Ils sont utiles et efficaces pour faire baisser la fièvre et lutter contre la douleur. Mais l'actualité vient de mettre en lumière les effets secondaires de ces médicaments. Nos explications sur ce que vous devez faire de vos anti-inflammatoire.
Sommaire
Anti-inflammatoires : qu’est-ce que les AINS (anti-inflammatoires non-stéroïdiens) ?
Les AINS (anti-inflammatoires non-stéroïdiens) ont trois propriétés fondamentales. À faible dose, ils font baisser la fièvre et soulagent la douleur. À forte dose, ils diminuent l'inflammation. Ils sont donc utilisés pour soigner un large éventail de pathologies, depuis les maux de tête jusqu'aux rhumatismes inflammatoires chroniques.
De nombreux AINS sont commercialisés en France (aspirine à forte dose, ibuprofène, diclofénac, kétoprofène...).
Tous ont une action spécifique sur les prostaglandines, des substances sécrétées par l'organisme au cours de l'inflammation. Pour bloquer ces prostaglandines, ces médicaments stoppent la production d'une enzyme, la cyclo-oxygenase (cox). D’où le nom de la dernière génération d'anti-inflammatoires : les coxibs.
Présentes comme une véritable révolution par les laboratoires pharmaceutiques au moment de leur lancement à la fin des années 1990, les coxibs ont, depuis, suscité des désillusions. Le rofécoxib (vendu sous le nom de marque Vioxx ®) ayant été retiré du marché en septembre 2004, seuls le célécoxib (Célébrex®) et le parécoxib, réservé à l'usage hospitalier, sont encore commercialisés en France.
Depuis l'affaire du Vioxx ®, des études scientifiques ont aidé à mieux cerner les effets secondaires non seulement des coxibs, mais également des AINS classiques.
Beaucoup de questions restent encore en suspens, mais on peut retenir « la règle d'or de la prescription d'anti-inflammatoires », selon l'expression du Pr Gilles - président de la Commission de la transparence à la Haute autorité de santé : « La plus petite dose efficace, le moins longtemps possible. »
Pour quelles raisons les anti-inflammatoires fragilisent-ils le système digestif ?
Tous les AINS sont très agressifs pour la muqueuse de l'estomac et de l'intestin. Souvent, les patients qui en consomment souffrent d'aigreurs ou de nausées, heureusement bénignes. Mais ces complications peuvent parfois aller jusqu'à l'ulcère ou l'hémorragie digestive.
« Dans 20 % des cas, la prise d’un de ces produits entraîne une digestion difficile ou des douleurs d’estomac. On peut alors essayer un autre anti-inflammatoire. Pour les patients à risque qui ont des antécédents de troubles digestifs importants, pour les personnes âgées, et surtout pour les traitements de plus de quinze jours, il faut prescrire en même temps un protecteur gastrique (inhibiteur de La pompe à protons) », précise le Pr Bouvier.
Le principal argument de vente des coxibs, leur meilleure tolérance digestive, est remis en question. Certes, ils agressent moins l'estomac. Mais au-delà de six mois, la différence avec un traitement classique n'est pas significative.
Pour le Pr Francis Parent, chef du service de rhumatologie de l'hôpital Saint- Antoine, à Paris, il manque un élément de comparaison pour compléter la cartographie des anti-inflammatoires : « Nous n'avons pas d’étude comparant le célécoxib à un AINS classique associé à un Protecteur gastrique. Or, en France, dans la majorité des cas, les médecins prescrivent ces deux médicaments ensemble », regrette-t-il.
Pourquoi présentent-ils un risque cardiovasculaire ?
Tous les anti-inflammatoires peuvent gêner le bon fonctionnement des reins, provoquant une rétention d'eau et de sel qui peut, à son tour, aggraver une insuffisance cardiaque ou une hypertension artérielle. Il faut donc les prescrire avec prudence chez les patients à risque.
On sait aujourd'hui que la prise de rofécoxib augmente la fréquence des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux. C'est ce qui a motivé l'arrêt de sa commercialisation.
Depuis, un doute sérieux pèse sur le Célébrex®, surtout pour les traitements de longue durée. « La liste des contre-indications cardiovasculaires de ce médicament est plus longue que celles des anti-inflammatoires classiques », dit Carmen Kraft, responsable de la pharmacovigilance à l’Afssaps.
Dans la foulée, on s'est aussi interrogé sur les AINS classiques, des médicaments beaucoup plus anciens sur lesquels les études ont été moins nombreuses. Une réévaluation complète de ces molécules et de leurs effets secondaires cardiovasculaires est en cours. L'Afssaps estime, selon les données disponibles, qu'il n'y a pas de risque accru avec ces produits-là.
Doit-on arrêter de prendre des anti-inflammatoires ?
Ces traitements restent irremplaçables pour de nombreux malades. En période de poussée, les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ou de spondylarthrite ankylosante ne pourraient pas se lever le matin sans leur anti-inflammatoire.
Le célécoxib garde l'avantage sur le plan digestif par rapport aux médicaments classiques. Mais il a plus d'inconvénients sur le plan cardiovasculaire et coûte cher.
Au médecin de peser la balance bénéfice-risque, en fonction des besoins de son patient et de ses antécédents.