Sinusite chronique : comment vivre avec ?

C'est une maladie pénible (nez qui coule, maux de tête...) dont on se débarrasse difficilement. La sinusite est chronique quand l'inflammation des sinus dure au moins 3 mois. Elle touche surtout les adultes. Le plus important est de déterminer la cause. Chaque forme de sinusite nécessite un traitement approprié. On fait le point.

Femme malade âgé éternisant retenant la serviette soufflent le nez coulant a cause d une sinusite chronique
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Des formes différentes de sinusites chronique

Un sinus est une cavité creuse et alvéolée. Chaque sinus est protégé par un revêtement intérieur, la muqueuse respiratoire.

Cette muqueuse est la même, du bout du nez jusqu'aux bronchioles (ce qui explique l'éventuelle propagation d'une inflammation et/ou d'une infection du nez à l'ensemble des voies respiratoires).

Elle est pourvue de glandes à sécrétion et recouverte de cils vibratiles. Ceux-ci véhiculent en permanence le mucus vers les "ostia", orifices permettant la circulation de l'air et l'évacuation de ces sécrétions vers l'arrière-nez, puis l'œsophage.

Dans le nez, nous avons :

  • Sept sinus :
    • deux sinus maxillaires situés dans les joues,
    • deux sinus frontaux au-dessus des yeux ;
    • deux ethmoïdes, entre les yeux ;
    • un sphénoïde (parfois dédoublé) situé au centre géographique du crâne (sous la glande hypophyse).

Les sinus auraient un rôle phonatoire comme résonateur de la parole et serviraient de bouclier en cas de choc de la face.

  • Six cornets principaux en forme d'ailes d'avion, créant des zones de dépression qui augmentent la vitesse de vidange des sinus.

Qu'est-ce qu'une sinusite ?

En dehors de quelques cas, le point de départ est en général le nez (un rhume qui s'étend). L'inflammation de la muqueuse respiratoire provoque, au niveau des sinus, un œdème à l'origine de l'obstruction d'un ostium ou de plusieurs ostia.

Le drainage ne peut plus se faire, le sinus est comme une mare coupée de sa rivière. Les impuretés stagnent en vase clos et l'infection s'installe.

Rappelons toutefois que, même si les rhinites à répétition fragilisent les sinus, un rhume ne se transforme pas forcément en sinusite.

Pourquoi est-elle chronique ?

Si elle perdure ou récidive pendant plus de trois mois, la sinusite est dite chronique. Le patient présente souvent alors un ou plusieurs facteurs défavorables tels que :

  • Une faiblesse des défenses immunitaires, essentiellement des immunoglobulines véhiculées dans le sang par les globules blancs et sécrétées en permanence dans le nez.
  • Des orifices de drainage (ostia) de très petite dimension et/ou obstrués (polypes, cloison nasale déviée, allergie).
  • Une défaillance de la muqueuse ciliaire et du système d'épuration.
  • Une prédisposition familiale dans des conditions climatiques et environnementales néfastes (vie citadine, alternance chaud/froid, sec/humide, climatisation, pollution, tabac )

Symptômes : Nez bouché, nez qui coule. Le sinus est rempli de sécrétions et ne peut plus se vidanger. Le patient ressent une sorte de pesanteur (une sensation de trop-plein) quasi permanente. Quand la pression est trop importante, l'ostium finit par se laisser franchir, les sécrétions sortent en force et s'écoulent dans la gorge. Cette augmentation de la pression dans le sinus génère une douleur sourde.

Chez l'enfant, on rencontre peu de sinusites. A la naissance, seuls les sinus ethmoïdes et le sphénoïde existent. Tous les autres sinus vont se creuser avec l'âge : les frontaux entre 10 et 15 ans quand la tête grandit, les maxillaires à partir de 8 ans lorsque les bourgeons dentaires (des dents définitives) qui s'y trouvent seront descendus dans la cavité buccale.

Quand la sinusite est d'origine mécanique

Malformations du nez, déviation de la cloison nasale et/ou hypertrophie ou déformation d'un cornet peuvent favoriser une sinusite chronique en bloquant la zone de drainage des impuretés dans la fosse nasale. En ce cas précis, l'origine n'est ni inflammatoire ni infectieuse.

La sinusite chronique n'est pas une fatalité. Éviter les récidives permet le plus souvent d'en guérir. La prévention passe par un traitement du terrain, précoce et approprié.

Quand elle est allergique

Le mécanisme est le même que pour les autres sinusites, mais le point de départ est un œdème allergique de la muqueuse nasale.

Quand elle est dentaire

Maladie particulière, la sinusite est d'emblée chronique, toujours unilatérale et n'atteint que les sinus maxillaires. Les racines de certaines molaires faisant une hernie dans les sinus maxillaires, une infection au niveau de ces dents peut provoquer une inflammation, l'infection du sinus et un blocage de l'ostium.

Le nez fonctionne normalement, mais le patient ressent une douleur dans la joue et dans la dent atteinte.

Ce sont des polypes

Le polype est l'aboutissement ultime de l'œdème de la muqueuse. Il produit une masse en forme de sac bloquant le drainage sinusien et la respiration.

Cette maladie résulte en général d'un dérèglement du système vasomoteur du nez, rarement d'une allergie.

À lire aussi : Sinusite : comment la traiter ?

Sinusite chronique : Le diagnostic et les traitements

Une femme âgée prend des médicaments avec un verre d’eau contre la sinusite
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Il y a souvent, de la part des patients, confusion entre les symptômes et la maladie. La sinusite chronique est la localisation d'une pathologie qui dure depuis au moins trois mois.

Établir un diagnostic de sinusite chronique exige :

  • Un interrogatoire détaillé des troubles dont se plaint le malade. L'obstruction nasale (nez bouché) est-elle uni ou bilatérale ? La rhinorrhée (écoulement) purulente ou non, avec ou sans éternuements, plutôt le jour ou la nuit, en relation avec un changement de saison ? La gorge est-elle irritée, le patient tousse-t-il ? A- t-il des maux de tête frontaux ou sous-orbitaires, des troubles de l'odorat, du goût, de l'audition ?...
  • Un examen clinique de l'état des fosses nasales. Au spéculum pour le nez antérieur (jus- qu'à 3 cm), puis au fibroscope (après anesthésie locale) pour le nez postérieur, les cornets, la cloison, les orifices de drainage et le cavum.

Bon à savoir : Un scanner sans injection pour connaître l'état des sinus et déceler une éventuelle lésion suspecte.

Une thérapeutique adaptée

A chaque type de pathologie correspond un traitement spécifique.

Sinusite chronique suite à des sinusites aiguës récidivantes

Soins locaux associés à la prise d'anti-inflammatoires et d'antibiotiques. Dans les cas rebelles, des ponctions de sinus, voire une chirurgie de drainage peuvent se révéler nécessaires.

Les infections nasales et respiratoires répétées peuvent, dans certains cas, être évitées par la prescription d'immunomodulateurs (pour stimuler les défenses immunitaires). L'acupuncture, l'homéopathie et les cures thermales peuvent aussi donner d'excellents résultats.

Sinusite unilatérale dentaire

Il faut soigner la dent à l'origine de l'infection sinusienne et décongestionner localement le nez.

Après un traitement d'antibiotiques de 8 à 10 jours et d'anti-inflammatoires non stéroïdiens, une ponction du sinus pourra être faite pour le vider de son contenu. Pour prévenir cette maladie, un suivi et une hygiène dentaire de qualité sont essentiels.

Si l'infection provient d'un dépassement de pâte dentaire dans le sinus (à la suite d'un soin), une intervention chirurgicale s'impose.

Polypose nasale

S'agissant d'une atteinte pratiquement toujours bilatérale, le traitement local de décongestion nasale est indiqué des deux côtés (lavage de nez et pulvérisation de corticoïdes).

Par voie orale, une corticothérapie prudente est prescrite pendant 8 à 10 jours.

Si la maladie obéit à cette thérapeutique, les polypes régressent et disparaissent après deux mois. Dans le cas contraire, après une surveillance de 12 à 18 mois, il faudra opérer.

La chirurgie de la sinusite chronique

Le traitement chirurgical s'est complètement modifié grâce au scanner - qui permet de faire un bilan très précis des anomalies des sinus - et à l'apparition "d'optiques à vision latérale, de petite taille".

Ces petits tubes rigides de 3 à 5 mm, munis de fibres optiques et d'une caméra (transmettant les images sur un écran), permettent de pratiquer une endoscopie ou vidéo chirurgie. Cette opération, qui se fait le plus souvent sous anesthésie générale, présente de nombreux avantages. Elle n'exige pas d'incisions au niveau de la face ou de la cavité buccale pour avoir accès aux sinus (tout se passe à l'intérieur du nez).

Le geste est plus précis et ne laisse pas de séquelles postopératoires. La durée d'hospitalisation est plus courte (environ 48 heures). Elle permet enfin de faire des prélèvements très précis pour juguler l'infection par des traitements spécifiques (selon les germes, champignons ou bactéries rencontrés).

Les techniques opératoires

La méatotomie moyenne

Dans les cas de sinusites maxillaires chroniques d'origine dentaire ou de sinusites avec obstruction nasale rebelles aux traitements médicaux, c'est l'intervention la plus fréquente.

Elle consiste à ouvrir l'ostium pour entrer dans le sinus maxillaire, le nettoyer de ses impuretés et extraire polypes, bactéries, champignons... pour les analyser. Ces analyses histologiques permettent de confirmer le diagnostic, éliminer d'autres pathologies et orienter très précisément le traitement.

L'ethmoïdectomie endonasale

En cas de sinusite ethmoïdale isolée ou associée à une sinusite frontale, maxillaire ou sphénoïdale.

L'acte chirurgical consiste à ouvrir largement l'ethmoïde dans la fosse nasale en enlevant toutes les cloisons des cavités. L'objectif est de permettre un meilleur drainage, d'enlever d’éventuels polypes et d'obtenir une action plus efficace des traitements locaux.

Cette opération est délicate, car elle est au contact de la base du crâne, de l'orbite et du nerf optique. Elle permet aussi de déboucher le canal naso-frontal pour améliorer le drainage du sinus frontal.

La sphénoïdotomie

C'est l'ouverture par endoscopie du sphénoïde pour le vider de son contenu et rétablir un drainage efficace.

La sinusite sphénoïdale est assez rare, mais douloureuse et surtout dangereuse en raison de ses éventuelles complications neurologiques. Rappelons que si l'intervention permet d'éliminer les foyers infectieux enclos, elle n'évite pas pour autant les infections nasales ou sinusiennes futures.

Elle ne dispense donc pas le patient d'un suivi médical régulier ni des traitements médicaux prescrits par le spécialiste.

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2 réactions à Sinusite chronique : comment vivre avec ?

  • À 17 ans, au cours d’un match de rugby, j’ai eu le nez cassé. On m’opéra, mais ma cloison nasale resta déviée. Quelque temps après, j’étais gonflé du côté gauche, au niveau de l’œil avec une douleur lancinante et des maux de tête quasi permanents.
    J’ai souffert pendant plusieurs mois avant de consulter. Les radios effectuées montraient un épaississement de la muqueuse du sinus gauche. Le médecin diagnostiqua une sinusite chronique (sans rapport avec ma fracture du nez). Il me prescrivit des inhalations aux anti-inflammatoires pour dégager le nez et des antibiotiques. Ce traitement agissait en quatre à cinq jours, mais les crises revenaient, chaque fois jugulées par ce traitement. Au fil des années, elles se sont multipliées. Le moindre courant d’air, changement de température ou de temps me faisait rechuter. Mon nez coulait tout en étant bouché, mes maux de tête ne me quittaient plus, avec une douleur permanente au niveau de l’œil. Un enfer quotidien ! et, sur le plan professionnel, j’étais très handicapé (je supervise des chantiers en plein air). Il me fallait trouver rapidement une solution. Je suis donc allé voir un O.R.L. qui me fit un examen du nez et des sinus. Le scanner confirma la sinusite chronique. Mes sinus étant bouchés par des sécrétions, l’air ne circulait plus.
    Il me proposa une électrocoagulation des cornets du nez. Cette opération a consisté à racler et enlever une partie de ces cornets pour agrandir l’orifice d’écoulement. Il m’a ensuite mis des mèches pour atténuer les saignements et, quelques jours après, je pouvais à nouveau respirer par le nez. J’ai continué les antibiotiques pendant une semaine et les caillots de sang ont peu à peu disparu. Quel soulagement !
    Depuis cette opération, je revis. Je ne prends plus de précaution et pourtant je travaille toujours dans les courants d’air. Je sors sans crainte de chez moi et je ne souffre plus. Quatre jours d’hôpital sont venus à bout de onze ans de souffrance ! Un miracle que je dois à ce médecin qui ne s’est pas contenté de soigner la crise, mais le fond du problème.

  • J’ai évité l’opération. J’ai toujours été fragile du nez comme mon père. Jeune, j’avais souvent le nez bouché, des rhumes et des sinusites en hiver. A l’époque, les antibiotiques n’existant pas, on me prescrivait des fumigations. En vieillissant, toutes les voies respiratoires étaient touchées (nez, sinus, gorge, bronches) avec de violents maux de tête. Il y a six ans, j’ai même perdu le goût et l’odorat pendant plus d’un an. Les médecins affirmaient que l’on ne pouvait rien faire. Je continuais donc à subir ces épisodes douloureux, la tête dans le brouillard, ne pouvant respirer. Il y a une trentaine d’années, un O.R.L m’avait prescrit des cachets et des pulvérisations à base de soufre.
    La situation s’était améliorée, mais, avec l’âge, ces problèmes devenaient plus fréquents. Je vis, en vain, plusieurs spécialistes. A la suite d’un épisode qui résista aux antibiotiques pendant plus de neuf mois, on voulut m’opérer. J’étais très fatiguée, et cette opération m’inquiétait. Je décidai donc de consulter un autre O.R.L. Après m’avoir beaucoup écoutée, il m’examina, et je passai un scanner. Il refusa d’opérer et me donna des antibiotiques pendant huit jours, des anti-inflammatoires, et me fit faire pendant un mois des inhalations désinfectantes.
    Il me prescrivit aussi des médicaments pour renforcer mes défenses immunitaires. Peu à peu, je ne toussai plus. Un scanner de contrôle, six mois après, confirma que mes sinus étaient dégagés, parfaitement aérés et bien drainés. Depuis, je vis parfaitement bien. Je suis heureuse d’avoir pu, grâce à ce spécialiste, éviter une opération inutile !

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