Un salon de beauté à l’hôpital !

Certains services de l’hôpital ouvrent leurs portes aux esthéticiennes. Leur rôle : aider le malade à se sentir mieux dans sa peau.

main de senior ongle vernis
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À l’hôpital aussi, on prend soin de soi

Souvent, on fait rimer beauté avec futilité. Si c'est vrai, alors vive la futilité ! N'importe quelle femme vous dira qu'elle se sent mieux avec les cheveux propres, la peau nette, plutôt qu'avec la mèche grasse et le teint brouillé. C'est encore plus vrai pour celle qui, à l'hôpital, doit supporter des traitements parfois lourds et éprouvants.

La beauté déclarée "d'intérêt général"

Ce credo, c'est celui des Centres de Beauté de CEW (Cosmetic Executive Woman), une association qui propose des services-beauté, gratuits, pour les malades hospitalisés.

Le premier centre a été ouvert en 1992, à l'Institut Gustave Roussy à Villejuif. A cette époque, c'était une première et certains étaient réticents ! Mais les mentalités ont évolué : l'association a été déclarée "d'intérêt général" il y a quelques années, et le corps médical lui apporte tout son soutien.

La preuve : c'est l'Institut Marie Curie qui est allé voir CEW pour qu'une esthéticienne vienne "bichonner" ses malades. En tout, 6 centres existent à Paris et en région parisienne, et des projets sont en cours pour la province. Ces centres sont surtout implantés dans les services où les traitements sont difficiles et longs : cancérologie, traumatologie, gériatrie, obstétrique à problème. L'esthéticienne travaille avec l'équipe médicale.

Ce sont les infirmières qui lui demandent d'aller voir telle ou telle patiente. Sans dévoiler le secret médical, elles donnent des recommandations :

« C'est important car il y a des choses que l'on doit savoir : si une malade a soif, peut-on lui donner un verre d'eau ou est-ce formellement interdit ? C'est un exemple de la communication qui doit exister avec l'équipe médicale », raconte une esthéticienne.

La séance de soins se fait dans une salle spéciale de l'hopital ou en chambre quand le patient ne peut pas se déplacer.

Au programme : soins et relaxation

Traitement facial anti-âge à l hopital
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La personne hospitalisée est libre d'accepter, de refuser, et même d'arrêter le soin en cours si elle ne se sent pas à l'aise. Mais c'est rare car le malade qui vient voir l'esthéticienne devient vite un fidèle !

Pourquoi ? D'abord car c'est un moment de détente :

"On apporte un toucher différent, un autre rapport au corps. Les soins médicaux, parfois, sont désagréables. Là, on se réconcilie avec le corps qui fait mal." explique Dominique Laurent, la première esthéticienne à avoir travaillé dans un Centre de Beauté.

L'atmosphère aussi change musique classique, couleurs, huiles essentielles diffusées très légèrement (eucalyptus, thym, lavande et citron : un mélange tonique, calmant et frais).

Le patient parle davantage de ses états d'âme car il est en terrain neutre. L'esthéticienne écoute, en respectant le secret médical. L'une d'entre elles confie : "Quand j'arrive, je ne peux pas être énervée, je n'ai pas le droit. Il faut installer un vrai climat de détente, de relaxation.

Un après-midi à Raymond Poincaré

Dominique Laurent est à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches 3 jours par semaine. Le matin, elle va dans les chambres voir les malades qui ne peuvent pas se déplacer.

L'après-midi, elle transforme une salle en salon d'esthéticienne et y reçoit des patients, dont 70 % sont des hommes.

Le premier à venir cet après-midi, c'est Bertrand, la trentaine. Après un accident de moto, il est depuis 8 mois à l'hôpital et sort dans 3 jours. Il connaît bien Dominique : il vient en moyenne tous les 15 jours pour un soin du visage.

"C'est une vraie détente car les journées sont longues. Et les traitements ne sont pas très agréables ! Avec le kiné, on travaille beaucoup : j'ai souvent les épaules et les bras très tendus. Alors, après le soin du visage, les petits massages, c'est vraiment très bien".

La seconde, Jeanne, 50 ans, est déjà venue à trois reprises : deux fois pour une manucure, une fois pour un soin du visage. Elle repart chez elle pour le week-end et vient faire un soin hydratant et un maquillage. Ce qu'elle préfère, ce sont aussi les petits massages qui accompagnent le soin.

"Et le résultat, bien sûr ! Je n'ai pas la même tête en repartant !"

Ce qu'ils préfèrent : les soins hydratants

Les soins hydratants ont beaucoup de succès, chez les hommes et les femmes. Dominique confirme :

"J'en fais beaucoup car en milieu hospitalier, il fait chaud et, en plus, les gens sont stressés. Ça se ressent sur leur peau : elle est très sèche, avec des plaques rouges, des boutons, des dartres... ».

De plus, à Raymond Poincaré, des patients sont paralysés, parfois paraplégiques. D'où l'intérêt d'un soin du visage, comme toutes les sensations passent désormais par-là, il faut y donner le maximum de fraîcheur, de douceur, de détente... C'est ce que fait l'esthéticienne à l'hôpital.

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