En cas de doute, des tests simples permettent de faire un diagnostic grâce d’abord au médecin traitant puis à la consultation mémoire... pour démarrer rapidement le traitement si le test s’avère positif à Alzheimer.
Sommaire
Des chiffres en hausse
La maladie d'Alzheimer, qui correspond à une dégradation progressive du cerveau, touche en France environ 3 millions personnes âgées. Si cette affection reste, aujourd'hui, d'évolution irréversible, diagnostiquer l'Alzheimer à un stade précoce est vraiment intéressant.
Ce gain de temps permet, dans certains cas, de conserver une vie sociale et d'organiser l'avenir. Les troubles de la mémoire et de l'orientation sont les premiers symptômes à se manifester. C'est "la plainte mnésique". La personne oublie des étapes récentes de sa vie quotidienne, des choses qui passent inaperçues : elle se trompe dans ses papiers, se perd sur un trajet habituel...
Dans la majorité des cas, ces troubles sont bénins. Les deux tiers des plus de 65 ans se plaignent de problèmes de mémoire. Or, moins de 5 % d'entre eux vont développer une maladie d'Alzheimer, contre 15 % chez les plus de 85 ans.
>> À lire aussi : Des aides limitées pour les jeunes malades d’Alzheimer
Alzheimer : des examens précis pour savoir vite
Les médecins généralistes, souvent les premiers à entendre la plainte mnésique, sont de mieux en mieux formés à la reconnaitre, notamment ceux qui s'intéressent de près à la gériatrie. Pour le moment, les médecins ne disposent d'aucun examen biologique permettant de diagnostiquer l'Alzheimer.
Ils ne se basent que sur un bilan des troubles de la mémoire. Le médecin de famille connaît son patient et sait si la plainte est inhabituelle ou non. Les premiers symptômes de la maladie peuvent être trompeurs.
Une mémoire défaillante ne signifie pas forcément un Alzheimer car d'autres pathologies neurologiques, une fatigue, une hypothyroïdie ou de l'anxiété peuvent affecter la mémoire. On peut aussi confondre un début d'Alzheimer avec une dépression.
Attention : L'inverse peut également se produire : le syndrome dépressif masque les premiers troubles neurologiques et retarde le diagnostic de la maladie.
>> À lire aussi : Les 7 stades de la maladie d’Alzheimer
Le médecin traitant pour un premier test
Le médecin dispose d'un test rapide, le Mini Mental State (MMS), dont le résultat lui permet de dire s'il existe un risque d'Alzheimer ou pas.
Le MMS est conçu pour évaluer :
- l'orientation temporospatiale ;
- l'apprentissage ;
- la mémoire ;
- l'attention ;
- le raisonnement ;
- et le langage.
Quelques questions simples sont posées au patient : en quelle année sommes-nous, quel mois ? ... On demande à la personne de retenir trois mots et de les répéter quelques instants plus tard.
Viennent ensuite un dessin à recopier, du calcul mental, une phrase à écrire... Le test dure dix minutes au terme desquelles le patient se voit attribuer un score sur 30 points.
Il y a doute en dessous de 27 points. En dessous de 24 points, le patient a sûrement un problème médical, pas forcément une maladie d'Alzheimer.
II va falloir éliminer les fausses pistes avec un bilan plus précis : prise de sang, scanner ou IRM, et examen neurologique.
Un spécialiste va prendre le relais pour affiner le diagnostic. Certains généralistes dirigent leurs malades vers un neurologue, un gériatre ou l'un des centres de la mémoire installés dans les hôpitaux. De plus en plus, on fait appel aux neuropsychologues pour pratiquer un bilan psychométrique complet.
Comment se passe l'évaluation de la consultation mémoire ?
Le neuropsychologue, le gériatre ou le neurologue reçoit d'abord le patient accompagné d'un membre de sa famille. Elle lui pose des questions sur son passé pour vérifier sa mémoire dite "rétrograde" : date de mariage, date de naissance des enfants... Le parent qui accompagne le patient confirme ou non les réponses.
L'entretien dure plus de trente minutes. Il permet aussi au neuropsychologue de vérifier l'état psychologique de la personne : est-elle anxieuse, déprimée, traverse-t-elle une phase difficile dans sa vie privée ?
Ces facteurs retentissent sur le fonctionnement cognitif de chacun et permettent d'orienter le bilan.
Ensuite, le neuropsychologue se retrouve seul avec son patient et le soumet à une batterie de tests. Il est important que le membre de la famille sorte car, psychologiquement, c'est une étape très dure. Si les facultés du patient sont très altérées, je vais le mettre en échec. Ce serait humiliant de le faire face à sa famille.
Ces tests permettent de mesurer la mémoire ancienne, jusqu'aux connaissances acquises à l'école. Il s'agit de questions simples (qui était Victor Hugo ?...). Pour mesurer la capacité d'attention, on fait répéter des séries de chiffres de plus en plus longues. Un adulte peut se souvenir de 7 chiffres, plus ou moins 2 selon les personnes.
D'autres tests proposent une série de mots qu'il faut retenir, puis reconnaître et classer selon leur fonction. Ces épreuves durent plus de deux heures.
Avec une marge d'erreur d'environ 5 %, un neuropsychologue peut dire si le patient débute une maladie d'Alzheimer ou pas. Il le dirige ensuite vers son médecin traitant qui décide de la marche à suivre.
À lire aussi :