Senior : prendre conscience de son corps pour le préserver

A la naissance, chacun hérite d'un corps, de ses faiblesses et de ses forces. Du premier au dernier jour, nous devons l'apprivoiser, l'amadouer, le stimuler, parfois le dompter. Son équilibre ou son déséquilibre, sa beauté ou sa laideur, ses performances ou ses défaillances facilitent ou contrarient notre adaptation au monde. Pour mieux le préserver et pour aborder chaque jour du bon pied, il faut prendre le temps de le connaître.

Active Senior Woman Doing Warming Stretching Exercises In Front Of Laptop
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Les modifications physiologiques du corps

Avec le temps, le corps évolue. Il faut adapter ses efforts à ses capacités et tenir compte des signes de faiblesse que dispensent les organes au fil du temps.

  • Passé 30 ans, une raideur articulaire se développe, les tissus perdent leur élasticité, la force physique, la masse et le tonus musculaires décroissent, l'habileté motrice s'amenuise, de même que l'endurance à l'effort physique et intellectuel. Ce vieillissement physiologique peut être aggravé par des pathologies dues à l'âge : diabète, hypertension, cholestérol, obésité, hypertension artérielle.
  • De 30 à 45 ans, l'endurance et la force musculaire se maintiennent. Mais la coordination et la vélocité maximale diminuent si l'on est sédentaire. En général, les personnes qui pratiquent un sport de façon régulière sont en forme et ne ressentent pas les effets de ce premier palier de vieillissement. Les sédentaires voient leurs aptitudes physiques diminuer.
  • De 45 à 65 ans, La force et le tonus musculaires sont les premiers à se dégrader de façon perceptible, les fonctions pulmonaire et cardiaque suivent. Le sportif, tout en perdant une partie de ses capacités, continue de maintenir le cap. Lorsqu'on travaille dans un bureau et qu'on se déplace presque uniquement en voiture, la pratique d'un sport ou d'une activité physique est indispensable.
  • Au-delà de 65 ans, les performances motrices s altèrent chez tous les individus, mais de façon plus marquée chez les sédentaires. Les sportifs peuvent continuer à pratiquer leur activité, en tenant compte de leurs défaillances physiques.

Le vieillissement physiologique, inéluctable, varie considérablement d'un individu à un autre. Les plus chanceux courent, marchent et roulent à bicyclette jusqu'à 90 ans, parfois jusqu'à leur mort. Les moins chanceux, ou les moins dynamiques, s'essoufflent dans les escaliers. Cerner ses limites, ne jamais se décourager, stimuler l'organisme constitue la base d'une vie agréable.

Être en harmonie avec son corps

Être bien dans son corps, c'est accepter de le faire sien, c'est l'aimer. Pour y parvenir, il faut avoir conscience de sa nature puisqu'il est tout à la fois quelque chose — que l'on peut toucher, observer dans un miroir, admirer ou détester — et quelqu'un — une conscience unique qui analyse, envisage, ressent.

Il faut prendre le temps de se connaître, de maîtriser ses forces et ses faiblesses. De ce rapport intime vont surgir notre résistance vitale, notre volonté d'entre- prendre, notre confiance.

La perfection n'est pas de ce monde ! Il faut cesser de croire qu'il existe des corps parfaits auxquels il faudrait s'assimiler. En naissant, nous héritons d'un capital très inégal, que nous devons entretenir, embellir, faire progresser. Dans cette perspective, la question n'est pas : « À qui pourrais-je bien ressembler pour pouvoir m'aimer ? » On ne ressemble jamais qu'à soi-même ! Il faut plutôt se demander : « Que puis-je faire pour que mon capital fructifie sur les plans physique et intellectuel ? »

Il n'existe pas de cause perdue. Tout être humain est doté de qualités et de défauts et, au terme d'un bon « audit » personnel, peut tirer parti des unes et des autres. Si la planète était peuplée de clones physiquement et intellectuellement parfaits, la séduction disparaîtrait de notre existence.

C'est la différence qui crée l'attirance et le désir. Se rendre désirable et être soi- même sont des facteurs indispensables à l'harmonie, qui permettent d'entrer en communion avec les autres, d'accepter leur regard et de les percevoir autrement. Être en accord avec son moi le plus profond est la condition requise pour être en accord avec le monde.

Le corps parle

Lorsqu'il fonctionne mal, le corps envoie une multitude de signaux. Instinctivement ou non, nous pouvons ainsi rectifier les mauvais traitements que nous lui infligeons. Les individus sensibles à leur musique interne repèrent très vite ces instants où l'harmonie est rompue et ils agissent immédiatement, souvent sans en avoir conscience, pour que tout rentre dans l'ordre. Ils sont exaspérants de bonne santé et de vitalité... mais peu nombreux. Pris dans le rythme infernal du travail et de la vie urbaine, nous oublions d'être attentifs.

Ce travail d'introspection, utile dans les premières années de la vie, s'avère capital lorsqu'on a passé la cinquantaine. Alors, prenez le temps de vous écouter et cherchez en vous le remède idéal. Le meilleur des médecins ne pourra vous aider que si vous lui donnez les bonnes clés pour le faire.

Écouter son corps

Bien souvent, nous ne nous intéressons à notre corps qu'à partir du moment où il manifeste un état de souffrance.

Les signes de souffrance les plus visibles sont la fatigue, les douleurs diffuses, l'essoufflement, l'incapacité à retrouver de l'énergie après avoir surmonté une difficulté physique ou intellectuelle, l'absence d'envie ou de désir. Lorsque ces symptômes apparaissent, le corps est déjà malmené et ne trouve plus en lui les forces nécessaires pour se régénérer. Il est temps de lui accorder du temps, de faire une révision complète, de remettre les compteurs à zéro.

L'homme a une dimension végétale, il a besoin de lumière et d'air pour se développer et fonctionner harmonieusement.

L'homme a une dimension animale, il doit faire travailler ses muscles et son cerveau pour conserver son autonomie et son autodétermination.

Pour rester en forme

  • Utiliser les escaliers plutôt que l'ascenseur.
  • Privilégier la marche dans toutes les situations de la vie courante.
  • Se déplacer à bicyclette lorsque c'est possible.
  • Bricoler, jardiner, promener son chien une bonne heure chaque jour.
  • Pratiquer une activité sportive régulière.

Réveiller son corps

Positive Senior Lady Warming Up Her Hands At Home
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La pratique d'un sport impose des contraintes au corps : il doit se soumettre à un rythme d'entraînement, effectuer des gestes qui peuvent lui sembler contre nature, mettre à l'épreuve ses systèmes cardio-vasculaire et pulmonaire, mobiliser ses os, ses muscles, ses tendons et ses articulations, faire travailler son cerveau. Un corps resté longtemps sans activité physique est rouillé, encombré de toxines, déshabitué de l'effort. Si on commence tard une activité sportive ou si on la reprend après des années de sédentarité, il convient de ne pas brusquer l'organisme.

Dans un premier temps, on peut se concentrer sur sa forme physique, monter les escaliers, marcher, se déplacer à bicyclette.

Quand on se sent plus alerte, faire quelques séances de natation ou s'imposer des étirements (tous les deux jours, puis tous les jours) aide à retrouver une énergie physique.

Lorsque le corps réclame davantage, il est temps de choisir une activité. Les premières séances de sport sont toujours douloureuses : le souffle est court, les jambes sont en coton, des sensations de vertige, des nausées ou un malaise pour les plus surmenés peuvent apparaître.

Il faut dépasser les premières sensations désagréables pour prendre du plaisir lorsqu'on pratique un sport. Dans cette optique, il est préférable de se ménager et de prévoir des seances courtes, des efforts modérés, des temps de repos. Des plages de récupération sont nécessaires si I on veut être plus performant la fois suivante.

« Si je veux, je peux » : se répéter inlassablement cette formule, comme les sportifs de haut niveau. Réussir à surmonter une épreuve, à tenir un objectif, est une des joies du sport. Mais, pour ne pas se démotiver, il faut se fixer des contrats réalisables, qui ne soient ni trop faciles pour ne pas stagner, ni trop difficiles pour ne pas s'épuiser.

Êtes-vous hypertonique ou hypotonique ?

Certains kinésithérapeutes ou médecins classent les individus en deux catégories :

  1. les hypertoniques, à faible laxité ligamentaire (raides) et forte tonicité neuro musculaire (tension importante des muscles au repos) ;
  2. et les hypotoniques, à forte laxité ligamentaire (souples) et faible tonicité neuromusculaire.

L'appartenance à l'une ou à l'autre de ces catégories permet de déterminer quel type de sportif on est.

L'exercice suivant permet d'en prendre conscience : assis sur le sol à angle droit, tendre les bras au-dessus de la tête puis toucher le bout des orteils avec les mains :

  • si l'on ne peut atteindre que le milieu du tibia, on est hypertonique ;
  • si l'on touche les chevilles, on est mixte (moitié hyper, moitié hypo) ;
  • si l'on peut prendre ses orteils à pleines mains, on est hypotonique.

L'hypertonique

Généralement vif et suractif, il éprouve le besoin de se dépenser intensément. Il vit à cent à l'heure, il mange vite, il est facilement stressé.

L'hypertonique est rarement obèse, mais il manque de souplesse. Certains étirements le font souffrir. Il est sujet aux froissements musculaires, aux élongations, aux déchirures plus ou moins graves, aux claquages musculaires et tendineux. Il doit privilégier les étirements des muscles statiques avant toute pratique sportive. Le stretching lui est recommandé en complément de toute autre activité. En vieillissant, nous devenons tous hypertoniques, à des degrés différents.

Règles de vie de l'hypertonique :

  • Au lever, faire des étirements et de la gymnastique de détente.
  • Pratiquer le stretching parallèlement à une activité sportive.
  • Manger à heures régulières.
  • Boire beaucoup.
  • Éviter l'abus d'excitants.
  • Prendre soin de la qualité de son sommeil.

L'hypotonique

Il est souple, voire très souple. Cela ne veut pas dire qu'il est mou ou apathique. Il n'extériorise pas son stress, il pratique la sieste, il élimine mal les toxines. Les hypotoniques sont plus répandus chez les femmes que chez les hommes. Elles sont alors plus sujettes aux rondeurs, à la cellulite, aux stases veineuses et lymphatiques, d'où découlent des problèmes circulatoires.

Contrairement aux apparences, l'hypotonique est, d'un point de vue sportif, plus solide que l'hypertonique. Comme le roseau, il plie mais ne rompt pas. Il est capable d'efforts violents sur de courtes durées. En raison de la faiblesse de son appareil ligamentaire et tendineux, il a les articulations fragiles.

Règles de vie de l'hypotonique :

  • Tonifier le corps par une gymnastique adaptée.
  • Pratiquer un sport qui entretient les muscles.
  • Boire beaucoup d'eau pour favoriser l'élimination des toxines (ne pas hésiter à recourir aux tisanes drainantes).
  • Manger équilibré, éviter les excès (pâtisseries, fromages, friandises, etc.).
  • Entretenir la sangle abdominale pour préserver le dos.

Ne pas confondre sport et performance

La pratique du sport est avant tout un plaisir et un art de vivre. Elle doit apporter équilibre et santé, être à la fois apaisante et tonifiante. Quel que soit son niveau, il faut toujours respecter son corps, lui demander un effort à sa mesure et ne jamais le brutaliser. Ne pas négliger son capital physiologique est la garantie d'une activité sportive réussie. Le premier objectif est de s'amuser, de partager un moment de convivialité, de se détendre. Il ne s'agit pas d'être le plus fort.

La compétition sportive, toutes disciplines confondues, demande des heures d'entraînement quotidien. Les articulations, les tendons et les muscles sont très sollicités. Il est donc déconseillé de s'y adonner après 40 ans, car le corps ne peut assumer sans dommages des efforts violents et des accélérations soudaines.

Les étirements : une pratique nécessaire

Les étirements permettent d'entretenir l'élasticité des muscles et des tendons.

Ils doivent être pratiqués régulièrement, sans provoquer de douleur et sans qu'il y ait recherche de performance. Les muscles deviennent alors plus souples, ils réagissent mieux aux efforts et supportent mieux une surcharge de travail.

Il faut maîtriser la technique et bien connaître son corps. Les premiers étirements d'un muscle doivent se situer très en deçà de toute douleur et la montée en tension doit se faire lentement. On distingue deux sortes d'étirements.

  • Les étirements passifs. Ils consistent à maintenir l'élongation du muscle sur une certaine durée, 10 secondes minimum. Pour un entretien quotidien de la souplesse musculaire, on pratique des étirements passifs.
  • Les étirements actifs. Ils sont réalisés soit en dynamique (dans le mouvement), soit en statique (en contractant et relâchant les muscles).
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