Troubles de la vision : types, causes, et traitements

En dehors des pathologies propres aux yeux, de nombreux troubles peuvent altérer la vision. Parmi les plus courants, figurent les difficultés d'accommodation, qui incluent la myopie, l'hypermétropie, la presbytie et l'astigmatisme ; le strabisme, l'amblyopie (œil paresseux) et les troubles de la vision des couleurs sont d'autres problèmes qui peuvent se poser.

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Ces troubles peuvent se rencontrer seuls ou en association, dans un seul ou dans les deux yeux, et à des degrés très divers. On peut en éviter certains et améliorer la majorité d'entre eux à l'aide de lunettes, de lentilles de contact ou bien en faisant appel à la chirurgie.

Quels sont les causes possibles ?

La plupart des troubles d'accommodation sont dus à une anomalie de forme d'une ou de plusieurs parties de l'œil, à des changements survenant avec l'âge — ou aux deux à la fois.

1. La myopie (difficulté à voir de loin)

La myopie est la conséquence d'une distance anormalement longue entre l'avant et l'arrière du globe oculaire, ou d'une courbure trop importante de la cornée (membrane transparente qui recouvre l'avant du globe). Les objets éloignés sont flous parce que la lumière venant de loin pénétrant le globe oculaire est réfractée (dirigée) vers un point en avant de la rétine plutôt qu'au-dessus, là où s'élabore la mise au point, alors que les objets proches, comme les mots sur une page, sont très nets car la lumière qu'ils renvoient est réfractée normalement.

La myopie se déclare généralement avant 20 ans ; on la retrouve souvent dans une même famille, ce qui suggère, au moins en partie, une origine génétique. Le risque de myopie est censé augmenter si l'on passe beaucoup de temps à lire ou à d'autres activités impliquant la vision de près.

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Dans un œil myope, la distance comprise entre l'avant et l'arrière du globe est trop longue et la cornée trop courbée, ce qui oblige les rayons lumineux à focaliser à l'avant de la rétine, au lieu de focaliser directement sur elle comme dans un œil normal.

2. L’Hypermétropie (difficulté à voir de près)

Au contraire de la myopie, l'hypermétropie résulte d'une trop faible distance entre l'avant et l'arrière du globe oculaire ou d'une courbure insuffisante de la cornée.

Les rayons lumineux issus des objets rapprochés focalisent sur un point en arrière de la rétine, ce qui rend la mise au point difficile.

L'hypermétropie peut se signaler par une difficulté à distinguer nettement des mots imprimés ou d'autres objets proches, mais ce n’est pas toujours le cas car elle peut être compensée par la contraction de certains muscles oculaires pour augmenter la courbure de la cornée. Cependant, ce travail supplémentaire des muscles entraîne d'autres symptômes, dont la fatigue oculaire, les maux de tête et les difficultés rencontrées à exécuter des travaux de précision.

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Comparés aux lunettes, les verres de contact apportent une meilleure correction et moins de distorsions visuelles. Mais ils requièrent un examen oculaire préalable plus approfondi et des visites de contrôle fréquentes chez l'ophtalmologue afin de vérifier leur bonne tolérance.

3. La Presbytie (vieillissement de l'œil)

Elle s'installe suite à un vieillissement normal du cristallin (organe lenticulaire transparent du globe oculaire). Les muscles de l'œil modifient la forme de cette lentille pour permettre l'accommodation, assurant une vision nette quand on passe d'une distance a une autre, par exemple en relevant la tête d'un livre pour regarder le mur du fond de la pièce. Vers 45 ans, le cristallin perd graduellement sa flexibilité, rendant floue la vision de près. Il devient difficile de lire à une distance normale.

4. L’Astigmatisme

Dans l'œil normal, la cornée a la forme d'une sphère régulière. L'astigmatisme provient d'irrégularités de sa courbure. C'est un phénomène si courant que presque tout le monde en est atteint à des degrés divers. Un léger astigmatisme entraîne une vision floue à certaines distances seulement, ainsi que des maux de tête et une fatigue oculaire — dont les manifestations sont des démangeaisons ou des brûlures, voire une fatigue générale. Un astigmatisme prononcé se caractérise par une vision le plus souvent imprécise ou déformée — les lignes, en particulier, apparaissent floues.

5. Le Strabisme (yeux qui louchent)

Dans ce trouble, l'un des yeux ou les deux sont tournés vers l'intérieur, en direction du nez (strabisme convergent), vers l'extérieur (strabisme divergent), ou encore vers le bas (strabisme vertical). Une déficience du contrôle des muscles oculaires constitue la principale cause de ce problème qui survient dans l'enfance, la plupart du temps avant l'âge de deux ans.

Non traité, il risque d'évoluer vers l'amblyopie, qui peut entraîner une déficience de vue permanente.

6. L’Amblyopie (œil paresseux)

L'amblyopie est due au développement anormal de la vision d'un œil pendant les premières années de vie. Il s'agit d'un problème de mise en place des connexions nerveuses reliant l'œil au cerveau en raison d'un mauvais alignement de l'œil, ou d'une mise au point moins bonne qu'avec l'autre œil. Le cerveau finit par ignorer l'image reçue par l'œil plus faible, ne prenant en compte que celle de l'autre. Il ne s'agit pas d'une pathologie oculaire et le port de lunettes ou de lentilles est sans effet.

Le strabisme en est la principale cause, mais un traumatisme ou une paupière tombante peuvent aussi le provoquer. L'amblyopie toxique est une forme rare de cette affection, dans laquelle le nerf optique est endommagé par suite d'une déficience en vitamines A et en complexe vitaminique B.

A savoir : A partir de 65 ans, consultez un ophtalmologue tous les deux ans afin de détecter une baisse de l'acuité visuelle et de diagnostiquer des pathologies plus fréquentes avec l'âge, comme le glaucome. Procédez à un examen annuel, quel que soit votre âge, en cas de diabète car il multiplie les risques de troubles oculaires.

7. Troubles de la vision des couleurs (dyschromatopsie)

Ces troubles prennent plusieurs formes, mais concernent surtout l'incapacité à distinguer certaines couleurs ou à les voir comme tout le monde. La cécité complète aux couleurs — vision en noir, blanc et différentes nuances de gris — existe, mais est extrêmement rare.

Le trouble le plus fréquent est le daltonisme, c'est-à-dire l'impossibilité de faire la distinction entre certaines couleurs, notamment entre des nuances de rouge et de vert. L'incapacité à différencier le bleu du jaune est moins courante.

Cette anomalie est due à une déficience des cônes, cellules spécialisées de la rétine responsables de la transmission des signaux de couleurs au cerveau. Le daltonisme affecte davantage les hommes que les femmes, car il est dû à un gène récessif situé sur le chromosome X.

Or, les hommes héritent d'une seule copie du chromosome X, tandis que les femmes en possèdent deux. Aussi, pour que le gène s'exprime sous forme de daltonisme, il faut aux femmes deux copies du gène, tandis qu'une seule suffit aux hommes.

D'autres types de troubles de la vision des couleurs, non liées au chromosome X, sont susceptibles d'affecter également les deux sexes.

De rares cas font état de ces troubles à la suite de certaines formes de lésions de l'œil.

Comment prévenir ces troubles ?

En se protégeant les yeux de blessures, on se garde des formes rares de daltonisme et d'amblyopie résultant de traumatismes. Un bon apport en vitamine A et en complexe vitaminique B contribue à prévenir l'amblyopie toxique.

Il ne semble pas exister de prévention contre la myopie, l'hypermétropie, l'astigmatisme ou la presbytie. Il est possible que certains compléments alimentaires, importants pour la santé des yeux — zinc, sélénium, vitamine A et autres anti-oxydants, riboflavine — améliorent l'acuité visuelle. Des recherches complémentaires sont en cours.

De quel manière les troubles de la vision sont-ils détectés ?

L'ophtalmologue (médecin spécialiste des yeux) ou l'orthoptiste (praticien non-médecin spécialiste des problèmes de vue) diagnostiquent les troubles en mesurant l'acuité visuelle et en examinant la structure des yeux. Certains problèmes, notamment ceux que l'on rencontre autour de la cinquantaine, se manifestent au travers de symptômes assez évidents pour être aisément reconnus. Mais d'autres sont plus subtils ou ne déclenchent aucun symptôme au début. C'est pourquoi un contrôle régulier est important, afin de détecter tout problème à temps et de suivre un traitement approprié.

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On pourra déceler certaines dyschromatopsies avec le test d'Ishihara - mosaïque de points dans les couleurs primaires.

Quelles solutions possibles contre les troubles visuels ?

Le port de verres correcteurs permet de remédier à de nombreux dysfonctionnements. Néanmoins, certains problèmes nécessitent une intervention chirurgicale ou des traitements spécifiques.

1. Les lunettes

La myopie, l'hypermétropie, la presbytie et l'astigmatisme se corrigent grâce à des verres fabriqués sur ordonnance, en plastique ou en verre. Les verres à prismes corrigent la vision double ou le strabisme.

Les presbytes qui ne présentent pas d'autre trouble visuel peuvent recourir sans ordonnance à des verres de lecture (verres loupes).

Il existe une grande variété de verres destinés à régler un ou plusieurs problèmes de vue à la fois. Les bifocales ou lunettes à double foyer (deux degrés de correction dans le même verre) corrigent à la fois la myopie et l'hypermétropie ou la presbytie. La partie supérieure du verre est conçue pour la vision éloignée, tandis que la zone inférieure sert à lire, Les trifocales se divisent en trois zones — le haut pour la vision à distance, le milieu pour les objets modérément éloignés (distance de 1 à 2 m) et le bas pour la lecture. Les verres progressifs assurent une vision nette en continu.

2. Lentilles ou verres de contact

Fabriqués en plastique fin et transparent, ils recouvrent la cornée et corrigent la myopie, l'hypermétropie et l'astigmatisme. On corrige parfois le daltonisme par le port d'une lentille colorée sur un œil. Mais certaines personnes ne s'habituent jamais à la sensation d'avoir un corps étranger dans l’œil et doivent donc renoncer aux lentilles.

Il existe deux types principaux de verres de contact : les rigides, perméables l'oxygène, et les souples. Les premiers sont plus efficaces, car ils sont formés sur mesure aux contours de la cornée.

C'est le seul recours en cas de fort astigmatisme. Les lentilles souples sont plus confortables ; certaines doivent être retirées tous les soirs, d'autres peuvent être gardées pendant la nuit et d'autres encore se jettent au bout d'un jour.

3. Les caches

Le port, pendant quelques semaines ou quelques mois, d'un cache sur l'œil le plus fort afin de l'empêcher de compenser la faiblesse de l'autre permet de corriger un oeil paresseux.

Le port du cache intervalles réguliers pendant plusieurs années peut être nécessaire pour stabiliser les progrès.

4. Les collyres

En plus du cache, les enfants dont un œil est paresseux peuvent se voir administrer du collyre dans leur bon œil pour en troubler la vision. L'œil faible est alors forcé de travailler davantage.

5. La chirurgie

Elle s'adresse aux personnes atteintes de strabisme, aux myopes et aux astigmates, et réduit ou parfois même supprime la nécessité de verres correcteurs. La technique du Lasik (Kératomileusis in situ) reforme la cornée pour améliorer la capacité d'accommodation. Son efficacité, reconnue dans la myopie légère à modérée, est plus variable dans la myopie sévère. Elle est déconseillée en cas de diabète, de maladies auto-immunes et d'inflammations des paupières.

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6. La rééducation de la vision

Cette série d'exercices individualisés a pour objectif d'améliorer les capacités et le fonctionnement visuels en cas de difficultés a accommoder, de strabisme, d'oeil paresseux ou d'autres anomalies de la vue.

Les exercices, qui utilisent des verres thérapeutiques, des prismes, des filtres, des caches, des cibles électroniques, des logiciels d'ordinateur, des planches d'équilibre et d'autres techniques, se pratiquent sous la direction d'un orthoptiste.

L'efficacité de la rééducation est assez controversée. Elle doit être considérée comme un traitement d'appoint et ne remplace pas les thérapies habituelles — verres correcteurs, caches et chirurgie.

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