Cancer des testicules : comment il se soigne ?

Bien que rare, c'est le cancer le plus fréquent chez les hommes de 20 à 35 ans. Il se soigne très bien, et les traitements n'altèrent pas la fonction sexuelle.

Homme médecin et patient atteint de cancer testiculaire discutent sur le rapport de test de cancer
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Cancer des testicules : on en guérit presque toujours

Laurent, 31 ans, a souffert d'un cancer du testicule. Il raconte :

« C'est arrivé en 2018. J'avais repéré une grosseur sur l'un de mes testicules. J'ai consulté mon généraliste, qui m'a fait faire une échographie et m'a adressé à un urologue qui a diagnostiqué un cancer. Je n'avais pas le choix : il fallait opérer, enlever ce testicule. La tumeur était au premier stade, et cela ne m'a pas particulièrement alarmé. En revanche, je me suis inquiété sur les risques futurs j'ai posé des questions, notamment sur ma virilité et ma fertilité ultérieures.

Ma femme et moi désirions un enfant et le médecin m'a rassuré sur ces deux points, poursuit Laurent. Toutefois, il ne m'a pas caché que j'étais atteint de la forme la plus rare du cancer du testicule (la forme non séminomateuse), qui risque d'engendrer des métastases, notamment dans le poumon.

Avant l'opération, on m'a donc fait un examen, un scanner des poumons et de l'abdomen, ainsi que des analyses de sang afin de déterminer les marqueurs tumoraux. L'opération s'est bien passée et, quel bonheur, ma femme a attendu un enfant peu de temps après. Bien évidemment, cette heureuse nouvelle m'a donné une force incroyable pour faire face à la maladie.

Quelques mois plus tard, on a détecté un nodule dans mon poumon gauche puis un autre dans le droit, et il a fallu me faire une chimiothérapie.

Aujourd'hui, je me sens totalement guéri même si je suis astreint à une surveillance régulière, précise le jeune homme. Notre bébé a quelques mois et, avant la chimiothérapie, j'avais pris certaines dispositions (congélation de sperme), pour peut-être avoir d'autres enfants. »

Les signes d'alerte du cancer des testicules

Aucune douleur ni aucun signe de fatigue n'attirent l'attention sur la maladie. Celle-ci se manifeste uniquement par l'apparition d'une anomalie sur un testicule. Alors que cette glande est habituellement lisse et souple, on ressent un relief ou une consistance anormale sous les doigts, ce qui doit amener à consulter son médecin.

Ce dernier effectuera une palpation du testicule et prescrira une échographie. Cet examen est fondamental, car il permet de visualiser la structure des tissus et la réalité d'une anomalie.

La forme de cancer du testicule dont Laurent a été atteint présente la particularité d'entraîner la sécrétion d'hormones spécifiques dont le dosage dans le sang permet le diagnostic. Le traitement de cette forme de tumeur est aujourd'hui efficace dans 90 % des cas.

L'autre forme de la maladie (le séminome) n'entraîne pas de sécrétion d'hormones et guérit dans près de 95 % des cas.

Cancer des testicules : quelles peuvent être les causes ?

Le cancer du testicule survient le plus souvent chez des hommes jeunes : après 35 ans, cette maladie est rare.

Les scientifiques n'en connaissent pas toutes les causes, mais les hommes ayant eu un retard de descente des testicules (cryptorchidie ou atrophie testiculaire) auraient un risque quinze fois plus élevé. Ce qui implique une surveillance attentive des deux testicules durant l'enfance, et peut-être une opération.

On sait aussi, aujourd'hui, que le risque est plus élevé dans certaines familles, et des recherches sur les facteurs héréditaires sont encore en cours.

Quant au risque lié à des produits toxiques, notamment aux éthers de glycol, dont on a beaucoup parlé, il n'a pas été démontré scientifiquement.

L'intervention chirurgicale...

Qu'un patient souffre de l'une ou de l'autre forme, la première phase du traitement consiste à pratiquer l'ablation du testicule atteint car le diagnostic comme la guérison dépendent de cette opération.

Une fois le testicule retiré, des examens sont effectués, dont un scanner, pour savoir si la tumeur est localisée ou disséminée dans d'autres organes. On sait alors de quelle forme de tumeur il s'agit, et il reste à définir le traitement le plus approprié.

... et ses suites

Le traitement de la forme la plus simple de la maladie (séminome) vise à éviter la récidive comme l'apparition de métastases. Soit on effectue une radiothérapie centrée sur une région précise de l'abdomen, grâce à une dose très faible de rayons. Soit est prescrite une chimiothérapie à dose unique avec un médicament appelé le carboplatine, un dérivé du platine qui a révolutionné le traitement de la maladie.

« Ces deux traitements apportent la guérison dans plus de 95% des cas, souligne le Pr Jeanne Blois, urologue. Le problème, pour les oncologues, est de prévoir lequel aura le moins d'effets indésirables à long terme. En effet, la chimiothérapie risque, par exemple, d'entraîner une maladie du sang dix à quinze ans plus tard. Cela nécessite de surveiller longtemps les patients traités. »

Le traitement d'une tumeur de la forme compliquée (non séminomateuse) nécessite trois ou quatre séries de chimiothérapie, faite de plusieurs médicaments à des doses importantes car cette tumeur entraîne fréquemment des métastases. Outre les nausées et les vomissements que ce traitement provoque, il peut aussi être à l'origine de maladies du sang. Actuellement, ce traitement est réservé à des patients à risque de récidive et de métastases.

Il existe enfin de rares cas où un patient souffre à la fois d'un séminome et d'une tumeur non séminomateuse. C'est alors le traitement de la forme la plus sévère qui prime.

L'atteinte des deux testicules est également rare. Toutefois, en cas de double ablation, l'insémination artificielle avec son propre sperme permet d'être père, tandis que la virilité peut être préservée par la prise de testostérone.

Enfin, pour préserver l'apparence et le toucher, le chirurgien peut placer dans les bourses des prothèses en silicone.

Quel est le meilleur dépistage pour le cancer des testicules ?

« Le dépistage précoce est le plus sûr garant d'un résultat thérapeutique de qualité, conclut le Pr Blois. La solution passant par un auto-examen régulier des bourses et de la forme des testicules. »

En cas de maladie avérée, l'expérience montre que le fait de savoir dès le départ que l'on a de très fortes chances de guérir permet d'aborder l'annonce de la maladie et le traitement avec confiance.

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