Les hommes ne subissent pas, comme les femmes, une interruption rapide de la production d'hormones sexuelles et de la fabrication des cellules reproductrices, les spermatozoïdes. Cependant, la sexualité masculine évolue en raison du vieillissement inéluctable des organes, auquel s'ajoutent des facteurs psychologiques et culturels.
Sommaire
Les facteurs culturels et sociaux
Dans nos pays occidentaux, l'impact de la religion sur la sexualité tend à s'émousser. D'une façon générale, la libéralisation des moeurs a permis de lever de nombreux tabous dans ce domaine. Cependant, d'autres facteurs liés au culte de l'apparence perturbent le jeu de la séduction.
Lire notre autre dossier : La sexualité des femmes après 50 ans
L'influence religieuse
Dans la culture judéo-chrétienne, la sexualité est intimement liée à la reproduction. Jusqu'à récemment, le fait de conserver une sexualité épanouie après l'âge de la fertilité s'apparentait presque au péché de luxure, sauf dans le cas où l'épouse, bien plus jeune, était encore en âge de faire des enfants.
Depuis une trentaine d'années, le poids de la religion a perdu de sa force, même dans le dogme catholique, qui admet désormais que la sexualité se poursuive activement au sein du couple mature. Seule reste ancrée dans nos inconscients l'éternelle équation âge mûr sagesse, qui constitue parfois un obstacle à l'imagination ou à l'aventure sexuelle.
En outre, à travers le monde, de nombreuses cultures ne permettent à l'homme de se marier que lorsqu'il peut payer une dot et prétendre avoir les moyens de nourrir épouse et enfants, c'est-à-dire souvent à un certain âge. Quand l'union a lieu avec une femme plus jeune, de 20 ou 30 ans, elle impose à l'époux de maintenir une activité sexuelle intense bien après 50 ans.
À lire aussi : Troubles de l’érection chez l’homme : causes et témoignages
Le monde économique repose de plus en plus sur le rendement et la performance, une conception qui met au chômage ou à la retraite plus d'un homme sur deux entre 50 et 60 ans malgré ses compétences et son expérience.
Cette pression sociale s'exerce de la même façon sur la sexualité. Dans la fantasmatique moderne, il faut être jeune, beau et en bonne santé ou très riche pour faire l'amour. Au cinéma et à la télévision, les rapports sexuels entre quinquagénaires sont plus suggérés que montrés, et très rarement avec une prétention érotique. Quant à la presse destinée aux seniors, elle évoque beaucoup plus souvent les pannes masculines et leurs remèdes que la sexualité normale.
À lire aussi : Trouble de l’érection : les différentes solutions
Le rôle des hormones chez les hommes de plus de 50 ans
L'ensemble des modifications observées chez l'homme après l'âge de 50 ans est couramment appelé andropause, en parallèle avec la ménopause. Mais ce terme est contesté par les médecins, qui lui préfèrent celui de déficit androgénique lié à l'âge (DALA).
La testostérone
Encore nommée androgène, la testostérone est sécrétée en grande partie par les testicules à partir de la puberté et en moindre proportion par les glandes surrénales. C'est l'hormone qui détermine les caractères sexuels masculins, physiques et psychiques (répartition des muscles, pilosité, mue de la voix, libido), d'où son nom du grec andros, homme. Elle est un moteur important de la libido chez l'homme comme chez la femme, dont les ovaires et les glandes surrénales la produisent en faible quantité.
La sécrétion de testostérone débute in utero et cesse pratiquement après la naissance pour reprendre à la puberté. Après un pic entre 20 et 30 ans, elle se stabilise pendant une dizaine d'années. Elle commence à décroître lentement à partir de 40 ans, puis plus rapidement entre 60 et 70 ans, avec d'importantes variations d'un individu à un autre. Selon de nombreuses statistiques, 7 % des hommes ont un déficit en testostérone totale entre 50 et 60 ans, une proportion qui atteint 22 % entre 60 et 80 ans. Si l'on se réfère à la seule testostérone active, près de la moitié des hommes de 50 ans seraient concernés.
Les effets du déficit
Une baisse du taux de testostérone a des effets divers :
- un manque d'entrain, une baisse du désir d'entreprendre, une fatigue anormale dans les activités professionnelles et sportives ;
- des défauts de concentration, une diminution de l'agressivité ;
- une tendance dépressive, avec des signes d'irritabilité, d'anxiété, et des troubles du sommeil ;
- une fonte musculaire accompagnée d'une prise de poids par augmentation de la graisse, surtout abdominale ;
- un endormissement après les repas des cheveux et des poils plus fins et plus fragiles
- une transpiration plus abondante, des bouffées de chaleur ;
- des testicules plus petits et plus mous, une érection plus lente, moins longue ou moins ferme, un temps de latence allongé entre deux rapports ;
- une éjaculation accélérée ou retardée, une production de sperme moins abondante et moins riche en spermatozoïdes, donc moins fertile.
Ces effets peuvent se renforcer mutuellement : les troubles e l'érection favorisent l'anxiété et réciproquement.
Le traitement hormonal
Il repose sur la prise de testostérone, en gel, en comprimés ou en injections, pendant une période d'au moins 6 mois. Il ne peut être indiqué que pour un déficit androgénique confirmé par le laboratoire, en présence de troubles de la libido ou de l'érection. Il nécessite d'éliminer les contre-indications telles qu'un cancer de la prostate ou un syndrome d'apnées du sommeil, et impose une surveillance régulière.
À lire aussi : Sexualité : à quelle fréquence faire l’amour à 50 ans
Les aspects psychologiques
L'évolution de la sexualité s'inscrit dans l'évolution de la vie. Mettre en avant sa virilité reste une attitude très marquée culturellement. Mais l'évolution des représentations masculines lui accorde moins d'importance au fil du temps. La tendresse et la complicité nées d'une longue intimité ont apaisé les doutes de l'homme sur sa compétence sexuelle. Les rapports sexuels, certes un peu moins fréquents, sont détachés de l'envie ou de la peur d'être à la hauteur. Ils peuvent ainsi se concentrer sur la satisfaction commune du désir.
Le risque de la monotonie et de la négligence. La vigilance reste néanmoins de mise afin de parer à deux écueils potentiels. Le premier est une monotonie des rapports liée à l'habitude, aux contraintes des douleurs, comme celles du mal de dos, ou à la diminution de l'appétence sexuelle de la partenaire.
La séduction
Après 50 ans, séduire est plus difficile : deux tiers des hommes veufs, célibataires ou divorcés interrogés au cours d'une enquête n'avaient pas eu de rapports amoureux au cours des 12 mois précédents. Cependant la solitude pèse plus que l'abstinence, et l'homme seul recherche plus volontiers une compagne qu'une maîtresse.
S'il se retrouve dans le milieu associatif, le senior est très convoité par une légion de femmes seules. Il se laisse parfois séduire, mais la quête d'une liaison solide prime sur l'aventure sans lendemain.
Le second est un relâchement progressif de l'apparence, de l'hygiène corporelle ou du comportement, comme si le fait de partager le même lit depuis 30 ans autorisait l'homme a ne plus se respecter ni séduire sa compagne.
Le désir de vérifier son pouvoir de séduction
L'amorce de l'andropause et l'usure du quotidien déclenchent chez certains quinquagénaires le besoin urgent de vérifier leur pouvoir de séduction auprès de femmes plus jeunes, attirées par la maturité et le statut social. D'autres succombent aux avances de leur entourage féminin. Cette crise, que l'on nomme le démon de midi, est plus fréquente quand l'homme place sa virilité sur un plan sexuel plus que psychologique.
La solitude
Le divorce, le veuvage, le célibat prolongé conduisent nombre de quinquagénaires à incriminer les aléas de la vie pour justifier leur déclin sexuel. Ils se contentent de relations passagères ou de l'autoérotisme. Mais qu'une novelle passion amoureuse surgisse et tout peut recommencer...
Les troubles de l'érection
Peu de quinquagénaires honnêtes peuvent prétendre n'avoir jamais eu de panne sexuelle. Cependant, les médecins parlent de troubles quand l'incapacité à obtenir une érection satisfaisante se répète au moins pendant 3 mois.
Les facteurs d'inhibition
Les facteurs susceptibles d'inhiber l'érection chez l'homme de 50 ans sont nombreux :
- le diabète mal équilibré et ses complications vasculaires ou neurologiques ;
- le surpoids et l'obésité, associés ou non au diabète ;
- les maladies qui durcissent les artères, dont ('hypertension et l'excès de cholestérol sanguin ;
- les maladies neurologiques affectant la moelle épinière, la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson ;
- l'insuffisance rénale, la cirrhose du foie (virale ou alcoolique), les cancers avancés et leurs traitements lourds, le ronflement et les apnées du sommeil ;
- de nombreux médicaments contre l'hypertension artérielle, les tranquillisants ou les antidépresseurs.
Mais la plus grande partie des troubles érectiles est d'origine psychologique stress, peur de l'échec, dépression, croyances inappropriées ou tabous sur la sexualité de l'homme mûr, mésentente conjugale.
L'hygiène de vie
Après avoir éliminé une maladie organique avec son médecin, la première règle est de retrouver une bonne hygiène de vie : cesser de fumer, diminuer sa consommation d'alcool, reprendre une activité physique modérée mais régulière, améliorer la qualité du sommeil, se relaxer et éviter toute situation stressante.
Les remèdes
II est ensuite possible, en prenant conseil auprès de son médecin ou d'un spécialiste, d'avoir recours aux :
- médicaments oraux : Viagra ®, Levitra ®, Cialis ®, Yohimbine ®,
- aux traitements locaux : mini-suppositoires, auto-injections intra-péniennes,
- aux dispositifs mécaniques externes ou internes : prothèse gonflable, anneau posé à la base de la verge.
Ces procédés médicaux redonnent un élan et rassurent les seniors sur leurs capacités sexuelles. Il est évident qu'ils ne fonctionnent vraiment que si le désir pour la partenaire est vif.
Les troubles de la libido
La baisse progressive et modérée du désir sexuel est habituelle et normale entre 45 et 60 ans, notamment à cause de la baisse physiologique du taux de testostérone. Elle peut être accentuée par de nombreuses raisons médico-sociales selon les aléas de la vie.
Les manifestations plus rares du désir
L'homme concerné n'a plus de désirs sexuels aussi fréquents ou impératifs, ne ressent plus de tension croissante lors d'une période d'abstinence. Une forme d'apathie sexuelle ou de désintérêt s'installe.
Elle n'est ni gênante ni mal vécue, car il ne s'agit pas d'impuissance : les érections matinales persistent et une partenaire déterminée parvient à ses fins sans difficulté. Cependant, si le couple se limite à un rituel sexuel rare et médiocre, la libido risque de s'effondrer.
Les facteurs non hormonaux
La solitude prolongée, l'alcoolisme, l'usage abusif de drogues et de nombreux médicaments atténuent le désir.
Comme chez les femmes, la lassitude ou la mésentente conjugales, la monotonie des rapports provoquent une indifférence sélective, alors que le désir serait présent avec une partenaire différente. Le mariage des enfants, la naissance de petits-enfants, la mort des parents font glisser le couple vers un statut mental et social moins érotisé. A chaque perte, l'équilibre vital et sexuel est déstabilisé.
Une anxiété face à la performance sexuelle conduit aussi à une inhibition du désir après une période d'échecs transitoires dans la relation physique. Elle peut être accentuée par un échec professionnel, le chômage ou la retraite anticipée, un état dépressif, un état de tension prolongé, qui créent un sentiment d'inutilité et constituent un stress castrateur.
Des solutions existent
Elles doivent être évaluées avec un médecin : un complément hormonal, une psychothérapie individuelle ou de couple, des stimulants, des antidépresseurs peuvent aider à surmonter une crise passagère.
La première étape est de reprendre soin de son corps et de revaloriser son image.
L'impact des maladies sur la sexualité
A tout âge, la maladie trouble ponctuellement la libido. Mais divers problèmes de santé, dont la fréquence augmente après 50 ans, peuvent avoir des conséquences plus ou moins durables sur la sexualité et perturber la vie de couple.
Les maladies cardiaques
Toute forme de sexualité a longtemps été interdite aux cardiaques, notamment après un infarctus. Le principe de précaution reste valable pendant les phases aiguës et non stabilisées d'une maladie cardiovasculaire, chez le malade porteur d'une angine de poitrine mal contrôlée par exemple. Il ne l'est plus en phase de stabilisation ou de cicatrisation.
Comme pour n'importe quelle autre activité physique, le retour à une sexualité normale est possible quelques mois après un infarctus, à condition de suivre correctement son traitement protecteur — permanent et systématique contre le risque de récidive.
La principale précaution concerne l'usage des médicaments oraux de l'érection, contre-indiqués chez le sujet atteint d'une insuffisance cardiaque et qui imposent une grande prudence en cas de maladie coronarienne.
Les maladies vasculaires
Les maladies vasculaires (artérite, accident vasculaire cérébral, hypertension sévère) et leurs causes (diabète, cholestérol) touchent en même temps toutes les artères du corps, dont les artères péniennes. Les troubles de l'érection qui leur sont liés s'améliorent avec l'équilibre de la glycémie ou la baisse prolongée de la cholestérolémie, et répondent bien aux médicaments de l'érection. Une bonne diététique alimentaire entretient donc l'activité génitale.
Les maladies de la prostate
L'hypertrophie de la prostate est une maladie bénigne mais pratiquement obligatoire chez l'homme âgé. Elle peut débuter avant 60 ans, avec des difficultés urinaires et des levers nocturnes. Seul le traitement chirurgical retentit sur la sexualité en supprimant l'éjaculation externe sans supprimer l'orgasme, un effet secondaire souvent mal vécu. La perte d'érection existe dans moins de 1 % des cas. Après l'intervention, la sexualité revient mais, pour s'habituer à cette éjaculation rétrograde, il faut des mois.
Le cancer de la prostate peut survenir dès l'âge de 50 ans. Son traitement retentit sur la sexualité : les anti-androgènes s'opposent aux effets de la testostérone, la chirurgie et à un moindre degré la radiothérapie suppriment l'éjaculation sans toutefois altérer l'érection. Le stress et un sentiment d'atteinte à la virilité, ajoutés aux effets du traitement/ perturbent la fonction sexuelle.
Les rhumatismes
Les douleurs rhumatismales, notamment le mal de dos ou l'arthrite de l'épaule, peuvent gêner la pratique de positions qui nécessitent un appui prolongé. Une communication tendre et sereine avec la conjointe permet d'adopter d'autres positions, plus respectueuses des capacités physiques de chacun. Ce peut être également le cas en cas de surpoids, surtout à tendance abdominale, mal supporté par la partenaire.
Les cancers
Ils n'affectent pas directement la fonction sexuelle. Mais la fatigue liée à la maladie ou à son traitement, le stress intense que l'annonce du diagnostic déclenche chez le malade comme chez sa conjointe, la priorité donnée provisoirement à la survie sont autant de facteurs qui peuvent modifier la sexualité. En dehors d'une phase terminale, le soutien de la partenaire et une aide psychologique peuvent aider à surmonter les défaillances.
Sur le même sujet : Ne laissez pas le cancer briser votre sexualité
Les lésions du pénis
Les douloureuses poussées d'herpès génital, possibles à tout âge, interdisent les rapports sans préservatif. Chez l'homme mûr, on rencontre, quoique assez rarement, des problèmes locaux dus à un phimosis, prépuce trop serré qui ne permet pas au gland de sortir de son fourreau.
Il faut également citer la maladie de La Peyronie, caractérisée par une courbure déformant le pénis en érection. En plus d'être douloureuse, la déformation gêne les rapports sexuels et peut empêcher toute intromission de la partenaire. Le traitement est chirurgical.
Sur le même sujet :