Ménopause : un traitement hormonal personnalisé

Irritabilité, état dépressif, peau sèche, chute des cheveux, bouffées de chaleur... Une panoplie de symptômes handicapants liés à la ménopause. Comment y remédier ?

Femme d’âge mûr épuisée entrant dans la ménopause
© istock

Pourquoi un traitement hormonal substitutif ?

La ménopause est une étape importante dans la vie d'une femme et qui sera vécue différemment selon son éducation, sa personnalité... un certain nombre de troubles sont secondaires à une carence en hormones féminines, puis vient subitement une impression de vieillir, à la différence des hommes.

Le traitement hormonal permet de remédier aux désagréments de la ménopause. Il protège également, dans les années à venir, contre l'ostéoporose, les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux et vraisemblablement la maladie d'Alzheimer.

Il est donc très important de prendre un tel traitement le plus longtemps possible. Cependant, ce traitement, parfois mal accepté, est trop souvent arrêté. Environ la moitié des femmes ménopausées arrêtent leur traitement hormonal substitutif au bout d'un an et demi. Il existe ainsi un problème d'observance lié au médecin lui-même qui doit prendre son temps, rester à l'écoute, être disponible et bien connaître la vie familiale, conjugale et socioprofessionnelle, les éventuels problèmes gynécologiques de sa patiente avant de lui prescrire un traitement hormonal. La femme n'en est pas moins la principale actrice de l'observance, avec ses préjugés, ses convictions vis-à-vis des traitements hormonaux, sa capacité ou non à prendre un traitement au long cours, I importance des troubles dont elle souffre.

Faut-il consulter souvent ?

Un traitement de la ménopause "sur mesure" est bien toléré et efficace. Pour parvenir à un tel objectif, plusieurs consultations sont parfois nécessaires. Les premières consistent à recueillir les réactions, les sensations, les déceptions et permettent au médecin d'adapter ses prescriptions. Si le traitement initial paraît inadapté, une consultation s'impose avant tout arrêt inconsidéré.

Quelques conseils ou modifications de traitement peuvent être nécessaires, en présence de certains symptômes. Parmi ces derniers :

1. Des bouffées de chaleur

Souvent persistantes, elles se caractérisent par une sensation brutale de chaleur au niveau du visage et du haut du corps qui est suivie d'une transpiration excessive. Elles surviennent essentiellement la nuit qui peuvent vous réveiller et vous obliger à changer de chemise de nuit.

Ces bouffées durent de trente secondes à quelques minutes. La persistance ou la réapparition de bouffées de chaleur signifie que vous êtes sous-dosée en estrogènes. Votre médecin augmentera la dose et/ou la durée d'administration afin d'effacer ce symptôme très gênant, tout en vous rassurant car l'angoisse augmente les bouffées de chaleur.

  • Si vos bouffées de chaleur sont surtout nocturnes et source d'insomnie, il vaut mieux prendre les estrogènes le soir au coucher.
  • Si vos bouffées de chaleur réapparaissent à l'arrêt d'un traitement hormonal substitutif (THS) séquentiel, c'est-à-dire avec des périodes sans prises médicamenteuses, votre médecin pourra vous proposer un traitement estrogénique non-stop.

2. Une fatigue

En cas de perte de tonus, irritabilité, état dépressif sans raison, il est préférable de prendre les estrogènes le matin.

3. Des douleurs pendant les rapports

Vous constatez une sécheresse vaginale persistante associée à des douleurs au moment des rapports (dyspareunie). Votre médecin doit s'assurer par l'interrogatoire et l'examen clinique qu'il existe bien une sécheresse locale existant tout au long du cycle et non pas un défaut de lubrification uniquement pendant les relations sexuelles (dû le plus souvent à une absence de désir, à des troubles psychoaffectifs).

Il vous proposera un traitement estrogénique local par crème, ovules et/ou augmentera la dose de votre estrogène.

4. Des seins douloureux

Vous souffrez de mastodynies, c'est-à-dire que vos seins sont tendus, douloureux, vous obligeant parfois à changer de taille de soutien-gorge. La mastodynie peut apparaître au début du traitement ou après quelques cycles. Elle traduit un surdosage en estrogènes, ce qui amènera votre médecin à diminuer la posologie ou la durée d'administration de votre estrogène.

  • Quand la mastodynie est très importante, vous devez arrêter immédiatement la prise d'estrogènes et ne la reprendre que lorsque vos seins sont redevenus souples et indolores, mais à une dose réduite sur les conseils de votre médecin.
  • Si la mastodynie ne touche qu'un seul sein et qu'il existe un nodule à l'examen des seins, votre médecin demandera une mammographie.

5. De "fausses règles"

Habituellement, des saignements ou "fausses règles" surviennent dans les 48 heures après l'arrêt du THS. La durée et l'abondance varient d'une femme à l'autre et parfois d'un cycle à l'autre.

  • Si ces "règles" surviennent avant la fin de votre traitement séquentiel, on augmentera la durée de la séquence progestative, en passant de 12 à 14 ou 15 jours, ou bien on changera de progestatif.
  • Si ces "règles" deviennent plus longues et/ ou plus abondantes, votre gynécologue pratiquera une biopsie de l'endomètre et, si cette dernière se révèle normale, réajustera votre THS.
  • Si vous saignez pendant la prise de votre traitement (métrorragies), cette éventualité est assez fréquente durant les premiers mois, voire la première année d'un THS sans règles. Il s'agit le plus souvent de petits saignements intermittents, sans gravité, dont votre médecin a dû vous informer.

Ces petits saignements disparaissent le plus souvent avec la poursuite du traitement. Si tel n'était pas le cas, consultez à nouveau votre gynécologue qui recherchera une éventuelle pathologie organique (polype, fibrome...).

Si le bilan est normal, il modulera votre THS.

6. Une prise de poids

Vous pensez que votre traitement hormonal en est la cause. Or la plupart des femmes, au moment de la ménopause, constatent une modification de la répartition des graisses et de la silhouette, avec augmentation du tissu adipeux abdominal.

On a montré que les femmes qui prenaient un THS avaient une prise de poids moins importante et moins fréquente que celles n'en prenant pas.

Dans la majorité des cas, la prise de poids s'inscrit dans une évolution liée à l'âge, indépendante de la prescription hormonale. Il y a le plus souvent coïncidence dans le temps entre la prise de poids et celle du THS. Toutefois, dans quelques cas, la prise de poids qui se manifeste plutôt par un gonflement généralisé est liée à un surdosage en estrogènes. De plus, l'utilisation de progestérone naturelle, qui est légèrement diurétique, pourra remplacer efficacement un progestatif de synthèse.

7. Des migraines

Elles réapparaissent lors de l'interruption d'un THS séquentiel. Certaines femmes migraineuses voient souvent leurs crises déclenchées par l'arrêt du traitement. En fait, c'est l'arrêt de la prise d'estrogènes qui semble être en cause. Le choix d'un THS sans règles - la prise d'estrogènes est continue - est une bonne solution à ce problème.

8. Un excès de poils

Vous constatez l'apparition de poils surtout sur le visage (menton, moustache), ce qui peut retentir sur votre vie psychoaffective et sociale. Ne vous inquiétez pas, cette pousse de poils, dénommée hypertrichose ou hirsutisme selon son importance, survient fréquemment chez les femmes ménopausées. En effet, si une partie des ovaires, la granulosa, cesse de fonctionner et donc de produire des ovules et des estrogènes, une autre région des ovaires, le stroma, continue à synthétiser des androgènes ou hormones mâles, de même que les surrénales, petites glandes situées au-dessus des reins.

Chez certaines femmes, il existe ainsi un déséquilibre entre estrogènes et androgènes au profit des hormones mâles qui transforment le duvet en poil. Votre médecin remplacera alors la progestérone naturelle ou de synthèse par un progestatif particulier. Ce progestatif, prescrit à raison de 1/2 à 1 comprimé en association avec votre estrogène habituel, a le pouvoir de ralentir la pousse des poils et de vous redonner un visage féminin.

Ce produit est également efficace sur la chute de cheveux qui accompagne fréquemment cet excès de pilosité. Si les bénéfices du traitement hormonal substitutif sont nombreux, importants et reconnus par tous, il n'en reste pas moins qu'il est in- suffisamment prescrit et, quand il l'est, les femmes le suivent peu de temps et souvent mal. Il n'existe pas d'hormonothérapie substitutive standard. Un même traitement ne peut résoudre tous les problèmes de la ménopause chez toutes les femmes. Pour qu'un traitement de la ménopause soit bien accepté, il faut que la femme soit motivée, éclairée par son médecin sur les bienfaits d'un tel traitement, sur les modalités du traitement lui-même en s'aidant d'un schéma précisant les durées de prise de chaque produit elle doit aussi être informée des éventuels effets secondaires dus à un traitement in- adapté. Ainsi, la femme n'hésitera pas à re-consulter son médecin pour qu'il module, adapte son traitement hormonal. Un traitement bien compris et personnalisé est un traitement bien suivi.

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