La ménopause est une étape marquée par de nombreux changements physiques, mais aussi psychologiques. En parler est un premier pas vers le mieux-être.
"Je suis sous traitement hormonal substitutif depuis quatre ans et je n'ai vu aucun changement autre que la prise du poids. Je ne sais plus quoi faire, je suis en train d'empoisonner ma vie" témoigne Paule, 51 ans.
Au moment de la ménopause, les femmes parlent de bouffées de chaleur, de sécheresse vaginale, de prise de poids, de sexualité en berne... Elles se posent aussi beaucoup de questions sur le traitement hormonal substitutif (THS). Mais, au-delà des interrogations habituelles, transparaît aussi l'inquiétude face aux changements d'humeur, un sentiment de déprime, d'anxiété.
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Une vraie crise d'identité
A l'évocation de ces symptômes, les médecins parlent de syndrome dépressif. Selon les sources, sa prévalence varie de 30 % à 85 % ! C'est parce qu'on a tendance à tout mélanger. Il s'agit de troubles de l'humeur et du caractère plutôt que d'une vraie dépression. Ce qui ne veut pas dire que la dépression n'existe pas, mais elle survient indépendamment de la ménopause. Soit parce qu'il y a déjà eu des épisodes dépressifs, soit en raison de la pré-existence d'un terrain émotionnel fragile.
Pourtant, il y a bien un sentiment d'insécurité, de vide, d'anxiété, voire une déprime latente. Aux bouleversements physiologiques s'ajoutent les facteurs socio-culturels : le départ des enfants, la retraite imminente, le mari au chômage, le divorce et la perspective d'un avenir à vivre seule, des conflits avec le conjoint ou les enfants... Des événements perturbants qui coïncident avec cette période.
La société elle-même n'est pas très tolérante vis-à-vis des femmes qui vieillissent. Pour être acceptable, il faut paraître 35 ans à 50 ans. Difficile, dans ces conditions, d'échapper à une crise d'identité.
L’entourage doit être attentif
Une des premières démarches est d'en parler. Avec votre médecin traitant, un psychiatre, psychologue, gynécologue... peu importe, du moment que vous trouvez une écoute attentive.
Pour ne pas ressasser ou contenir des frustrations, ni se sentir seule à vivre cette situation. C'est le cas de Corinne, 48 ans. Habituée à ne jamais se plaindre, elle a voulu gérer la crise toute seule. Mais, après deux ans de traitement sans effet, elle finit par se confier à un médecin.
« Il n'était pas psy, mais il a réussi à me faire parler et à me redonner confiance. J'ai aussi beaucoup travaillé sur moi-même. Cela a pris du temps : deux-trois ans mais j'en suis sortie. » l’entourage a une place importante dans ces moments là. La femme n'a pas envie d'entendre qu'elle est moche ou "ringarde". Elle a besoin, au contraire, que l'on flatte sa féminité.
Certaines voudront être maternées, d'autres qu'on les laisse tranquilles. Ce n'est qu'une étape, mais il faut un ou deux ans pour se retrouver. Tout ce qui peut aider à retrouver un certain équilibre entre le corps et l'esprit est aussi un plus ostéopathie, acupuncture, massage, chant ou théâtre... C'est une période pendant laquelle il est plus que jamais nécessaire de prendre soin de soi.
Et le traitement hormonal substitutif ?
Il ne faut pas négliger l'intérêt du traitement hormonal substitutif pendant cette période. A condition qu'il soit minidosé et d'origine naturelle un point sur lequel de nombreux médecins s'accordent aujourd'hui plus aisément.
Les effets du THS sur les troubles du sommeil sont confirmés par le rapport de I'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). En revanche, l'effet du traitement sur la dépression ne semble pas démontré.
Si le traitement est adapté, son effet peut être assez rapide, en quelques semaines. Certains médecins conseillent de l'associer à des plantes sédatives ou anxiolytiques.
Femmes ménopausées… au bord de la crise de nerf
Quels sont les facteurs psychologiques qui déclenchent ces syndromes dépressifs lors de la ménopause ?
L'arrêt des cycles impose un autre rapport au corps et au temps. Cette rupture est un choc. Elle déclenche une crise d'identité plus ou moins forte, en réaction à la perte des acquis reçus à la puberté. Physiquement, on n'éprouve plus son corps de la même manière. Il se transforme, on perd ses repères.
A quoi correspond cette crise d'identité ?
Au deuil d'une partie de soi qui réveille des deuils anciens, parfois non faits : les bébés que l'on n'a pas eus, voire que l'on a perdus. Cela renvoie à la perte du sein maternel, notre tout premier deuil. Ensuite, la puberté, la maternité et la ménopause sont d'autres étapes qui bousculent la féminité mais la font grandir. Affronter le tumulte évite de glisser dans la maladie et protège de la somatisation. Cela nécessite parfois d'être accompagnée par un psy.
Comment peut-on en sortir ?
Quand on a fini par accepter de renoncer à une partie de sa jeunesse et à un certain narcissisme. Celles qui y parviennent sont plus ouvertes aux autres et à leur sexualité. Dès lors, on entre dans ce qu’on appelle la "maturescence", la pleine maturité. On cesse de tout vouloir pour apprécier les bonheurs simples et relativiser les problèmes. La cinquantaine, c'est le bel âge ! A condition que l'on cesse de regarder derrière soi et que l'on profite de cette seconde moitié de vie.
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