Prothèse de hanche : ne pas la redouter

Quand l'articulation est usée et la douleur omniprésente. Quand tous les gestes sont limités... alors il ne faut pas hésiter si votre chirurgien orthopédiste envisage cette intervention de prothèse de hanche.

Prothèse de genou et de hanche pour la médecine
© istock

Une intervention courante

Chaque année, plus de 100 000 personnes se font poser une prothèse totale de hanche. C'est le rhumatologue ou le médecin généraliste qui vous adresse à un chirurgien orthopédiste. Celui-ci propose une prothèse quand l'usure articulaire entraîne des douleurs importantes, résistant à tous les traitements. Il est important de ne pas se décider trop tard, de ne pas attendre que la limitation des mouvements ait déjà eu un retentissement sur les muscles, les ligaments et les tendons entourant l'articulation. La récupération de sa souplesse et de sa mobilité est à ce prix.

Avec 40 ans de recul et des millions de patients opérés dans le monde, l'intervention qui consiste à remplacer l'articulation de la hanche a fait ses preuves.

Désormais, les prothèses sont de plus en plus performantes. Au début, seules existaient les prothèses cimentées. Depuis une vingtaine d’années, les prothèses sans ciment se développent. Aujourd'hui, tous les patients bénéficient de ce procédé. Reste à choisir la prothèse (taille, matière) la mieux adaptée à chacun.

En quatre décennies, les chercheurs ont travaillé pour augmenter la survie de la prothèse, qui est pour le moment de 10 à 25 ans. En diminuant l'usure "là où ça frotte".

Résultat : les prothèses sont des petits bijoux de technologie et leur composition a évolué. Il existe plus de 400 modèles, chacun ayant ses qualités et ses défauts. Différents matériaux peuvent être utilisés pour leur fabrication : polyéthylène, acier, titane, céramique.

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Diminuer l’usure de la prothèse de hanche

Actuellement, les spécialistes ne sont pas d'accord pour définir la prothèse "Idéale". La céramique d'alumine a l'avantage de ne générer que très peu de débris et de résister à l'épreuve du temps. Le polyéthylène est davantage un facteur d'usure, mais de nouvelles générations de ce polymère sont à l'étude.

Étant donné les progrès accomplis depuis les années 1960 dans la qualité des matériaux utilisés, les cassures sont devenues exceptionnelles. Pourtant, il y a quelques années, on a déploré la rupture de certaines prothèses en céramique de zircone. L'ANSM (L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a suspendu provisoirement la distribution de certaines prothèses en cette matière.

Cet organisme conseille d'ailleurs aux spécialistes ayant posé ce type de prothèses de suivre régulièrement leurs patients, voire de leur proposer un changement de la tête en zircone par une tête métallique pour éviter un éventuel problème. Les patients pourront se renseigner auprès de leur chirurgien.

Chaque technique a ses avantages

Pour restaurer le fonctionnement normal de l'articulation, les chirurgiens ont mis au point plusieurs techniques opératoires. Celles-ci diffèrent par la localisation de l'incision. « La voie est choisie en fonction des caractéristiques anatomiques, du poids du patient... mais également des habitudes du chirurgien », explique le Dr Jacques Caton.

L'opération la plus courante se fait par voie postérieure (incision en arrière de l'articulation).

  • Point fort : le patient peut remarcher rapidement.
  • Point faible : cette technique augmente un peu le risque de luxation (postérieure) de la hanche.

Depuis une dizaine d'années, des chirurgiens utilisent la voie antérieure.

Point fort : l'incision en avant de l'articulation évite toute lésion musculaire et permet également de se remettre très rapidement debout.

« Elle devrait se développer à l'avenir, avec l'essor de la chirurgie mini-invasive », estime le Dr Lesur.

Autre possibilité, la voie latérale. Deux techniques existent, mais la récupération de la marche se fait parfois plus lentement.

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Plusieurs semaines de surveillance après l’opération

L'usure de la prothèse est provoquée par des particules, notamment celles en polyéthylène, entraînant une réaction inflammatoire pouvant altérer l'os (ostéolyse autour de la prothèse). Il faut repérer, par des contrôles radiologiques, toute anomalie éventuelle pour intervenir avant que les dégâts osseux ne provoquent des douleurs et un descellement de la prothèse.

Le bon rythme de surveillance ? « Trois mois après l'intervention, puis un an après, ensuite tous les deux à trois ans », suggèrent les chirurgiens.

Certains problèmes doivent alerter. Ainsi, une douleur, ou une boiterie, impose une consultation immédiate.

Idem en cas d'apparition de douleur aiguë et de fièvre, de rougeur de la cicatrice ainsi que de gonflement douloureux de l'articulation.

Du sport… mais pas de marathon avec une prothèse !

Un patient porteur d'une prothèse de hanche doit mener une vie normale. Mais il faut éviter le parapente... et tous les sports qui impliquent des microtraumatismes répétés, des impacts ou des chutes. Exit le football, le judo, le basket-ball et le marathon... à remplacer par la marche, le vélo ou encore la natation.

Il faut suivre en tout point les recommandations du chirurgien. En sachant que celles-ci vont être plus strictes dans les mois qui suivent l'intervention. Et surtout faire surveiller régulièrement sa prothèse...

Pour mieux comprendre

Shema Prothese HancheEn cas d'arthrose, la prothèse est totale, c'est-à-dire qu'elle va remplacer les deux composantes de l'articulation. Avec une partie "côté fémur", constituée d'une sphère prolongée par une tige métallique, et une partie "côté bassin", destinée à être fixée sur la cotyle, la zone articulaire de l'os iliaque.

Le mode d'ancrage de la tige dans l'os varie. II existe deux options. Sans ciment la prothèse est ancrée de façon biologique.

Elle est recouverte d'un enduit de surface microporeux et l'os, en perpétuel renouvellement, va venir habiter ces pores et, ainsi, stabiliser définitivement la prothèse.

Les premiers jours après l'intervention

Il faut maintenir l’articulation dans une position idéale au moment où elle se stabilise. Le mieux est de dormir avec un oreiller entre les jambes pendant les deux à trois premières semaines après l’intervention

La rééducation est fondamentale dès les premiers jours pour retrouver confiance et mobilité. À continuer avec l'aide d’un kiné, à domicile ou dans un centre spécialisé selon ravis du chirurgien.

Il faut aménager sa maison. En mettant, par exemple, un rehausseur de toilettes, des barres d’appui dans la salle de bains, des sièges hauts avec accoudoirs...

Vous avez la sensation que la jambe est plus longue ? Cette impression va se "tasser" en trois à six mois. De toute façon, une petite inégalité de longueur n'est pas préoccupante.

Soyez patient. En pratique, il faut six mois à un an avant d'obtenir un résultat optimum, Après, huit personnes sur dix "oublient" leur prothèse.

Les précautions à prendre

  1. Certains gestes sont à bannir ou à limiter pour que la prothèse ne se déboîte pas. Ainsi, éviter de croiser les jambes en position assise et de s’accroupir.
  2. Les piqûres dans la fesse sont à proscrire. Et pas d'infiltration sans avis préalable du chirurgien.
  3. Traiter toutes les infections - nez, gorge, dents... - pour éviter que les germes ne migrent et n'infectent la prothèse. Bien désinfecter toutes les égratignures et éviter les séances de pédicure trop agressives, pour la même raison,
  4. Demander un certificat au chirurgien au cas où la prothèse ferait sonner les alarmes de contrôle dans les aéroports.

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