Médecine anti-âge : des avancée positives

Rester jeune longtemps ne relève plus de l'impossible. Une nouvelle médecine nous en donne les moyens : vitamines, oligoéléments, hormones... sont les ingrédients des programmes d'avant-garde que des spécialistes prescrivent déjà.

Illustration Anti Age
© istock

Gymnastique, sport, alimentation optimisée, prise quotidienne de gélules d'antioxydants et d'acides gras oméga 3, sans compter la DHEA, et le traitement hormonal de la ménopause... Maorse Wolinski, écrivain "proche de la soixantaine', s'impose un programme serré. « On n'a pas envie de vieillir comme nos parents ! » s'exclame le porte-parole d'une nouvelle génération de seniors.

Aujourd'hui, les quinquagénaires et leurs aînés ne renient pas leur âge, mais tiennent à rester en forme le plus longtemps possible. « Ce que les gens vivent mal, ce n'est pas de vieillir, mais que la "machine" ne fonctionne pas bien », souligne le Dr Alain Butnaru, un médecin esthétique dont la clientèle ne cherche plus seulement à combler ses rides, mais réclame aussi un bien-être physique.

Le cabinet du Dr Antoine Lorcy, qui se revendique ouvertement médecin "anti-âge", accueille une clientèle assez représentative de ce nouvel état d'esprit

« La demande classique, c'est le bilan de la cinquantaine, avec des gens apparemment en bonne forme qui veulent que les prochaines années se passent le mieux possible. Je reçois aussi des personnes fatiguées qui se plaignent de ne plus avoir le même potentiel qu'avant, ainsi que des hommes poussés par leur épouse inquiète », explique le Dr Lorcy.

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Des cliniques spécialisées

Une nouvelle spécialité médicale est en train de naître. Pour l'heure, elle est exercée par des professionnels aux profils variés (généralistes, gynécologues, endocrinologues, médecins esthétiques, dermatologues, etc.) dont l'objectif est de prévenir les effets du vieillissement.

Ce qu'ils préconisent ? Une bonne hygiène de vie, une nutrition adaptée, des apports en antioxydants, des traitements hormonaux substitutifs (œstrogènes et progestérone pour les femmes, testostérone pour les hommes), et même DHEA, mélatonine, hormone de croissance...

Ces médecins savent bien que leurs patients sont prêts à investir pour vieillir en bonne santé. Ils ont affaire à une clientèle en général aisée, et surtout bien informée sur les substances susceptibles de les aider, notamment celles qui sont en vogue aux États-Unis. II faut dire que les Américains ont une longueur d'avance sur nous. Depuis une quinzaine d'années, de véritables cliniques anti-âge proposent une prise en charge globale sur le plan physique et esthétique. En France, de tels établissements n'ont pas encore vu le jour. Mais on s'en approche.

En attendant, les seniors se concoctent des cocktails anti-âge avec les moyens du bord. 80 % des plus de 65 ans sont des consommateurs réguliers de compléments alimentaires. Pour les produits interdits ou sévèrement contrôlés en France, ils n'hésitent pas à acheter sur Internet, sans aucune garantie de qualité.

« Certains patients que je rencontre pour la première fois me disent qu'ils prennent quarante comprimés par jour ! », s'exclame le Dr Christophe de Jaeger, un gériatre qui bataille pour donner à la médecine anti-âge ses lettres de noblesse.

Signe des temps, les congrès se multiplient en France et à l'étranger. Les experts y échangent leurs connaissances sur le vieillissement. Fin février 2003, s'est tenue à Paris une conférence mondiale qui a connu un certain succès.

« 800 médecins étaient attendus, en fait 2 500 sont venus », se réjouit le Dr Lorcy, président de l'Académie européenne de médecine anti-âge. Et la toute nouvelle Société française de médecine et de physiologie du vieillissement (SFMPV) a lancé la première "Journée de la longévité", le 21 juin dernier.

Pour le Dr de Jaeger, c'est un véritable tournant : « Nous voulons sortir la médecine anti-âge du flou. Nous voulons montrer qu 'elle procède d’un raisonnement différent de la médecine classique puisqu'on s'occupe d'individus en bonne santé. En même temps, nous ne nous situons pas dans le cadre du simple complément alimentaire ou de la recette. »

Les partisans de l'anti-âge ne promettent pas de faire des miracles, mais proposent de compenser les déficits physiologiques (en vitamines, en hormones...) liés au vieillissement, sans agresser l'organisme. « Cette médecine ne peut être qu'hyper-individualisée. Dire à tout le monde qu'il faut prendre 50 mg de DHEA par jour à partir de la cinquantaine, c'est une erreur. Tout dépend de la personne », explique le Dr de Jaeger.

Anti-âge : Attention au dopage

Tant qu'il s'agit de recommander une alimentation adaptée et de prôner les vertus de l'activité physique, personne n'y trouve à redire. Mais dès qu'on aborde l'hormonothérapie, on touche aux limites actuelles de la médecine anti-âge.

Les études scientifiques montrent des résultats intéressants, mais parfois mitigés, qui incitent à la prudence (voir article « les armes anti âge »). Faut-il systématiquement compenser la chute des taux de DHEA ou d'hormone de croissance liée au vieillissement naturel ? « La question reste ouverte. Pour les prescriptions, c'est beaucoup trop tôt », a déclaré, lors de la Journée de la longévité, le Dr Agathe Renaud-Simon, spécialiste de nutrition gériatrique.

Pourtant, bon nombre des auditeurs présents dans la salle ce jour-là étaient convaincus de l'intérêt de ces hormones. Ces médecins reconnaissent que les études scientifiques ne sont pas assez nombreuses, mais la satisfaction de leurs patients suffit à les convaincre.

« L'important, c'est de ne pas doper les gens, comme c'est parfois le cas, pour obtenir un résultat à tout prix », précise le Dr de Jaeger. Une médecine en quête de reconnaissance

Malheureusement, le grand public dispose de peu de moyens, à part le bouche à oreille, pour distinguer le professionnel prudent de l’apprenti sorcier. « Il est possible de vérifier si un médecin a publié des articles scientifiques sur le vieillissement ou s'il a participé à des congrès internationaux. Mais il faut vraiment être immergé dans ce sujet », reconnaît le Dr Lorcy.

D'ici quelques années, on pourra sans doute se fier aux diplômes spécialisés. Mais, pour l'instant, aucun n'est reconnu en France. Le Collège des médecins esthétiques délivre un diplôme privé incluant quelques heures de formation sur l’hormonothérapie et la nutrition. Mais seuls 150 praticiens sur 450 le possèdent. De son côté, la Société française de médecine et de physiologie du vieillissement est en train de créer un diplôme universitaire qui devrait voir le jour en 2004.

« L'important, c'est de montrer que des gens travaillent, réfléchissent et analysent. Il est temps d’amener du sérieux, du rationnel, du médical dans cette pratique », remarque le Dr Dominique Rueff, l'un des piliers de la SFMPV.

Un problème de coût

Il est temps aussi de lui donner un cadre précis. En effet, certains médecins frôlent les limites de la législation, notamment en prescrivant de l'hormone de croissance. Ce type d'ordonnance n'a aucune valeur dans une pharmacie française car l'autorisation de mise sur le marché délivrée à ce produit n'a rien à voir avec le vieillissement. Il faudra donc se rendre dans une officine belge, suisse ou anglaise pour se fournir.

Selon les cas, le traitement (à s'injecter soi-même dans le ventre tous les jours ! ) peut coûter de 75 à 380 € par mois... Un programme réservé aux plus motivés et aux gens fortunés !

Pourtant, les partisans de l'anti-âge ne veulent pas être accusés de pratiquer une "médecine de riches". Pour eux, l'argent consacré à la prévention n'est jamais gaspillé et pourrait même générer à long terme des économies.

Intéressant, sachant qu'une bonne partie du "trou" de la Sécurité sociale est liée au vieillissement de la population. En 2050, ils seront près de 20 millions a dépasser les 65/70 ans.

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