Infarctus : comment protéger son cœur ?

Parmi les maladies les plus dangereuses, celles qui touchent le cœur et les vaisseaux sont en tête. Chaque année, 18 000 personnes meurent d'infarctus du myocarde en France (soit 10% des décès !), ce chiffre s'élevant à 145 000 si l'on prend en compte toutes les affections cardiovasculaires. En connaissant les facteurs favorisant ces maladies, chacun d’entre nous peut diminuer son risque. Voici toutes les explications et les conseils à suivre.

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Maladies du cœur et des vaisseaux : De quoi s'agit-il ?

La maladie coronaire constitue l'essentiel de ces pathologies. Tout vient d'une "athérosclérose" affectant les artères coronaires qui nourrissent le muscle cardiaque.

Qu'est-ce que l'athérosclérose ? C'est une altération de la paroi des artères (elle peut toucher les coronaires, mais aussi les artères qui vont nourrir le cerveau et les membres), qui se fait progressivement, et qui est due au dépôt de graisses. De ce fait, la lumière (c'est-à-dire l'intérieur) du vaisseau est réduite (le sang passe donc moins bien), ce qui diminue l'apport de sang au niveau du cœur. D'où l'angine de poitrine ou angor, qui se traduit par des crises douloureuses dans la poitrine survenant lors d'efforts, au froid, au vent...

Cette lumière peut se boucher plus ou moins complètement, soit par spasme, soit par suite de la formation d'un caillot, particulièrement au niveau des rétrécissements. De telles obstructions sont à l'origine d'infarctus comme celui du myocarde.

Et si le caillot formé se détache dans la circulation, il va produire une obstruction artérielle à distance, réalisant par exemple un accident vasculaire cérébral.

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Les risques cardiaques, quelles sont les 6 grandes causes ?

1. Le tabagisme

Si le risque inhérent à la consommation régulière de cigarettes de développer vingt ans plus tard un cancer du poumon est connu, celui de favoriser l'apparition d'une maladie cardiaque l'est moins. Et pourtant le lien est prouvé, directement lié à l'action des composants du tabac sur les vaisseaux et le sang.

  • D'une part, le tabac provoque des lésions de la paroi des vaisseaux qui rendent cette paroi perméable aux graisses contenues dans le sang. Les graisses déposées réduisent d'autant le diamètre du vaisseau. Les artères les plus touchées par ce mécanisme sont celles du cœur et des membres inférieurs.
  • D'autre part, le fait de fumer réduit le diamètre des artères coronaires (par un mécanisme de spasme).
  • Enfin, le tabac exerce également son action au niveau du sang. Fumer augmente l'agrégation d'un des éléments du sang, les plaquettes ; c'est ainsi que débute la formation d'un caillot.

Ainsi peut-on dire que le fait de fumer régulièrement est un facteur de risque tant de l'angine de poitrine (par facilitation du dépôt de graisses dans l'artère) que de l'infarctus (en favorisant la formation d'un caillot dans cette même artère).

Les chiffres confirment cet impact réel du tabac sur le cœur : le risque d'infarctus est multiplié par 5,8 pour une consommation de plus de 20 cigarettes par jour et le risque de décès par 5,5.

Ajoutons qu'un nouveau danger est apparu lié aux nouvelles habitudes tabagiques des femmes : l'association pilule-tabac s'est, en effet, révélée à haut risque de maladies cardiovasculaires.

2. Le cholestérol

Quand son taux est anormalement élevé dans le sang, on parle d'hypercholestérolémie. En se déposant sur les artères, ce qui entraîne leur obstruction, le cholestérol en excès est incontestablement un facteur de risque des maladies cardiovasculaires.

À partir de quand parle-t-on d'hypercholestérolémie ? C'est tout le problème puisque si, il y a quelques années, on admettait que jusqu'à un taux de cholestérol total égal à 2,5 g/l, le risque était très réduit, cette notion est aujourd'hui révolue : le chiffre de 2 g/l est maintenant communément admis. La preuve est faite qu'une réduction de ce taux apporte une amélioration "puisque la baisse de 1 % du cholestérol sanguin entraîne une baisse de 2 % de la fréquence des maladies coronaires", explique le Pr Martre. Il a même été montré que la baisse de ce taux pouvait faire régresser les plaques d'athérome (dues aux dépôts de graisses) de la paroi des vaisseaux.

Mais un élément est à prendre en compte dans ce chiffre "brut", c'est le rapport entre les lipides "bons pour le cœur" appelés HDL et ceux qui lui sont néfastes, dits LDL. Plus ce rapport est élevé, pour un même chiffre global, moins le risque est élevé.

3. L'hypertension

Il est prouvé depuis longtemps que l'hypertension artérielle est source de rétrécissement du calibre des artères coronaires. On parle d'hypertension dès que la tension artérielle mesurée au repos (c'est-à-dire après quinze minutes d'inactivité physique) dépasse les chiffres fatidiques de 16 mm de mercure pour le maxima et 9 pour le minima.

Attention ! Ce n'est pas sur un chiffre que l'on affirme une hypertension. Le stress (de voir un médecin par exemple) suffit à faire monter "artificiellement" les chiffres. Ceux-ci sont contrôlés et souvent mesurés sur 24 heures (grâce à un appareillage que l'on porte pour la journée, appelé Holter tensionnel) : il faut dépasser ce seuil trois fois à des moments de repos pour que l'on affirme une hypertension.

Ces trois facteurs de risque sont incontestablement des facteurs majeurs. Mais il en existe d'autres, dits mineurs en comparaison des premiers, qui favorisent aussi la survenue de maladies cardiovasculaires.

4. Le diabète

Il fait indéniablement augmenter le risque cardiovasculaire comme le montre l'enquête de Framingham (faite aux États-Unis). Si, parmi la population âgée de 40 à 60 ans, les affections coronaires touchent 6 % de la population générale, cette fréquence s'élève à 30 % chez les diabétiques !

Comment l'expliquer ? Il semble que le sucre en excès se dépose en partie sur les parois des vaisseaux, provoquant leur épaississement et leur durcissement. Mais un autre élément intervient : c'est la plus grande fréquence de l'hypertension et de l'hypercholestérolémie chez les diabétiques.

5. Le stress

On connaît assez mal le rôle direct qu'il joue dans la genèse des maladies cardiovasculaires. On sait seulement qu'il favorise l'hypertension artérielle, augmente la fréquence cardiaque et même provoque une hyperagrégabilité des plaquettes.

Il a été défini, depuis longtemps d'ailleurs, une personnalité particulièrement à risque de maladies cardiovasculaires, puisque le risque d'infarctus chez ceux qui y répondent est le double de celui de la population générale : ces personnes sont appelées "sujets de type A". La définition est la suivante, comme le rappelle le Pr Martre :

"Ambitieux, pressés par le temps, à la parole explosive, caractérisés par une forte auto-implication dans le travail et par leur soumission à des objectifs auto-imposés et souvent mal définis".

En fait, ces personnes conçoivent la vie comme une lutte sans fin, cherchent la compétition, pouvant d'ailleurs en devenir agressives, et recherchent les responsabilités. Enfin, elles "répondent" avec excès au stress. Ce thème du stress au travail apparaît si important dans la conjoncture actuelle qu'il est adopté par la Fédération française de Cardiologie comme campagne de l'année, le titre exact étant "Cœur et travail".

6. L'obésité et la sédentarité sont aussi des facteurs aggravants

Mais, en fait, tous ces facteurs sont souvent imbriqués et s'additionnent. Ainsi, le fait de fumer favorise la survenue d'une hypertension artérielle. Il intervient aussi dans le rapport HDL/LDL en le faisant baisser. Chez les obèses, on retrouve plus d'hypertendus et d'hypercholestérolémiques... Et les sédentaires ont plus fréquemment un surpoids que les sportifs.

Tous ces facteurs de risques, plus les habitudes familiales, expliquent les différentes fréquences des maladies coronaires selon les pays, les plus industrialisés étant les plus touchés. Quant à la population la plus à risque, c'est celle qui a le plus haut niveau de vie et qui appartient aux catégories socio-professionnelles les plus élevées.

Il y a aussi l'influence de trois paramètres incontournables

  • L'âge : Le risque augmente directement avec les années, du fait d'un vieillissement du tissu des artères.
  • Le sexe : Avant 50-55 ans, la mortalité des femmes par maladies cardiovasculaires est très nettement inférieure à celle des hommes. C'est après la ménopause (sauf traitement hormonal substitutif) que l'écart va progressivement se resserrer. Mais les femmes fumant de plus en plus, très jeunes, sont en train de perdre cet avantage.
  • L'hérédité : Même s'il est difficile de lui attribuer un rôle propre ou lié par exemple aux habitudes alimentaires familiales, il n'en reste pas moins que 37 % des coronariens ont perdu leur père d'une maladie coronaire.

La lutte contre ces facteurs de risque apparaît donc comme absolument primordiale pour faire reculer ces maladies trop souvent mortelles et invalidantes. Di- verses mesures vont entrer dans le cadre de cette lutte : des me- sures hygiéno-diététiques, des mesures médicales...

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La prévention contre les problèmes cardiaques

La prévention passe par la visite chez un médecin. Il est, en effet, impératif dès 30 ans, a fortiori si dans votre famille existent des "cardiaques", de subir un examen clinique. Une prise de la tension artérielle, une auscultation cardiaque constituent un minimum. C'est d'ailleurs souvent une visite médicale qui fournit l'occasion d'une mesure du poids.

Cette visite sera également l'occasion de prescrire deux examens indispensables et faciles à faire puisqu'ils se font par une simple prise de sang :

  • Une mesure de la glycémie (taux de sucre dans le sang) : en cas d'anomalie, la consultation chez un diabétologue sera nécessaire.
  • Un dosage de la cholestérolémie et, mieux, d'un bilan lipidique complet.

Par ailleurs, une prise en charge médicamenteuse sera également indispensable pour traiter un diabète, évidemment (une glycémie restant dans les limites normales étant le meilleur garant d'une conservation des vaisseaux), mais aussi pour lutter contre l'hypercholestérolémie ou l'hypertension artérielle si des mesures hygiéno-diététiques n'ont pas, seules, suffi. Mais celles-ci sont les premières à tenter.

Une bonne hygiène de vie

L'arrêt du tabac est la première résolution à adopter. Si elle s'accompagne de prise de poids ou de stress, il faudra, certes, y remédier afin d'éviter de remplacer un facteur de risque par un autre. Sachez, pour vous motiver, qu'après l'arrêt, en deux à cinq ans, votre "sur-risque" a considérablement régressé.

La lutte contre un surpoids est également essentielle en soi car elle permet souvent d'interférer avec les autres facteurs de risque (en particulier avec l'hypertension artérielle - une perte de poids faisant souvent baisser la tension de 20 à 30 mm de mercure - et l'hypercholestérolémie).

Cette lutte passe par un régime. Très vite, ensuite, il s'agira plus d'adopter de bonnes habitudes alimentaires que de se restreindre.

De nouvelles habitudes alimentaires

Le but est triple : Éviter le surpoids, l'excès de cholestérol et l'hypertension. Mais contre quelles erreurs alimentaires faut-il lutter ?

Les erreurs alimentaires les plus courantes des Français sont :

Pour les adultes :

  • Un excès de viandes grasses (mouton, porc) et de corps gras d'origine animale responsable d'un sur-risque de lésions vasculaires et d'excès de cholestérol.
  • Un excès de sucres dits rapides, tels le sucre, les bonbons, le chocolat... source d'obésité, de diabète, d'hypertension.
  • Un abus de sel (la mauvaise habitude typiquement française consistant à resaler systématiquement avant de goûter) provo- quant des hypertensions.
  • Une consommation régulière et excessive d'alcool provoquant une plus grande fragilité aux maladies.
  • Par contre, les adultes ne consomment pas assez de viandes maigres (telles les volailles), de poissons, de fibres, de fruits, de légumes et de laitages.

Pour les enfants :

  • Un excès de sucres rapides : bonbons, pâtisseries, sodas, friandises...
  • Un excès de graisses : beurre, crèmes, mayonnaises, sauces type ketchup...
  • Un excès de sel : lui-même, mais aussi contenu dans les chips...

Ces excès sont de plus en plus souvent à l'origine d'obésité, elle-même source d'hypertension, d'affections cardiovasculaires.

Enfin, dernière erreur alimentaire très française :

Un petit déjeuner insuffisant, voire inexistant, alors qu'il doit représenter au moins 25 % des calories totales.

  • Un déjeuner type sandwich alors qu'il doit être complet et équilibré.
  • Un dîner copieux alors qu'il doit être léger. Outre les problèmes d'équilibre alimentaire, il ne faut pas oublier que plus les calories sont consommées tard dans la journée, plus elles vont "profiter" à votre organisme.

II faut donc modifier rapidement ces habitudes.

  • Faire trois repas par jour avec un petit déjeuner substantiel, un déjeuner complet et un dîner relativement léger. Eviter les grignotages, trop souvent sources d'apports en graisses, sucres et donc calories.
  • Éviter de saler avant d'avoir goûté et limiter la consommation des aliments très salés type chips, cacahuètes, jambons crus...
  • Limiter la consommation d'alcool à un verre de vin par repas.
  • Dans les repas, limiter la consommation de graisses afin qu'elles n'apportent pas plus de 30 % des calories totales alors qu'elles en apportent, en fait, en moyenne 38%. Parmi ces graisses, mieux vaut privilégier les graisses insaturées (huiles végétales, poissons gras) et réduire les graisses saturées et le cholestérol ; ce qui revient en pratique à réduire la consommation de viandes grasses (les plus maigres étant représentées par les volailles, le lapin, le veau), les fromages, les œufs (se limiter à 3 œufs par semaine), le beurre (pas plus de 10 g par jour).
  • Et éviter absolument toutes les fritures.

Consommer des aliments bénéfiques pour le système cardiovasculaire :

  • Les légumes et fruits riches en carotène et en vitamine C (car elles possèdent des propriétés antioxydantes) que sont les carottes, les épinards, les tomates, le melon, les abricots, les agrumes ;
  • Les légumes secs ;
  • Le riz complet et le pain complet (riches en fibres).
  • Consommer des aliments riches en calcium (qui a une action bénéfique sur l'hypertension artérielle) : trois portions de produits laitiers (pas gras) sont donc souhaitables, il peut s'agir de yaourt, de lait écrémé, de fromage blanc ou de fromage jus- qu'à 40 % de matières grasses (mais pas plus d'une portion de fromage par jour).
  • Ne pas oublier certains aliments riches en substances qui protègent les vaisseaux sanguins. Ces substances bénéfiques sont la vitamine E (contenue dans l'huile de tournesol mais aussi de maïs), la provitamine A (contenue dans les carottes, le melon, les abricots), la vitamine C (que l'on trouve dans tous les fruits et légumes frais) et le sélénium (contenu dans les céréales complètes, les champignons, les végétaux et la levure).

Du sport régulièrement

Les bénéfices apportés par l'activité sportive sont nombreux. L'exercice physique améliore :

  • les performances du cœur (en le musclant, il permet des contractions plus puissantes donc plus efficaces) ;
  • améliore la circulation sanguine (ce qui permet une meilleure irrigation des muscles) ;
  • régularise la tension artérielle ;
  • diminue le surpoids ;
  • augmente le bon cholestérol ;
  • agit favorablement sur les métabolismes des graisses et des sucres ;
  • fournit à nos muscles et nos organes un sang riche en oxygène.

De plus, la pratique sportive est un excellent antistress, grand pourvoyeur de maladies cardiovasculaires, et permet une plus facile désintoxication tabagique.

Ajoutons qu'une activité physique régulière - pas n'importe laquelle (voir l'avis médical) - permet de réduire de 33 % le risque de maladies cardiovasculaires.

Mais il ne faut jamais ignorer que 90 % des morts subites surviennent chez des cardiaques qui s'ignorent, particulièrement lors d'efforts physiques. Au cours des exercices, il est donc impératif de ne jamais forcer, de ne pas être essoufflé (si vous courez, vous devez pouvoir soutenir une conversation sans vous asphyxier) et de ne pas avoir de crampes. Un bon petit moyen consiste à prendre votre pouls : la fréquence de votre cœur ne doit pas dépasser un certain chiffre qui est simple à calculer :

Vous soustrayez d'abord votre âge de 220, vous obtenez alors votre fréquence maximale théorique. Admettons que vous ayez 50 ans, cette fréquence est donc de 170. Eh bien, vous ne devez pas dépasser la fréquence maximale pratique qui est de 70 à 85 % de cette fréquence théorique ! Pour vous, 120 à 140 pulsations/minute sont un maximum à ne pas franchir.

En conclusion, nous sommes conscients du problème, mais pas assez concernés

En effet, d'après un sondage effectué par BVA les 28 et 29 janvier 2019, si les Français sont extrêmement conscients de l'importance de la prévention (85 % d'entre eux estiment que les accidents cardiovasculaires sont évitables - et non une fatalité - et 78 % se sentent très concerné par la prévention de ce risque), ils sont encore peu nombreux à passer de l'idée à la pratique.

Ainsi, 70 % des Français déclarent ne pas connaître leur taux de cholestérol et, parmi ceux qui le connaissent, 67 % ont un taux supérieur à 2 g/l !

Les Français continuent à fumer (29 % de la population de plus de 25 ans consomment près de quinze cigarettes par jour), particulièrement les femmes et les jeunes. Enfin, les Français ne sont pas sportifs : Dans une échelle qui va de 0 (quelqu'un qui ne fait aucun sport) à 100 (sportif de haut niveau), 70 % s'attribuent une note inférieure à 50 et même 25 % se situent en dessous de 10.

Seul bon point accordé aux Français : de nouveaux réflexes cuisine. 61 % des Français utilisent le plus souvent des corps gras d'origine végétale en cuisson et, plus globalement, durant la dernière décennie, la consommation de céréales, de légumes, de fruits et de poissons est en hausse. Un bon début !

À retenir : La marche, la natation, la gymnastique douce sont d'excellents sports à pratiquer. Le cyclisme peut l'être aussi, mais sans forcer, de même que le jogging, après bilan cardiaque (si vous vous initiez à ce sport et que vous ayez plus de 55 ans).

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