis de toutes de ces complications qui seront quasi inexistantes si le traitement est bien conduit.

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300 000 à 400 000 malades qui s'ignorent...

Conséquence de la modification des critères diagnostiques : le nombre de diabétiques devrait augmenter de 25 %. Ce qui ferait au total, en France, un peu plus de 2 millions de personnes ! Mais le problème majeur de cette maladie est que 300 000 à 400 000 Français vivent avec un taux de glycémie trop élevé et... l'ignorent ! Ces personnes mènent une vie tout à fait normale sans aucun symptôme, les troubles se manifestant en général au bout de quelques années.

Ainsi, trop de sucre dans le sang engendre avec le temps des altérations sur les petits vaisseaux, parfois lourdes de conséquences (au niveau de la rétine, des mains et surtout des pieds, du cœur, des reins et du cerveau). C'est pour cette raison qu'il est important de se faire dépister suffisamment tôt.

En pratique, à partir de quel âge faut-il faire vérifier sa glycémie ?

  • Dès 45 ans. Si la glycémie est normale, il faut renouveler ce contrôle tous les trois ans.
  • A partir de 35 ans si l'un de vos parents souffre d'un diabète de type 2 (la forme la plus commune du diabète dit aussi non insulinodépendant). Ou plus tôt si un membre de votre famille a été touché très jeune par le diabète.

D'autres paramètres doivent être pris en compte. Certaines maladies ou certains symptômes inciteront le médecin à contrôler votre taux de sucre : une hypertension artérielle, une hypercholestérolémie ou encore une hypertriglycéridémie.

  • Un surpoids (80 % des diabétiques ont des kilos en trop).
  • Des envies répétées de boire, de manger, et aussi d'uriner, ou encore des infections répétées (génitales, buccales ou de la peau) sont les signes évocateurs d'un diabète.

Une fois le diagnostic établi avec certitude, le médecin prescrira un traitement et une surveillance. Celle-ci se fait toujours par une prise de sang. Mais, au lieu de mesurer le sucre (le glucose), les médecins préfèrent désormais doser l'HbA1c (encore appelé hémoglobine glyquée). Ce dosage est particulièrement intéressant car il connaître l'équilibre moyen de la glycémie sur une période 'de six semaines avant le prélèvement.

HbA1c est une sorte de mémoire du taux de sucre dans le sang. Ce contrôle doit être effectué tous les 3-à 4 mois.

Quand changer de traitement ?

Le dosage régulier du taux d'HbA1c (exprimé en pourcentage) permet une bonne surveillance du diabète et surtout de savoir si le traitement prescrit par le médecin est suffisamment efficace.

  • Si votre "HbA1c" est inférieur à 6 5 % : Bon résultat. Aucune modification de traitement.
  • Si votre "HbA1c" est entre 6,6 et 8 % : Résultat moyennement satisfaisant. Le médecin pourra modifier le traitement.
  • Si votre "HbA1c" est supérieur à 8 %: Mauvais résultat. Ce qui impose un changement du traitement.

Un taux trop élevé de sucre dans le sang risque, à la longue, d'altérer le fonctionnement de nombreux organes. C'est pour cette raison qu'en plus d'un dosage périodique de l'HbA1c, les patients diabétiques doivent se soumettre à une surveillance médicale régulière. Les dernières recommandations établies par les experts sont les suivantes .

A chaque consultation, faites vérifier votre tension artérielle. une fois par an, prévoyez

  • Une prise de sang avec dosage du cholestérol, des triglycérides, de la créatinine (pour vérifier le fonctionnement des reins).
  • Examen des urines (par bandelette, recherche de protéinurie).
  • Une consultation méticuleuse pendant laquelle le médecin effectue un examen clinique neurologique, cardiaque et vasculaire, de la peau, de la sphère O. R.L. et de l'intérieur de la bouche.
  • Un électrocardiogramme.
  • Une consultation chez un ophtalmologiste.

Le moins que l'on puisse dire est que cette surveillance est assez contraignante. Mais le plus difficile est certainement le traitement. Les patients devraient s'astreindre à une activité physique régulière et certaines règles diététiques.

Il est aussi souvent indispensable de prendre des médicaments, parfois de l'insuline qui ne peut être administrée que par injection. Toutes ces mesures sont nécessaires pour prévenir et soigner le plus tôt possible d'éventuelles complications. Les patients devront donc faire preuve d'une certaine détermination. Et c'est d'ailleurs tout à leur honneur. Aussi est-il important que tous soient très bien informés sur cette maladie. N'hésitez pas à interroger votre médecin généraliste, le spécialiste, une infirmière, un diététicien, ou encore votre pharmacien sur toutes ces questions de surveillance et de traitement. D'ailleurs, en raison de tous les changements qui sont intervenus dans le diabète, l'Ordre des pharmaciens vient de lancer un programme de formation destiné aux professionnels travaillant en officine.

Ces questions concernant les contraintes liées à la surveillance et au traitement sont aujourd'hui souvent débattues lors de congrès médicaux. Récemment, elles furent encore abordées au cours d'un forum ouvert au grand public qui avait pour thème : "Quel contrôle glycémique et pour qui ? "

À retenir

  • Il existe un diabète quand le taux de sucre dans le sang (glycémie) à jeun est supérieur à 1 g/l, vérifié à deux reprises.
  • La surveillance impose une prise de sang tous les 4 mois, un contrôle régulier de la tension artérielle et un bilan complet tous les ans.
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