La panne sexuelle : une infirmité ? Pas du tout et aucun homme n'y échappe ! Les causes sont évidemment très variées. Toutes nos explications et retours d'expériences sur un phénomène qui ne doit pas vous inquiéter.
Sommaire
Différentes raisons aux troubles de l'érection
Éliminons les raisons purement médicales (alcoolisme sévère, etc.) ou psychiatriques (névrose grave, schizophrénie...) qui demandent les unes et les autres des traitements particuliers. Restent... les problèmes conjugaux, qui, à eux seuls, justifient la moitié des consultations d'hommes inquiets devant la machine qui ne "fonctionne plus". Un constat d'ailleurs rassurant : si les tracas du quotidien suffisent à expliquer la moitié des "accidents d'oreiller", c'est que le mal n'a aucune source physiologique : il se soignera avec d'autant plus de rapidité.
Alors, d'où viennent ces pannes si gênantes ? Du trac tout simplement ; et précisément d'une émotivité mal contrôlée qui coupe tous les élans. "Faire l'amour, c'est comme une pièce de théâtre", dit le proverbe. Que ce soit la première ou la millième fois, le trac peut être exactement le même et paralyser le ou les partenaires. C'est une représentation unique, jamais gagnée à l'avance. Il suffit d'un grain de sable pour que la machine s'enraye... et les problèmes conjugaux sont parfois de gros grains de sable !
Les exemples ne manquent pas : des émois du jeune premier aux tracas du monsieur qui vit mal la réussite de sa compagne, jusqu'aux soucis de celui dominé par une femme acariâtre, le maître-mot de ces situations est "trop". Trop amoureux pour passer à l'acte, trop impressionné pour pouvoir agir ou trop malmené pour réagir. Un excès pas toujours propice à une sexualité épanouie.
À lire aussi : Troubles de l'érection : et si c'était lié à un traitement médical ?
Difficile, l'entrée en scène
Premier cas : le novice. Un scénario classique : au moment tant attendu, ce n'est pas exactement la nuit de rêve que l'on imaginait depuis des mois.
Résultat : une virilité mise à mal et une petite amie surprise devant si peu de réactions. Florian, 20 ans, se souvient :"Cela faisait un an et demi que je l'avais en tête jour et nuit. Et puis, le jour de passer à l'acte, rien ! La honte totale. Heureusement qu'elle ne s'est pas froissée de ces premières fois... inexistantes ! "
Mais la raison de ce blocage est assez banale, au dire des spécialistes. Le docteur Bernard explique facilement ces accidents de parcours : "L'homme a tellement déifié sa compagne qu'il est incapable de passer à l'acte : il la salirait en la touchant.
On le voit, l'idolâtrie n'est jamais très constructive on idéalise complètement la femme aimée, ce qui n'est pas le plus court chemin vers l'amour véritable ! Difficile d'affronter la réalité quand on s'était imaginé faire l'amour sur des draps de soie, dans un univers ouaté plus proche des nuages que d'un bon matelas.
Descendez votre partenaire de son piédestal
La solution, pour ces novices paralysés le jour J ? D'abord, qu'ils se rassurent : la situation est en général transitoire.
Passé les premiers moments d'anéantissement, la nature et la réalité reprennent le dessus. De toute façon, la solution est dans la tête. Il s'agit de savoir faire la part entre les fantasmes et la réalité, sans s'interdire de rêver. Celle que vous désirez n'est pas une princesse intouchable. Et même si, dans vos fantasmes, vous avez un peu modifié la réalité, ce n'est pas à la créature qui peuple vos rêves que vous ferez l'amour, mais à une femme en chair et en os. La nuance, parfois, est de taille.
De plus, pas d'inquiétude excessive : on ne naît pas initié à la sexualité, on le devient. C'est par l'attention de tous les jours, par la connaissance de ce qui plaît ou déplaît à sa compagne, par une confiance en soi gagnée petit à petit que l'on devient plus habile, et plus maître de ses émotions... Cela permet de surmonter sans peine le trac qui noue les entrailles, les premières fois, paralysé qu'on est par sa maladresse et sa méconnaissance du sujet.
Enfin, un conseil : l'amour n'est ni un marathon, ni une compétition sportive. Il n'est donc pas question de comparer ses performances à d'autres. Ce qui réussit à votre couple peut déplaire à d'autres. Alors, autant apprendre à mieux connaître son couple pour identifier les désirs et les envies de chacun, et savoir y répondre.
À lire aussi : Problèmes d’érection : traitements et témoignages
Ils se sentent "dévirilisés"
Mais les pannes n'interviennent pas uniquement au début de sa vie sexuelle. Alors que le couple peut s'aimer sans orages, et les enfants grandir sans heurts, il arrive que de tels ennuis surviennent, d'autant plus troublants qu'ils paraissent infondés. C'est à 35 ans que Pierre a connu ses premières pannes sexuelles : "Ma femme venait de changer de travail. Elle changeait de secteur et, avec son esprit vif et sa ténacité, elle a très vite grimpé dans la hiérarchie. J'étais content pour elle : je la sentais très heureuse de sa nouvelle réussite." Content, peut-être, mais Pierre s'est retrouvé déstabilisé : très vite, sa femme a rattrapé et dépassé son salaire. La "balance" qui existait entre eux deux s'est inversée : après avoir toujours été en position de confiance en soi, face à une épouse plutôt discrète sur son travail, voilà qu'il se découvre une autre femme : heureuse de travailler, d'en parler et de bien gagner sa vie.
Mais pour Pierre, la situation n'est pas aussi simple : "Nos rapports devaient évoluer. Alors qu'auparavant, j'avais tendance à centrer notre vie sur mes projets professionnels, désormais il fallait rééquilibrer la situation", dit-il.
C'est avec d'autant plus de trouble qu'il découvre sa difficulté à faire l'amour avec sa femme. Pas ou peu d'excitation : une situation qu'il n'avait jamais connue. Et ça tombe juste au moment où il se sent fragilisé par cette nouvelle conjoncture.
Décidément, rien ne lui est épargné ! En fait, les deux événements sont liés. Pierre se sent déstabilisé ; résultat : ce sont toutes ses réactions d'homme qui s'en trouvent perturbées. "Je me disais qu'elle avait moins besoin de moi. J'avais l'impression qu'elle évoluait plus vite que moi. C'est mon rôle en entier que je remettais en question, y compris sur un plan sexuel : je me sentais maladroit et empoté. Alors évidemment, ça ne m'aidait pas à reprendre confiance en moi ! Heureusement qu'elle a compris ce qui se passait dans ma tête."
Une attitude très courante, selon le Docteur Bernard "Beaucoup d'hommes se sentent dévirilisés dans le cas où leurs compagnes gagnent plus qu'eux". Déstabilisé par la réussite de sa femme, c'est en lui-même que Pierre se sent atteint, et particulièrement dans son identité d'homme. C'est cette identité vacillante qui explique son impuissance passagère.
Mais non, le ridicule ne tue pas
La solution ? Il n'y a évidemment pas de remède miracle. Avant tout, le couple doit retrouver la confiance et l'intimité. Le premier des rapprochements à effectuer est, comme souvent, la parole. Oser se dire ce qui ne va pas. Sans avoir peur du ridicule et sans être gêné.
Il faut donc parler, même si vous vous sentez un peu honteux de penser : "ça m'ennuie que ma femme gagne plus d'argent que moi ; ça m'impressionne et je me sens diminué." Il faut accepter que les sentiments que nous éprouvons ne soient pas tous nobles. Mais c'est précisément en laissant s'exprimer ces pensées difficiles à garder pour soi que le corps se remettra à fonctionner. Dans le cas contraire, il continue de se focaliser sur ce qui cloche et les fiascos futurs ne feront qu'augmenter le malaise.
Il s'agit donc de comprendre en quoi le salaire de votre femme remet en cause votre couple. Reconnaître par exemple qu'un salaire - s'il modifie quelques données - ne remodèle pas le couple de fond en comble. La richesse d'une personnalité ne se limite heureusement pas à celle de son portefeuille...
Le dernier cas concerne les hommes malmenés par des épouses revêches. Difficile, quand on vit avec une femme qui ne s'attache qu'à la face négative des choses, d'avoir une sexualité épanouissante. Quentin raconte : "Ma femme n'a jamais été très optimiste. Au début, je supportais bien, mais après quelques années de mariage, son attitude, lorsque nous faisions l'amour, me glaçait. J'avais l'impression qu'elle me jugeait en permanence. Résultat : ça ne marchait plus."
L'affrontement sexuel, le fiasco assuré
Quoi de plus normal que ces fiascos quand la relation sexuelle se vit comme un affrontement ? Comme le souligne Léo Bernard : "La sexualité nécessite un climat de sécurité, ainsi qu'un certain érotisme". Or il arrive que ces femmes, refusant de caresser leur mari, créent un climat propice à tout sauf à l'amour. "Il est difficile d’être excité quand votre conjoint refuse de vous toucher ?" ajoute-t-il.
Pour ces couples, le dialogue doit être renoué et vite. Il faudrait savoir ce que cache la dureté de la femme (souvent une douleur que l'on fait porter aux autres), afin d'envisager à deux la solution adéquate. Le mari doit savoir que servir de bouc émissaire n'est pas une solution viable : cela permet un temps de ne pas affronter certains problèmes, mais ils finissent toujours pas reparaître en général là où personne ne les attendait.
La sexualité a besoin de sécurité ? Alors, halte aux mauvais traitements ! Il s'agit de faire comprendre à son conjoint quels sont les blocages de l'un et de l'autre, et quels sont les moyens de réaliser les envies du couple. Le dialogue est meilleur conseiller que le renoncement face à l'autoritarisme de certaines personnes.
L'émotion - si elle est souvent l'un des carburants de l'amour - peut devenir un bien encombrant compagnon de route lorsqu'elle se transforme en trac paralysant. Sachons reconnaître nos élans, nos humeurs, et deviner ceux des autres pour laisser s'épanouir notre sexualité en toute liberté...
Comment nait le désir ?
Difficile de dissocier les composantes physiologiques, qui nous donnent envie de faire l’amour, d'autres facteurs, par exemple psychosociaux. Cependant, on peut tenter d'expliquer anatomiquement l’appétit sexuel, qui est comparable à d'autres besoins, comme la faim ou la soif.
Chez l’homme
Plusieurs études ont tenté de mesurer l’impact des androgènes sur l'appétit sexuel. Des hommes, qui produisent peu d'hormones mâles et ont peu de désir sexuel, reçoivent une injection d'androgènes. Un désir sexuel "normal" peut alors apparaître. Il semble, en fait, que la présence de testostérone soit nécessaire pour qu'il y ait excitation, même si d'autres facteurs (vue, odeurs, fantasmes) viennent apporter leur grain de sel.
Chez la femme
Le rapport entre hormones et comportement est moins évidente. C'est paradoxalement l’hormone mâle, la testostérone (produite en faible quantité chez la femme), qui semble jouer un rôle déterminant. Des études montrent la corrélation entre le taux de testostérone dans le sang et "activité sexuelle". Ce taux sanguin atteint un pic dans le deuxième tiers du cycle menstruel, avec des effets sur la sexualité quelques jours plus tard.
Les hormones féminines interviennent aussi l'œstrogène serait responsable de la lubrification vaginale, tandis que la progestérone aurait un effet inhibiteur sur le désir sexuel, de sorte que sa diminution juste avant les règles expliquerait un certain regain de désir à cette. Mais en matière de sexe, il est toujours difficile de dissocier humeur et désir sexuel. Difficile, donc, de déterminer ce qui nous fait "chaud lapin" ou "bonnet de nuit", entre les facteurs biologiques et psycho-sociaux.
À lire aussi :