Pourquoi vieillissons-nous ?

Pourquoi vieillissons-nous ?

 

pourquoi vieillit-on

L’espérance de vie (âge moyen de mortalité) des Français était de 45 ans, il y a à peine plus d’un siècle.

Aujourd’hui elle atteint presque 80 ans (79,3 pour les hommes et 85,5 pour les femmes). Une modification des conditions de vie peut, en partie, expliquer cette progression. Mais celle-ci est avant tout due aux progrès médicaux, progrès réalisés dans le domaine du diagnostic, du traitement et de la prévention. C’est cette avancée qui est incontestablement à l’origine du vieillissement de la population.

Devant cette réussite, les médecins espèrent continuer et ne pas s’arrêter là... leurs patients non plus d’ailleurs ! L’immortalité fait partie des plus vieux mythes. Que n’a-t-on essayé comme 30 cures de rajeunissement et autres produits miracles ? Du fameux sérum de Rogomoletz aux cellules fraîches et aux cures de procaïne dispensées sur le bord de la mer Noire... Aujourd’hui, aucune méthode, aucune molécule n’a fait la preuve scientifique de son efficacité pour rajeunir ou prolonger la vie.

Pourquoi ? Parce que, apparemment, la mort est un phénomène inéluctable qui fait suite au vieillissement. Mais pour quoi vieillissons-nous ? On dispose maintenant de plusieurs hypothèses pouvant expliquer le vieillissement. On ne sait quelle théorie prédomine, si toutes s’imbriquent ou s’il en existe d’autres, encore inconnues à ce jour.

Des cellules programmées pour 120 ans

Que savons-nous à l’heure actuelle ? Que nous vieillissons, car nos organes vieillissent, et cela du fait que nos cellules prennent de l’âge. Comment?

La cellule n’a pas grand choix : elle semble programmée pour se diviser un certain nombre de fois, ce nombre étant fonction de l’espèce mais aussi de l’organe auquel elle appartient. Au terme de ces divisions, la cellule meurt.

Malgré l’existence hypothétique de divers multicentenaires (Mathusalem aurait vécu plus de 900 ans), l’espèce humaine est apparemment programmée pour vivre au maximum 120 ans. Curieusement, la longévité maximale des singes (espèce très proche de la nôtre) est fixée à 40 ans. Seule une origine génétique peut expliquer cette différence.

Autre hypothèse : celle de l’usure. Au fur et à mesure des divisions, la cellule s’altérerait, des accidents surviendraient au niveau du noyau des cellules.

Conséquence : la cellule se modifie. Des changements peuvent être observés.

Cette cellule change d’aspect et perd sa fonction initiale. De ce fait, au niveau des tissus et des organes, apparaissent une rigidification, une perte d’élasticité, une rétraction, une perte de volume.

Mais il existe une autre possibilité pour la cellule : qu’elle devienne cancéreuse et immortelle. En effet, une cellule cancéreuse perd les propriétés d’une cellule normale, elle se divise indéfiniment et, de ce fait, ne peut plus mourir.

Normalement, la cellule sait réparer les accidents qui surviennent dans son noyau. Mais, avec le temps, non seulement elle sait moins bien réparer mais, de plus, elle est débordée par ces accidents qui s’accumulent : s’ils parviennent à s’exprimer, c’est le cancer. Il semble donc bien que le mécanisme du vieillissement et celui de la “cancérisation liée à l’âge” soient extrêmement liés, ce qui fait espérer que des découvertes dans un des domaines fasse avancer l’autre.

Trop de radicaux !

Il existe d’autres théories, outre cette “prédisposition génétique” et l’usure de nos cellules.

La plus en vogue repose sur le rôle d’un excès de radicaux libres. De quoi s’agit-il ? De substances réactives qui se forment sous l’action de l’oxygène.

Normalement, la cellule est pourvue de systèmes de défense “anti-radicaux libres” ; mais s’ils sont débordés ou insuffisants (ce qui pourrait être lié à l’âge), les radicaux libres attaquent les cellules, qui meurent. D’où l’idée d’utiliser des “anti-radicaux libres », la vitamine E par exemple. Cependant, les expériences menées jusqu’à ce jour n’ont pas montré de grands changements, ni sur le vieillissement ni sur la mortalité.

Ce serait une des explications du vieillissement plus lent en altitude, où l’oxygène est moindre, ou encore en cas de restriction calorique (où la dépense d’énergie est moins élevée). Ce serait également une des explications du vieillissement prématuré des trisomiques 21 qui semblent dépourvus de ces systèmes de défense.

Il existe encore d’autres théories :

  • Celle des horloges biologiques : le vieillissement des organes serait contrôlé par des hormones régies par deux glandes, l’hypophyse et le thymus.
  • Celle des radiations naturelles: celles-ci provoqueraient l’accumulation d’accidents au niveau de l’ADN.
  • Enfin, la théorie du train de vie repose sur l’idée que chaque organisme dispose d’un quota d’énergie à consommer, la durée de vie étant fonction de l’utilisation de ce quota.

A partir de ces hypothèses, des expériences ont été menées sur les animaux :

  • On a augmenté la durée de vie des poissons, en réduisant la température de l’eau dans laquelle ils vivent et en diminuant leurs apports alimentaires.
  • Chez les animaux à sang chaud, tel le rat, on a raccourci la durée de vie en mettant ces animaux en hypothermie.
  • Enfin, on a pu augmenter la durée de vie de la mouche drosophile en réduisant non seulement la température ambiante mais aussi son activité physique.

Des expériences sont tentées aux États-Unis chez des primates, mais nul ne sait ce que cela donnerait chez l’homme.

Les centenaires à l’étude

Malgré toutes ces hypothèses et expériences, le déterminisme génétique semble si important que l’on ne voit pas comment dépasser cette longévité maximale, il n’est pas sûr, d’ailleurs, que ce ne soit pas un bien!

Puisque, d’après les études réalisées, l’homme ne peut vivre au-delà de 120 ans, les chercheurs orientent leur “rêve” vers une nouvelle voie : que tout le monde parvienne à cet âge canonique. A cette fin, en liaison avec les gérontologues et les généticiens, ils s’intéressent de très près aux centenaires, qui sont de plus en plus nombreux.

Pourquoi ? Parce que, semblerait-il, ils ont percé le mystère de la longévité. Ils ont évité les maladies qui tuent normalement entre 60 et 80 ans, avant tout les cancers et les maladies cardiovasculaires. Pour trouver une cause à cette résistance particulière, ces centenaires ont été étudiés “à la loupe”. On a tenté de retrouver dans leur mode de vie, leur origine sociale et leur activité professionnelle une explication. Mais malheureusement, rien n’a été découvert. Les centenaires représentent, en effet, une population très hétérogène : certains furent très sobres, d’autres ont bu et fumé toute leur vie, certains menèrent une vie passionnée, d’autres sans aucun intérêt...

D’où l’idée des généticiens de retrouver une origine génétique à cette longévité extrême. Les centenaires seraient-ils porteurs d’un gène qui les protégerait contre les maladies “mortelles” ? Une étude en cours étudie les gènes des centenaires et fratries de nonagénaires vivant en France. Quel résultat va-t-on en tirer ? Que va-t-on faire d’une éventuelle découverte? L’avenir seul le dira.

Mieux vivre et plus longtemps

En attendant de retrouver ce gène de la longévité, les médecins tentent de réduire la fréquence de ces maladies mortelles, grâce à l’éviction des facteurs de risques qui sont à l’origine de nombreux cancers et maladies des vaisseaux. Si, un jour, ce vieillissement “pathologique” évitable disparaît, il ne restera que le vieillissement “physiologique”. Alors, vivrons-nous tous jusqu’à 100 ans ?

Peut-être, mais il faut espérer que ce soit dans de bonnes conditions... Car on fera augmenter les maladies liées à l’âge que sont les maladies dégénératives, l’arthrose, les déficits sensoriels (surdité, cécité), mais surtout les démences (et, avant tout, la maladie d’Alzheimer). Les progrès pour lutter contre ces maladies sont constants. Ils sont indispensables car faire vieillir n’est pas tout, encore faut-il apporter à ces personnes très âgées une qualité de vie qui n’est pas courante de nos jours.

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