Selon des études américaines et anglaises, il augmenterait, entre autres, le risque de cancer du sein lorsqu'il a été pris pendant plus de 5 années. D'où l'inquiétude des femmes ménopausées sous traitement hormonal substitutif (THS). Que doivent-elles faire ?
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Traitement hormonal : Ferait-il plus de mal que de bien ?
Aujourd'hui, des femmes consultent leur médecin en s'interrogeant sur les bienfaits du traitement hormonal substitutif (THS).
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À ses débuts, la grande majorité des gynécologues, endocrinologues ou généralistes, convaincus par les bénéfices de ce traitement, le prescrivaient à beaucoup de femmes ménopausées.
On leur assurait qu'il limitait les effets indésirables de la ménopause (bouffées de chaleur, troubles de l'humeur...) et surtout qu'il protégeait de nombreuses maladies (cardiaques, vasculaires, osseuses...) et ne comportait aucun risque.
Seulement voilà ! Des études américaines récemment publiées ont largement remis en cause le THS, montrant une légère augmentation du risque de cancer du sein, d'accident cardiovasculaire ou de maladie d'Alzheimer...
Après ces enquêtes, dont les résultats ont été contestés en France (car les hormones testées sont peu utilisées dans l'Hexagone et la population concernée n'est pas la même), une étude anglaise de grande ampleur, portant sur des traitements couramment prescrits en Europe, est venue confirmer l'augmentation du risque de cancer du sein. Ces résultats entachent la réputation du traitement de la ménopause.
Alors, que doivent faire les deux millions de Françaises qui sont déjà sous THS ? Arrêter leur traitement et renoncer à un confort de vie sans bouffée de chaleur, épisodes dépressifs ni insomnie ou décider de le continuer malgré ses risques à plus ou moins long terme ? Ce choix difficile est à prendre individuellement avec son médecin.
Pour l'heure, d'autres solutions sur-mesure existent et méritent, sûrement, d'être elles aussi essayées.
1. Les risques du THS vous inquiètent
→ Votre médecin peut vous proposer d'arrêter votre traitement pour voir si vous vous sentez mieux.
> On peut arrêter le THS à tout moment sans aucun danger. Il faut interrompre le traitement au moins un mois, le temps d'évaluer la situation, c'est-à-dire de voir si les symptômes de la ménopause (ré)apparaissent comme les troubles climatériques (bouffées de chaleur, sécheresse de la peau, de la muqueuse vaginale, troubles de l'humeur, de la libido et du sommeil) ou le risque d'ostéoporose.
C'est aux femmes d'analyser comment elles se sentent après avoir arrêté.
Les médecins suggèrent pour cela de noter dans un carnet toutes les sensations qu'elles éprouvent jour après jour, puis d'évaluer avec leur eux les avantages et les inconvénients avant et après l'arrêt de leur traitement.
Si au bout de cette période d'essai, vous estimez que votre traitement vous est indispensable, car vous souffrez de nouveau de troubles - dont les bouffées de chaleur qui ne vous laissent aucun répit - vous pouvez choisir de le reprendre. Mais sachez que si, aujourd'hui, le THS est sûrement le traitement le plus efficace contre l'ensemble des troubles de la ménopause, d'autres traitements existent.
2. Vous êtes satisfaite de votre traitement
→ Il vous apporte équilibre et bien-être, une qualité de vie inestimable par rapport aux éventuels risques.
C'est souvent le cas de femmes qui étaient victimes auparavant de fréquentes et insupportables bouffées de chaleur et/ou menacées d'ostéoporose avec risques de fractures, et pour qui le THS a été très efficace. Si c'est votre décision et que vous I avez prise après en avoir discuté avec votre médecin, sachez qu'il ne vous dispense en aucun cas d'une surveillance rapprochée.
Pour le Dr Henri Prat, gynécologue :
« Il n'existe aucune raison scientifique d'interrompre un THS, à condition qu'il soit bien supporté et bien surveillé. Le traitement peut alors se poursuivre tant que durent les symptômes. »
Une réévaluation régulière des bénéfices et des risques est néanmoins conseillée, surtout au-delà de cinq ans de traitement. Pour cela, le seul moyen est alors de l'arrêter et de mesurer les effets réapparition des symptômes, risque d'ostéoporose.
Faites-vous surveiller
La surveillance pendant le traitement est identique à celle dont devraient bénéficier toutes les femmes de plus de 50 ans, même en l'absence de traitement. Elle consiste en une à deux consultations annuelles, des frottis réguliers, des bilans sanguins du sucre et des graisses, et une mammographie tous les deux ans, voire tous les ans.
D'autres examens peuvent aussi être proposés comme un bilan urodynamique (troubles génito-urinaires) ou une mesure de la densité osseuse (ostéodensitométrie) pour contrôler la masse osseuse et évaluer l'intérêt du THS sur le risque d'ostéoporose. Ce dernier examen n'est pas remboursé par la Sécurité sociale.
Les femmes sous THS doivent être suivies de près, les contrôles restent les mêmes. Elles prennent moins de risques en continuant un THS sous surveillance qu'en arrêtant de se faire suivre quand elles ne sont plus sous traitement.
Si vous souhaitez arrêter votre traitement, il existe en effet d'autres solutions.
1. Vous avez des bouffées de chaleur
Le médecin peut vous proposer différents traitements, comme la bêta alanine (un acide aminé) ou le véralipride (un neuroleptique à utiliser sur une courte durée par cure de vingt jours, par exemple), qui sont utilisés depuis longtemps, ou les phyto-œstrogènes (issus d'hormones végétales) dont l'efficacité est plus ou moins contestée.
D'autant que leur composition peut varier d'un produit à l'autre, puisqu'aucune norme de fabrication ne conditionne leur mise sur le marché.
2. Vous avez un risque d'ostéoporose
Il est décelé après avoir fait une ostéodensitométrie (après arrêt du THS). En prévention ou pour traiter des fractures, deux types de produits sont efficaces :
- Les bisphosphonates, qui augmentent la densité osseuse des vertèbres, du col du fémur et des os longs et préviennent les risques de fractures (ces produits existent désormais en prise hebdomadaire et sont mieux tolérés) ;
- et les SERMs (Modulateurs Sélectifs des Récepteurs aux Œstrogènes).
Le seul modulateur commercialisé en France, avec l'indication de prévention de l'ostéoporose post-ménopausique est le raloxifène. Il prévient les fractures vertébrales, mais son efficacité sur les fractures du col du fémur et des os longs reste à démontrer.
Autres inconvénients : il peut provoquer des bouffées de chaleur, des crampes dans les jambes et n'est pas remboursé par la Sécurité sociale (sauf en cas d'antécédent de fracture ostéoporotique).
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3. Vous souffrez de bouffées de chaleur et d'ostéoporose
Rien ne vous empêche d'associer les traitements pendant la ménopause : le médecin pourra prescrire un bisphosphonate ou le raloxifène avec la bêta-alanine, le véralipride ou des phytoestrogènes.
Autre solution : la tibolone (stéroïde synthétique) semble constituer, par ses effets plus larges, une alternative intéressante au THS. Ce médicament agit en effet sur les bouffées de chaleur, mais aussi sur la trophicité des muqueuses vaginales et sur la libido. Il pourrait augmenter la densité osseuse, même si son efficacité sur la prévention des fractures vertébrales n'est pas, pour l'instant, prouvée (des études sont en cours). Ses avantages à long terme et son innocuité restent aussi à confirmer.
Le médecin peut aussi proposer d'associer des traitements locaux, comme des préparations à base d'hormones (ovule ou crème) pour pallier la sécheresse vaginale, ou des crèmes à base de phyto-estrogènes contre le vieillissement cutané.
Tous ces traitements, mis à part la tibolone dont les éventuels risques de thromboembolie veineuse, de maladie cardiovasculaire ou de cancer du sein restent encore mal évalués ou incertains, sont des alternatives en cas de contre-indication au THS. Mais le raloxifène pourrait réduire le risque de cancer du sein (des expérimentations sont en cours).
A moins de souffrir de très nombreuses bouffées de chaleur par jour, cela vaut peut-être la peine d'essayer un ou plusieurs de ces traitements avant de reprendre votre THS.
Et si vous décidez de l'arrêter définitivement, même si vous n'avez aucun symptôme, continuez à vous faire suivre régulièrement par votre gynécologue tous les six mois.
Quelle que soit la solution choisie, il faut aussi adopter une bonne hygiène de vie, premier geste de prévention contre tous ces troubles envisagez d'arrêter de fumer, évitez l'alcool, facteurs de risque cardiovasculaire et d'ostéoporose. Sans oublier une alimentation riche en calcium et une activité physique adaptée.
Et les médecines douces ?
Depuis les questions soulevées par le THS beaucoup de femmes se tournent vers la phytothérapie, avec en particulier les phyto-œstrogènes, l’homéopathie ou encore les oligoéléments.
Ces solutions peuvent être envisagées en fonction des troubles et des problèmes que vous présentez. En cas d'ostéoporose, n'attendez pas de ces produits une réparation osseuse. En revanche, en cas de bouffées de chaleurs les isoflavones de soja sont recommandés par certains médecins.
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