Comment lutter contre les troubles alimentaires chez les seniors ?

Les troubles alimentaires sont un peu facilement attribués à l'âge. Mais ils signalent souvent une malnutrition. Tous nos conseils pour que nos seniors gardent l’appétit.

Vue d’épaule du dîner senior homme manger à la maison
© istock

Pour bien s'alimenter, il faut de l'envie, du plaisir, mais aussi un contexte favorable à la convivialité des repas. Or, les personnes âgées perdent, pour différentes raisons, ce "rapport" à la nourriture. Toutes nos explications.

Pourquoi c'est un problème fréquent chez les seniors ?

  1. Les causes organiques entravent l'alimentation. Il s'agit des difficultés liées à la mastication (appareil dentaire mal adapté, édentation), des désordres digestifs, des troubles du transit ou de la continence.

Tous ces "tracas" ne surviennent pas en même temps, ils sont fonction du vieillissement propre à chaque organe et des habitudes de vie qui les polluent (le tabac pour les papilles, l'alcool pour le foie et l'estomac...). De fait, ils entraînent une modification de la façon de manger.

Cela peut conduire à réduire spontanément la consommation de certains aliments : la viande, qui peut poser des soucis de mastication ; les crudités, boudées parfois parce qu'elles provoquent des désordres de la digestion ; les boissons, pour éviter les problèmes d'incontinence.

« II faut consulter son médecin pour parler de ses troubles, car des solutions existent, précise le Dr Julie Giuliani, gériatre et nutritionniste. Par exemple, la perte du goût et de l'odorat, entraînant un désintérêt parfois total pour la nourriture, peut être contrée par une supplémentation en zinc, qui redonne de la fonctionnalité aux papilles gustatives. »

Que faire ? Effectuer les soins dentaires nécessaires. Penser aussi aux purées de légumes, aux viandes et aux poissons hachés (bœuf, veau, volaille, thon, saumon) qui nécessitent moins d'effort de mastication et qui sont riches en éléments nutritifs fondamentaux.

  1. Parmi les causes psychologiques, la solitude est celle qui altère le désir en général, éteint l'appétit et pousse à délaisser la préparation de vrais repas. On n'a plus envie de rien.

Attention aussi : Certains seniors soumettent leurs conjoints à des régimes abusifs, sans préconisation médicale.

Que faire ? Consulter un médecin nutritionniste. Prendre contact avec un coordonnateur en gérontologie (municipalités, conseils généraux) pour rompre l'isolement.

Les excès de médicaments sont néfastes pour l'organisme et peuvent dérégler de nombreux mécanismes. Comme ils favorisent la déshydratation, les laxatifs, les diurétiques et les psycho- tropes entraînent donc facilement une sur-concentration des principes actifs médicamenteux dans le sang. Avec des conséquences souvent dramatiques sur la vigilance, le comportement et l'appétit.

Que faire ? Déterminer avec le médecin traitant les médicaments susceptibles d'être supprimés.

  1. La cause environnementale qui agit directement sur l'alimentation est le manque de budget. C'est ainsi que le repas du soir se résume souvent à un café au lait et des tartines. Cette habitude est très carentielle car ce repas est trop gras et déséquilibré.

Que faire ? Penser aux protéines peu onéreuses : les œufs, le tofu, les sardines et maquereaux (frais ou en boîte), et aux associations semoule + pois chiche, lentille + riz, maïs + quinoa.

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Quels sont les risques d'une mauvaise alimentation chez le senior ?

Ils sont souvent sous-estimés. En effet, les carences peuvent passer inaperçues au début. Mais comme le décrit le Dr Monique Ferry dans sa spirale de la dénutrition (voir schéma ci-dessous), les infections arrivent vite, signant une baisse des défenses immunitaires. Puis apparaissent des troubles psychiques qui peuvent conduire à un état grabataire.

Spirale Denutrition Senior

La prévention prend ici tout son sens : avec de simples conseils nutritionnels, on peut éviter nombre de fractures du col du fémur, de pathologies infectieuses, de troubles neuro-psychiatriques, voire de morts prématurées.

Les signes d'alerte : une perte de poids (même d'un ou deux kilos), un manque d'appétit, un changement de comportement (tristesse, apathie), des déplacements moins aisés... tous ces signes doivent faire rechercher une cause nutritionnelle.

De façon tout aussi systématique, lorsque la sécheresse cutanée est plus marquée, la langue sèche, il faut s'assurer que la consommation d'eau est suffisante.

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Les bases d'une bonne nutrition pour le senior

Comme pour l'ensemble de la population, une alimentation "santé" doit privilégier les sucres lents (céréales non raffinées, légumes secs), les bonnes graisses des huiles végétales (colza, noix, olive) et des poissons gras (saumon, sardine, maquereau). Cinq fruits et légumes sont nécessaires par jour : cuits ou crus, ils doivent être présents à tous les repas.

En revanche, il faut diminuer les sucres rapides (comme les sucreries, les aliments industriels contenant du sirop de glucose), les graisses saturées (laitages gras, viandes grasses).

De façon plus spécifique, les apports en eau et en protéines sont à contrôler avec une vigilance accrue chez les seniors. La déshydratation est un problème récurrent et une préoccupation constante.

L'eau est en effet stockée à 90 % dans les muscles. Comme ceux-ci diminuent souvent avec l'âge, les seniors ont moins de "réserves" en eau. Il leur faut donc boire régulièrement (un verre toutes les heures) du thé, des tisanes... pour atteindre un litre et demi d'eau par jour.

Ces quantités doivent être augmentées en cas de vague de chaleur, lors d'un brusque assèchement de l'air (remise en route du chauffage), si l'on souffre d'une maladie avec de la fièvre, des diarrhées, des troubles digestifs, urinaires jusqu'à trois litres d'eau par jour, en fonction des recommandations du médecin.

Les protéines jouent un rôle primordial chez les seniors, pour leur éviter une fonte musculaire, un déficit immunitaire, certains troubles cutanés et neuro-psychiatriques.

Or, en France, 10 % des seniors de plus de 75 ans présentent une carence en protéines. Les repas du midi et du soir doivent impérativement en comporter environ 120-150 g à chaque fois.

Toutefois, il ne s'agit pas de manger de la viande à tous les repas ! « Il faut préférer les poissons, la volaille, les œufs (jusqu'à quatre par semaine) et alterner, sur le repas du soir, avec des légumineuses comme les lentilles, les pois chiches », recommande le Dr Giuliani, partisan d'un apport en protéines végétales à hauteur de 40 % de la ration totale.

Si le déséquilibre en protéine retentit sur l'état général, des compléments s'avèrent indispensables (environ 25 à 30 g/jour). « Je préconise, lorsqu'il n'existe pas de contre-indications, des préparations à base de protéines de soja. Avec, à la clef, une amélioration physique et intellectuelle, un meilleur appétit, une reprise de poids (chez les dénutris), indique le Dr Giuliani. Par ailleurs j'en conseille une consommation régulière sous contrôle médical dès 60 ans — 20 g par jour — en dehors de toute pathologie et à titre préventif. »

Faut-il prendre des vitamines et/ou des compléments alimentaires ?

Pour le Dr Giuliani, associée à une hygiène de vie saine, une supplémentation bien choisie permet à l'organisme de mieux se défendre. « Je recommande de prendre systématiquement des vitamines et oligoéléments antioxydants (vitamines A, C, E ; sélénium ; zinc), des acides gras (gélules d'oméga 3 et 6), du calcium et du magnésium de manière séquentielle, du zinc, ainsi que des cures de probiotiques (gélules) deux fois par an. »

Les mesures de prévention

  • Dès 50/60 ans, consultez le spécialiste des seniors ; le médecin gérontologue, ou gériatre. Il effectuera un bilan de santé complet, pour déceler d'éventuelles carences.
  • Consultez un nutritionniste ou un diététicien, pour mettre en place de nouvelles habitudes diététiques.
  • Conservez une activité physique régulière : elle permet de préserver ses muscles et son autonomie, le maintien de l'appétit et de l'équilibre psychique.
  • Évitez de "polluer" l'organisme avec trop de médicaments : « On ne devrait pas dépasser cinq médicaments par jour ; peut-être que trois suffisent », estime le Pr Henri Joyeux, cancérologue.

Les plantes utiles dans l’alimentation des seniors

Employées en prévention, elles luttent contre le vieillissement général, sans effet nocif pour l'organisme.

  • Ginkgo biloba : il a des propriétés antioxydantes. Améliore toutes les circulations (y compris cérébrale).
  • Chrysantellum americanum : c'est une plante drainante incontournable (également antioxydante). Elle agit contre le cholestérol et les calculs, et améliore les vaisseaux.
  • Eleuthérocoque (ginseng sibérien) : favorise la stimulation psychique et physique. Utile contre l'apathie ou la fatigue, elle est aussi antioxydante.

A savoir : Le métabolisme des seniors étant un peu plus lent, il est conseillé de diminuer les posologies indiquées (que ce soit avec les gélules ou les teintures-mères).

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